A la recherche de la somptueuse Chrysolina fastuosa sur des pieds de Galeopsis tetrahit dans une coupe forestière, je tombe sur ce Tingidae de 4mm. Il y aurait donc aussi des tigres sur les Lamiaceae ? C’est le cas de Tingis pilosa, ainsi nommé parce qu’il est garni de poils. On les devine sur cette photo.
On peut rencontrer Tingis pilosa sur Leonurus cardiaca, Stachys sylvatica, Ballota nigra, Galeopsis tetrahit et d’autres Lamiaceae.
Pour le déjeuner, avec quelques amis photographes nous nous installons sur un mobilier de pique-nique du parc du peuple de l’herbe. Au moment de partager notre fameuse tarte à la tomate, à la moutarde et au thym, nous découvrons sur la table cette larve superbement contrastée. Elle n’était pas là à notre arrivée, nous l’aurions remarquée !
Sa détermination nous donnera un indice. Il s’agit en effet de la fausse chenille de Priophorus grandis, une tenthrède des peupliers. Lorsqu’elle est prête à se nymphoser, elle rejoint le sol pour tisser son cocon dans la litière. Celle-ci est sans doute tombée d’une feuille de ce peuplier qui nous procure un ombrage bien venu. J’ai scruté le feuillage de cet arbre, mais je n’en ai pas vu d’autres.
Cette observation est une première donnée pour notre base de donnée régionale.
Cet Ypsolophidae est venu à la lumière dans un verger. Il n’est pas bien grand (1cm) mais vu de près, il vaut le coup d’œil. Son aspect hirsute lui a valu son nom : Ypsolopha horridella.
Même les antennes, couvertes d’écailles dressées, paraissent épineuses ! Les chenilles de cette espèce peu souvent observée vivent sur les prunelliers et les pommiers.
Un voisin m’a donné un semis de Tigridia et il a fleuri dans mon jardin. Cette Iridaceae originaire d’Amérique nécessite un terre riche et plutôt humide. Dès l’automne, en revanche, cette plante dont l’organe de réserve est un cormus comme le glaïeul va rentrer en dormance. Il faut alors modérer les arrosages puis la maintenir hors gel.
Beauté d’un jour !
Aux fleurs éphémères succèdent des capsules. Les graines qu’ils contiennent peuvent être semées au printemps et les nouvelles plantes ainsi obtenues fleurissent en deux ou trois ans.
Le soleil se lève, il est grand temps d’aller relever le piège à papillons. Attirés par la lampe, ils se sont cachés sous des boites d’œufs.
Ce papillon est resté sur la nappe au sol. Ses ailes montrent un dessin très chatoyant. Il s’agit de Pheosia tremula, un Notodontidae.
Les lépidoptéristes l’ont baptisé la Porcelaine. Il faut une bonne dose d’imagination pour trouver une ressemblance avec un coquillage des mers chaudes.
Les chenilles de Pheosia tremula fréquentent essentiellement les peupliers et les saules.
Au parc du peuple de l’herbe, les chênes plantés dans l’aire de stationnement de la Maison des Insectes commencent à procurer un peu d’ombre. Leurs branches basses sont aussi pour moi l’occasion d’étudier la petite faune des chênes. Dans mon filet, je capture cette étonnante cicadelle à rayures, de 4mm.
La couleur noire de la face ventrale me permet de la déterminer, il s’agit d’Alebra albostriella, une première pour notre base de données naturalistes francilienne.
Alebra albostriella vit sur les chênes, mais on peut parfois rencontrer les adultes sur d’autres arbres. J’ai débusqué cet individu tricolore dans un hêtre de la réserve naturelle du Venec, lors d’un séjour en Bretagne.
Ce Geometridae commun en été est un Macaria. Arriver à déterminer l’espèce est assez délicat, heureusement des experts ont produit la fiche technique bien pratique, citée plus bas. Il s’agit ici de Macaria alternata. La chenille de ce papillon de nuit vit sur diverses essences d’arbres et d’arbustes, en particulier les saules, les aulnes, les bourdaines et les prunelliers.
