Natif de région parisienne, Paul Meilhat occupe la 3e place du Vendée Globe pour sa première participation à l’épreuve.
Paul Meilhat n’avait jamais passé plus de quatorze jours d’affilée en mer. Ça, c’était avant qu’il ne se décide à partir à la conquête du grand large. Le coup d’essai s’est transformé en coup de maître. Car le bizuth de 34 ans, qui a grandi en région parisienne et qui était encore sur un lit d’hôpital il y a un an après un accident en mer qui lui a brisé les côtes, occupe la 3e place du Vendée Globe, loin derrière Armel Le Cléac’h (« Banque-Populaire ») et Alex Thomson (« Hugo-Boss »).
Il en bave, souligne que la solitude commence à lui peser mais savoure. « La pire chose qui pourrait m’arriver, c’est de ne pas aller au bout, raconte-t-il. Statistiquement, un engagé sur deux abandonne. Le mât qui casse, se prendre un objet flottant, c’est tout ce qu’on ne veut pas… Ce serait une déception terrible, mais rassurez-vous, je ferai partie des 50 % qui seront à l’arrivée ! » Paul Meilhat éclate de rire. Un rire aussi contagieux que sur cette vidéo tournée il y a plus de vingt ans. Il a alors 12 ans, participe à un stage de voile avec le comité du Val-de-Marne. « Je suis dans le pot au noir, il n’y a pas de vent, c’est vraiment la galère », explique-t-il face caméra sur son petit Optimist. « On nous avait demandé de réaliser un petit film racontant les aventures d’un enfant qui rêve du Vendée Globe, se souvient le skippeur. On retournait notre Optimist, on partait sauver quelqu’un. »
« Ils étaient vingt, c’est lui qui avait été choisi pour faire le gamin qui rêve », raconte Erwan Le Lay, son entraîneur de l’époque.
Une rencontre décisive avec Michel Desjoyeaux
Né à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), Paul Meilhat n’aurait jamais dû se retrouver dans les mers du Sud. « Mes parents n’étaient pas du milieu mais avaient acheté un bateau de 7 m. C’était à la fin des années 1970, les années Tabarly où la plaisance était populaire. Mon enfance a été bercée par ces week-ends où on filait aux Glénans après l’école. » Lui a appris la voile à Créteil. « Il devait traverser Paris pour venir s’entraîner mais était toujours en avance, poursuit Erwan Le Lay. C’était déjà un perfectionniste, un bosseur. »
La voile olympique l’adopte, mais Paul, tout en poursuivant des études de Staps à l’Insep, rêve de grand large. « Il y a deux mondes dans la voile, celle de la régate et celle qui va loin », rappelle-t-il. Il finit par franchir le pas. Une traversée de la Manche avec un copain, puis la Solitaire du Figaro. « Le jour où j’ai essayé, je me suis dit c’est ça que je veux faire ! Cette sensation de liberté était complètement dingue ! »
On est en 2009. Meilhat le bizuth y croise Desjoyeaux, vainqueur quelques semaines plus tôt du Vendée Globe. Une rencontre coup de coeur. Car lorsqu’en 2014 le groupe d’assurances SMA fait part à Michel Desjoyeaux de son envie de se lancer dans la course au large pour développer sa notoriété, le célèbre skippeur coche le nom de Paul Meilhat. Le début d’une extraordinaire aventure. Sponsorisé par SMA, soutenu techniquement par Mer agitée, l’écurie de course au large de Desjoyeaux, Meilhat navigue désormais sur le bateau de François Gabart, dernier vainqueur de l’épreuve. Un signe du destin ?
Le Parisien
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