Le GAZON (Discussion imaginaire entre Dieu et Saint François d’Assise)

Marchons-nous sur la tête dans nos choix et nos actions ?
dimanche 29 janvier 2017
par  Webmaster du Collectif du lac de Créteil
popularité : 33%

Marchons-nous sur la tête dans nos choix et nos actions ?

"Le GAZON"

Imaginez la conversation suivante entre Dieu et Saint François d’Assise…

– François, toi qui connais tant de choses sur la nature et le jardinage, peux-tu me dire ce qui se passe en Amérique du Nord avec les pissenlits, les violettes, les chardons et toutes les belles fleurs que j’ai dispersées là- bas il y a des siècles ?

Les fleurs au naturel…

– J’avais planifié un jardin parfait, sans entretien. Ces plantes-là poussent dans n’importe quel type de sol, supportent la sécheresse et se multiplient à profusion. Le nectar de leurs fleurs attire des papillons, des abeilles et des volées d’oiseaux aux chants mélodieux. Je m’attendais à voir de vastes jardins multicolores à l’heure actuelle, mais tout ce que j’aperçois, ce sont des rectangles verts.

Grandiose

– Ce sont les tribus qui se sont installées là-bas, Seigneur. On les appelle les banlieusards. Ils ont commencé par traiter vos fleurs de « mauvaises herbes » et ils ont déployé beaucoup d’efforts pour remplacer vos fleurs par du gazon.

– Du gazon ? C’est tellement ennuyeux et si peu coloré ! Cela n’attire pas les papillons, ni les abeilles, ni les oiseaux, mais seulement des vers blancs, des pyrales et des punaises. De plus, c’est très sensible aux changements de température. Ces banlieusards, comme tu les appelles, veulent-ils vraiment de tous ces tracas ?

– Apparemment, Seigneur, ils dépensent beaucoup d’argent et d’énergie pour faire pousser ce gazon et le maintenir vert. Ils commencent par appliquer des engrais de bonne heure au printemps et ils empoisonnent toutes les autres plantes qui pourraient pousser sur leur gazon.

– Les pluies et la fraîcheur printanière doivent faire pousser le gazon très vite. Je suppose que ça rend les banlieusards très heureux ?

– Apparemment non, Seigneur. Dès que le gazon commence à pousser, ils le coupent, parfois deux fois par semaine.

– Ils le coupent ? Est-ce qu’ils en font des ballots comme avec le foin ?

– Pas vraiment, Seigneur. La plupart d’entre eux ramassent l’herbe coupée pour la mettre dans des sacs.

– Dans des sacs ? Pourquoi ? Est-ce qu’ils les vendent ? Est-ce une récolte rentable ?

– Pas du tout, Seigneur, au contraire. Ils payent pour qu’on vienne les ramasser.

– Voyons donc, je crois que je ne comprends pas très bien. Tu me dis qu’ils fertilisent le gazon pour qu’il pousse plus vite et quand il pousse bien, ils le coupent et payent pour s’en débarrasser ?

– Oui Seigneur !

– Ces banlieusards doivent être contents en été, quand nous diminuons les précipitations et que nous montons la température. Cela ralentit la croissance du gazon et doit leur faire gagner beaucoup de temps.

– Vous n’allez pas me croire, Seigneur.
Quand le gazon pousse moins vite, ils sortent le tuyau d’arrosage pour pouvoir continuer à couper et à remplir des sacs de gazon.

– C’est insensé ! Mais au moins, ils ont conservé quelques arbres… Ça, c’était une idée de génie de ma part, si j’ose dire. Les arbres font pousser des feuilles au printemps pour produire une magnifique parure et procurer de l’ombre en été. En automne, les feuilles tombent pour former un tapis naturel qui protège le sol et les racines. De plus, lorsqu’elles se décomposent, elles améliorent le sol et nourrissent les arbres pour faire de nouvelles feuilles. C’est le parfait exemple du recyclage naturel.

– Vous feriez mieux de vous asseoir, Seigneur. Les banlieusards ont imaginé un nouveau cycle. Aussitôt que les feuilles tombent, ils les ramassent, les mettent dans des sacs et payent pour s’en débarrasser aussi.

– Mais voyons donc ! Comment font-ils pour protéger les racines des arbres et arbustes en hiver et pour conserver l’humidité dans le sol.

– Après avoir jeté les feuilles, ils achètent quelque chose qu’ils appellent du paillis. Ils le rapportent chez eux et l’étalent autour des arbres pour remplacer les feuilles.

– Ah ? ! Et où vont-ils chercher ce truc, ce paillis ?

– Ils coupent des arbres et les réduisent en petits copeaux.

Pauvres arbres…

– C’est assez ! Je ne veux plus entendre de telles inepties ! Sainte Catherine, vous qui êtes responsable des arts, quel film avez-vous prévu pour ce soir ?

– « Les banlieusards »


– Oubliez ça, on vient de me raconter l’histoire !!!

Texte : Auteur inconnu


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