Les repousses de berces le long du chemin de Poncy sont fleuries et de nombreux insectes s’y attablent. Voici un diptère commun et facile à reconnaître avec ses lunules blanches concaves et disposées obliquement sur l’abdomen. C’est un syrphe d’assez grande taille, mesurant jusqu’à 15mm.
Scaeva pyrastri est une espèce migratrice qui recolonise chaque année le nord de la France. On la rencontre partout où pullulent les pucerons dont se nourrissent ses larves.
Dans une partie humide de la forêt de Rambouillet, les feuilles des bourdaines sont systématiquement trouées et parsemées de taches noires.
Chaque tache noire est en fait une mine en spirale, œuvre d’une chenille qui y a laissé ses excréments noirâtres. Devenue plus âgée, la chenille a tracé un bout de galerie s’éloignant de la spirale puis est sortie de la feuille en déchirant l’épiderme, ce qui correspond à la trace blanche au bout de la mine.
Désormais libre, elle continue de dévorer les feuilles de sa plante hôte en y faisant des trous entre les nervures.
Bucculatrix frangutella est un petit papillon de nuit de la famille des Bucculatrigidae inféodé aux Rhamnaceae (bourdaines et nerpruns). Cette espèce n’avait pas encore été observée en Ile-de-France.
Si vous passez par Thiverval-Grignon en suivant le GR 1, ne manquez pas de visiter le charmant lavoir tout en haut du village.
Au pied de cet édifice, dans la plate-bande de bambous nains (peut-être des Sasa pumila), prospère une impressionnante colonie de pucerons jaunes ! Leurs antennes sont panachées et les nervures de leurs ailes sont soulignées de noir. Je verrais bien là le genre Takecallis.
Ce n’est pas Takecallis arundinacea parce que le dessus de l’abdomen n’a pas de taches noires. Il s’agit ici d’une autre espèce, Takecallis arundicolens. A l’extrémité de l’abdomen, la couleur noire de la cauda « en bouton » vient confirmer l’identification.
Takecallis arundicolens est une espèce invasive d’origine asiatique, inféodée aux bambous (genres Arundinaria, Phyllostachys, Bambusa, Sasa). Elle est certainement arrivée là en même temps que sa plante hôte, via le commerce international de végétaux. Il s’agit d’une première observation pour cette espèce dans la base de données francilienne.
C’est une punaise de la famille des Miridae qui porte sur son dos le masque grimaçant de la photo mystère. Son scutellum vert vif et uni permet de reconnaître Orthops campestris qui vit dans les ombelles des Apiaceae.
On reconnaît les Miridae à la présence d’un cuneus, pièce triangulaire à l’extrémité de la corie (partie coriace de l’hémélytre).
Ce grand papillon de nuit (6cm) s’est posé la nuit sur le mur d’une maison. Au matin, je le récupère délicatement et le place sur une feuille d’iris pour une photo. Il s’agit du sphinx du liseron, Agrius convolvuli. Cette espèce d’origine afrotropicale est un grande migratrice, elle produit chez nous deux générations en juin juillet puis d’août à octobre. Ses chenilles consomment les liserons mais aussi d’autres plantes comme les Helianthus, les Rumex, les Chrysanthemum, les Impatiens… Avec sa très longue trompe de 8 à 10cm, ce papillon peut butiner en vol des fleurs à corolle profonde comme les pétunias, les belles-de-nuit, le chèvrefeuille des haies, les œnothères, la saponaire officinale.
A l’aide de mon bac et de ma baguette, je recueille la petite faune d’un bas-côté herbeux. Je suis étonné de trouver un tigre parmi les pucerons. Celui-ci est de l’espèce Tingis auriculata, identifiable à la concavité du bord latéral du pronotum.
Cet hétéroptère de la famille des Tingidae est souvent vu sur les carottes sauvages mais en fait il serait assez polyphage, d’ailleurs l’espèce n’est pas vraiment rare. Sa petite taille (3mm) et son camouflage le rendent cependant très discret. C’est pour moi une première rencontre.
Ce magnifique papillon de nuit, venu à la lampe, est le Petit Sphinx de la vigne, Deilephila porcellus.
