Créteil, ce jeudi. Depuis les années 2000, les faucons crécerelles ont fait de la cité préfecture leur territoire. (photo © 2018 MN Collectif du lac de Créteil)
Ce jeudi, dans le parc de Créteil, un nichoir a été posé sur un pylône de près de 30 m du réseau RTE pour les faucons crécerelles. L’objectif : favoriser leur reproduction.
Certains ont pu voir leur silhouette planer au-dessus des toits cristoliens. Et les photographier. Depuis les années 2000, les faucons crécerelles ont fait de la ville-préfecture leur territoire. Pas plus gros qu’un pigeon, ces petits rapaces de couleur crème, tachetés et rayés, ont l’habitude de survoler le lac de Créteil. Vous pouvez facilement les reconnaître par leur vol stationnaire, appelé vol en « Saint-Esprit ».
A près de 30 m de hauteur, sur le pylône du réseau de transport d’électricité (RTE) dans le parc de Créteil, un nichoir vient d’être installé ce jeudi matin pour accueillir ces discrets habitants. Un point culminant du bord du lac. Un pari pour la ligue de protection des oiseaux (LPO) qui espère favoriser la nidification.
« Ils sont de plus en plus rares »
Ce jeudi, sous le regard d’une dizaine de curieux, une femelle faucon survole justement les environs à la recherche d’une proie. « Ce nid est utile pour la reproduction. Il peut recevoir un couple de rapaces », souligne Emmanuel Du Chérimont, coordinateur du groupe faucons de la LPO Ile-de-France. Et ils ont besoin d’aide. « Depuis une quinzaine d’années, ils sont de plus en plus rares du fait des difficultés de ressources, de nourriture et d’habitat », précise-t-il. Impossible pour autant pour l’association de quantifier le nombre de faucons crécerelles en ville.
Créteil, ce jeudi. Le nichoir est situé au centre d’un terrain de chasse apprécié des faucons.(photo © 2018 MN Collectif du lac de Créteil)
Dans le parc de Créteil, quelques-uns viennent se réfugier et s’installent parfois, récupérant des nids déjà existants. « C’est surtout au mois de février durant la période nuptiale que ces faucons sont les plus visibles », relève Michel Noël, membre du collectif du lac de Créteil. Ils s’adaptent très bien à la ville à partir du moment où il y a des cavités. Ce sont évidemment les points hauts imposants que ces oiseaux de proie fréquentent : les tours, les édifices religieux, les pylônes électriques.
« On espère qu’il y aura des petits »
« Les lignes à haute tension sont des réservoirs de préservation de l’environnement. Pour ces rapaces, elles s’apparentent à de grandes falaises », indique Emmanuel Du Chérimont. Ce nichoir est avant tout situé au centre d’un terrain de chasse avec de la nourriture, mulots et campagnols en premier lieu.
RTE avait été contacté il y a un an et demi par le collectif du lac de Créteil pour signaler la présence d’un couple de faucons dans le secteur. « Au-delà du service d’électricité, RTE répond à une logique de protection de l’environnement », affirme Nathalie Lemaître, directrice de la mission Grand Paris chez RTE. Le groupe prévoit d’ailleurs d’observer le nid, à l’occasion de ses contrôles des lignes électriques, une fois par an. « Le projet abouti, on espère qu’il y aura des petits », sourit-elle.
LE VAL-DE-MARNE, NOUVEAU REPAIRE DES FAUCONS
Les différentes espèces de rapaces ont l’air de se plaire dans le département. Pas moins de trois nichoirs ont été installés ces huit dernières années. Nichant parfois à plus de cent mètres de haut, les faucons affectionnent particulièrement Champigny, Ivry, Vitry et désormais Créteil. C’est près des sites industriels élevés que l’on peut les apercevoir. Depuis quelques années, un couple de faucons pèlerins tourne autour de l’usine d’incinération d’Ivry et de la centrale EDF de Vitry.
En février 2011, dans le quartier des Ardoines à Vitry, un nichoir a été installé à 100 m de hauteur sur une cheminée — hors service depuis 1995 — de la centrale thermique pour accueillir ces rapaces célèbres pour leurs piqués à plus de 400 km/h et leurs cris perçants et secs. Le pèlerin chasse uniquement des oiseaux plus petits que lui comme les étourneaux, les mouettes, ou les pigeons, signale-t-on à la LPO.
A Ivry, c’est sur les chaufferies de la ville situées à 110 m du sol, qu’ils ont trouvé refuge. « Les faucons pèlerins aiment les grandes hauteurs », confirme Emmanuel Du Chérimont.
A Champigny, on les retrouve dans le quartier du Bois-L’Abbé. La Tour Rodin, un immeuble de 29 étages, s’est vue installer un nichoir en février 2015. A l’initiative de ce projet, le bailleur Paris Habitat qui voulait « protéger l’espèce ».
Dans ces villes, ils y trouvent des ressources alimentaires et, paradoxalement, une « certaine tranquillité », explique la LPO. Car le pèlerin a aussi la particularité « de ne pas construire de nid ». Pour assurer une surveillance régulière, la mission revient aux habitants. Des animations - moments d’observation, balades, ateliers sont notamment organisés pour inciter les Campinois à lever le nez.
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