Les éphémères dans le rouge ?
La récente publication de la Liste rouge des espèces menacées d’éphémères de France métropolitaine est particulièrement intéressante, ces insectes aquatiques étant de bons indicateurs de la qualité des milieux dans lesquels ils vivent.
De premiers résultats alarmants
Cette large enquête réalisée à partir de 23 000 données collectées sur l’ensemble du territoire (http://www.opie-benthos.fr/opie/insecte.php), révèle que 22 % des espèces d’éphémères sont classées dans une des trois catégories « menacées » au sens UICN :
- 5 sont en danger critique d’extinction (catégorie CR)
- 10 en danger (EN)
- 16 vulnérables (VU).
Ce sont principalement des espèces liées aux grands massifs montagneux de notre pays et le plus souvent inféodées aux sources d’altitude qui subissent des impacts d’actions anthropiques marquées : stations de sports d’hiver, pastoralisme ovin,… Le caractère endémique renforce cette fragilité si l’on prend en compte la responsabilité patrimoniale. C’est le cas en Corse, dans les Pyrénées, le Jura.
Les autres espèces menacées peuplent plus ou moins strictement les ruisseaux, souvent temporaires, issus de sources en milieu forestier ; ou encore les grandes rivières de régions de collines au point de rupture de la pente aux abords de la plaine, où l’implantation humaine est forte (industrie, artisanat, nouveaux lotissements, réseau routier…).
Ce résultat n’est pas sans rappeler les récentes conclusions d’une longue série de travaux s’étalant sur près de trente ans dans des dizaines de sites naturels protégés d’Allemagne et montrant la régression de plus de 75 % du nombre des insectes volants (Hallmann et al. 2017) [1].
Le Lac de Créteil et les éphémères
À ce jour aucune espèce d’éphémère n’a été trouvée dans du Lac de Créteil ou ses abords. Si ces insectes sont plutôt liés aux cours d’eau, souvent rapides, quelques espèces peuplent les milieux aquatiques stagnants : lacs, étangs, tourbières, marais et parfois même des flaques ou ornières pour l’une d’entre elles [2].
Quatre espèces sont potentiellement possibles. Si leur absence ne permet pas de conclure hâtivement à la dégradation des eaux ou de la zone humide dans son ensemble que représente le Lac de Créteil, elle pourrait néanmoins orienter des recherches pour détecter la présence de larves ou d’adultes d’éphémères et s’interroger à terme sur la qualité de cette masse d’eau si cette absence perdure.
Reconnaître un adulte d’éphémère
Avant tout ce sont des insectes, donc avec un corps en trois parties : une tête, un thorax, un abdomen, avec des organes caractéristiques :
- Une paire de courtes antennes
- Deux gros yeux composés et 3 petits yeux simples
- Trois paires de pattes
- Deux paires d’ailes de tailles très inégales, la seconde étant nettement plus petite que la première, voire rudimentaire et même absente selon les espèces ; au repos ces ailes sont dressées au-dessus du corps de l’animal, ou étalées horizontalement chez quelques petites espèces (3-4 mm de longueur)
- Deux ou trois longs filaments à l’extrémité de l’abdomen qui doublent la longueur du corps
La taille moyenne des éphémères, sans les filaments, est de l’ordre du centimètre, les plus gros spécimens dans notre pays atteignant 35 mm contre à peine 3 mm pour les plus petits. Quant à leur couleur, si le rouge et l’ocre dominent, le corps montre souvent des bandes foncées, des lignes, des points, des taches,… diversité qui suit la diversité des espèces.