Voici un autre individu particulièrement pâle, trouvé le matin dans mon piège lumineux.
Deilephila porcellus butine au crépuscule les fleurs des vipérines, des lavandes, des chèvrefeuilles… Ses chenilles vivent principalement sur les gaillets. C’était autrefois un ravageur mineur de la vigne.
Sous les écorces de platane, je cherche un cloporte rare, Acaeroplastes melanurus, déjà rencontré dans les Deux-Sèvres. Mais c’est une autre espèce que je trouve et elle sort de l’ordinaire des trois espèces omniprésentes dans la région, Porcellio scaber, Oniscus asellus et Philoscia muscorum.
Pour le déterminer, il faut regarder le derrière et en particulier les uropodes, leur pointe est orange et ils sont insérés sur un basis oblique.
Retrouvez les portraits des trois espèces communes sous les écorces :
Pour la finesse de leurs dessins, j’aime beaucoup les Phylonorycter, ces minuscules papillons de nuit dont les chenilles sont des mineuses de feuilles. J’ai obtenu celui-ci en battant des branches de fusain sous un grand chêne.
Le trait blanc dans l’axe de l’aile fait largement plus de la moitié de la longueur de l’aile, il s’agit de Phyllonorycter quercifoliella, une espèce inféodée aux chênes.
Céladon, le nom vernaculaire de ce papillon de nuit, désigne une teinte vert bleu pâle et aussi des céramiques chinoises d’une couleur imitant le jade. Le mot lui-même est très doux et je trouve que l’appellation est ici très pertinente.
Campea margaritaria est un Geometridae commun dans les zones boisées. Il vole en deux générations de mai à septembre. La chenille est polyphage sur feullus.
Cette superbe noctuelle blanche est venue à la lumière. C’est Acronicta leporina, alias l’Ecaille-Lièvre.
Je ne résiste pas à l’envie de l’effleurer, c’est tout doux !
Comme un flocon de laine !
Le lendemain en promenade le long du Tournesac, j’obtiens au battage de branches d’un aulne glutineux cette étonnante chenille. Il s’agit de la même espèce !
Acronicta leporina vit sur les saules, les peupliers, les aulnes, les bouleaux… Elle n’est pas rare dans les boisements marécageux.
C’est en secouant une matricaire près de la Seine que j’obtiens cette casside aux coloris inhabituels. Une visite dans la galerie du site insecte.org pour le genre Cassida m’apprends que ce large triangle rose caractérise l’espèce Cassida rufovirens. Elle est justement inféodée aux matricaires.
Pour les cassides, la vue ventrale est souvent déterminante. Ici, elle permet d’observer les pattes claires contrastant avec le dessous du corps noir et les antennes nettement bicolores.
Cette feuille morte accrochée sur un mur est un papillon ! Cet étonnant mimétisme est le fait de Gastropacha quercifolia, la Feuille-Morte du chêne, un Lasiocampidae dont les chenilles vivent sur de très nombreuses espèces d’arbres.
La Feuille-Morte du peuplier est moins commune. Elle se distingue de l’autre espèce du genre par son ton plus clair et les ondulations du bord des ailes moins prononcées. On peut remarquer aussi la ligne sombre sur le dessus du thorax et les taches sur les ailes. Ses chenilles se nourrissent des feuilles des peupliers, saules et frênes.
Ce Geometridae de la sous-famille des Ennominae fréquente les boisements de préférence humides. Ses chenilles se nourrissent des feuilles des chênes, des charmes, des trembles et d’autres espèces d’arbres. Celui-ci a été attiré par mon piège lumineux. Au matin, je l’ai déposé sur un arbuste pour la photo. Ici, c’est un mâle reconnaissable à ses antennes pectinées. Il les cache sous ses ailes, mais on en aperçoit le début à l’arrière des yeux. D’ordinaire, les ailes antérieures de cette espèce sont ornées de fines stries transversales brunes. Mon individu presque uni est atypique mais la tête et le bout de l’abdomen très sombres ne mentent pas.
Je débusque ce minuscule insecte sur une branche de frêne. Il a la silhouette d’un psylle, je le cherche donc, chez les homoptères, dans la famille des Psyllidae. Psyllopsis fraxini est connu pour provoquer des galles en enroulement sur les marges des folioles des frênes. Ces galles abritent les larves de cet insecte.
Psyllopsis fraxini est l’espèce la plus commune du genre. D’autres Psyllopsis sont très semblables, seul l’examen des genitalia permet de les distinguer.
Les chaudes nuits d’août sont propices à l’observation de Lasiocampa trifolii, le Bombyx du trèfle, qui vient facilement à la lumière. Ici, c’est un mâle, aux antennes pectinées. La femelle, aux antennes filiformes, est souvent moins contrastée.
La bande claire en travers de l’aile antérieure est plus fine et plus nettement délimitée vers l’arrière que chez Lasiocampa quercus, le Bombyx du chêne.
Les femelles de cette espèce pondent en vol au-dessus des prairies. Les chenilles consomment au printemps suivant des Fabaceae (trèfles, vesces, lotiers, mélilots, luzernes…) et aussi des graminées. On les reconnaît facilement à leurs longs poils orange et jaunes.
Les taches noires sur les ailes de ce papillon de nuit sont-elles accidentelles ? Apparemment pas puisque je trouve dans la littérature une espèce qui a exactement cette apparence : Tinea trinotella. Je suis ravi de faire connaissance avec sa petite famille, les Tineidae, représentée en Ile-de-France par 21 espèces seulement, selon l’INPN (contre 304 pour les Geometridae par exemple).
Les chenilles de Tinea trinotella se nourrissent de débris organiques dans les nids d’oiseaux.
Retrouvez un autre insecte qui apprécie les nids d’oiseaux :
Au bord de l’allée forestière, parmi les ronces et les épiaires des bois, j’aperçois une grosse touffe d’armoise. Que vais-je trouver sous les feuilles de cette armoise, à part des pucerons et des fourmis, au demeurant espèces très intéressantes, mais bien difficiles à déterminer. Je tombe sur cette indolente bestiole d’apparence laineuse, avec une silhouette de tigre. Ce Tingidae serait-il attaqué par un champignon ? Pas du tout, c’est un tigre qui ne vit que sur les armoises ! Ces plantes ont le dessous des feuilles blanchâtres. L’aspect de Tingis crispata lui permet sans doute de se camoufler sur sa plante hôte.
J’ai retrouvé assez facilement cette espèce au parc du peuple de l’herbe en secouant quelques armoises au bord de la Seine.
Les chenilles de ce Crambidae se nourrissent de menthes, d’origan, de Clinopodium et peut-être d’autres Lamiaceae. Ce petit papillon (1cm) est commun. Je le rencontre surtout sur des sites où pousse l’origan en abondance.
Pour ne pas confondre Pyrausta aurata avec les espèces voisines, il faut observer la ligne sinueuse qui traverse l’aile antérieure : on distingue deux bosses jumelles dans la tache jaune, plus ou moins étendue selon les individus, qui se trouve près du bord interne de l’aile.
C’est en battant une callune en forêt de Rambouillet que je découvre cette Zygina. J’en suis très étonné car je n’avais pas revu de Zygina depuis l’hiver. Celles que je rencontre si nombreuses dans les ronces à la mauvaise saison passeraient-elles l’été dans les callunes ?
A bien y regarder, celle-ci est particulière, elle a notamment les pattes uniformément gris jaune. La consultation du site True hoppers of the WP me donne une piste sérieuse. Zygina rubrovittata m’est confirmée par Francesco, mon correspondant italien spécialiste de la sous-famille des Typhlocybinae. Cette petite espèce vit exclusivement sur les callunes. Et c’est une première donnée pour l’Ile-de-France !
Il me reste à trouver celle de la pimprenelle (Zygina frauenfeldi), celle des nerpruns et des bourdaines (Zygina suavis), celle du bouleau pubescent (Zygina rosea), celle des charmes (Zygina griseosombra), celle des chênes (Zygina rorida), celle du millepertuis perforé (Zygina hyperici) et celle du millepertuis anguleux (Zygina hypermaculata) et tant d’autres encore !
Ce papillon vert est venu le soir à la lumière et je le retrouve le lendemain matin endormi sur le drap blanc. Pseudoips prasinanus est un papillon de nuit très commun, ses chenilles mangent les feuilles des hêtres et également d’autres essences : chênes, charmes, aulnes, noisetiers, bouleaux. Il appartient à la petite famille des Nolidae.
Deux générations se succèdent dans l’année, l’une en mai et l’autre en juillet août.
Au bord du sentier, je peux glisser mon bac blanc sous les touffes de callunes et faire tomber dedans ces charmantes cicadelles. Je propose à l’une d’elles un rameau de cette plante pour faire une séance photos. Elle accepte sans rechigner ce support familier pour elle.
Sa tête large et aplatie est typique du genre Ulopa. Il semble qu’il existe deux espèces en Europe : celle-ci, Ulopa reticulata, assez commune, qui vit exclusivement sur Calluna vulgaris et Ulopa carneae qui vit en Allemagne et en Autriche sur une autre Ericaeae, Erica carnea.
Les Ulopa appartiennent à la famille des Ulopidae, ils étaient autrefois rattachés aux Cicadellidae.
Cette lithosie aux ailes grises bordées de jaune mesure environ 2 cm de long. C’est une espèce très répandue. Celle-ci a traversé le chemin devant moi, en fin d’après-midi, et s’est posé sur une feuille de fusain d’Europe.
La chenille de Nyea lurideola se nourrit de lichens, on peut la rencontrer la nuit, au printemps, sur les troncs d’arbres. Cette espèce était autrefois nommée Eilema lurideola.
Retrouvez d’autres papillons dont les chenilles vivent sur les lichens :
J’observe ce coléoptère gourmand, probablement un Larinus turbinatus, tranquillement installé sur une inflorescence de cirse commun. Mais qui s’invite dans la scène ? Un bourdon, et pas n’importe lequel ! Deux bandes grises sur le thorax et l’arrière-train roux, c’est Bombus sylvarum !
Ce bourdon apprécie les prairies chaudes et bien fleuries. On peut le voir butiner de nombreuses plantes basses comme les trèfles, les lotiers et d’autres Fabaceae, des Lamiaceae, les Odontites.
Bombus sylvarum est en régression partout en Europe et c’est une espèce protégée en Ile-de-France.
Dans une clairière ensoleillée en forêt de Saint-Germain-en-Laye, cette belle punaise me toise du haut d’un épi fleuri de molène. Carpocoris purpureipennis, hétéroptère commun et polyphage, est facile à reconnaître. Mais il faut se garder de le confondre avec son sosie, Carpocoris pudicus !
Ces deux espèces très proches se distinguent ainsi : le scutellum (sur le dos) de Carpocoris pudicus présente un étranglement médian plus marqué que chez Carpocoris purpureipennis, formant une nette encoche, et les angles huméraux de son pronotum (les épaules) sont un peu moins aigus. J’avoue que c’est assez subtil ! Carpocoris pudicus n’est présente, à quelques exceptions près, que dans la moitié sud de la France.
Le battage d’un rameau de charme en forêt de La Roche-Guyon me donne ce minuscule moucheron jaune et noir. Je crois un instant à un Chloropidae, mais il a une allure vraiment particulière. Il s’agit en fait d’Acrocera orbiculus, de la famille des Acroceridae. Et le scutellum jaune indique que c’est un mâle.
La face ventrale est toute bizarre. La tête semble se résumer à deux gros yeux et je ne distingue pas de pièces buccales. Peut-être que cette mouche ne se nourrit pas et ne vit que pour se reproduire !
Les mœurs de cette espèce sont singulières : ses larves sont des parasites internes de jeunes araignées (Amaurobiidae, Clubionidae, Lycosidae). Quel drôle de destin pour une mouche !
Sur une terrasse sableuse d’alluvions de la Seine pousse une maigre pelouse. C’est l’endroit stratégique qu’a choisi André, un grand spécialiste des sésies, pour installer au raz du sol un petit diffuseur de phéromones. Plusieurs sésies mâles croyant trouver une femelle disponible arrivent très vite et tournent dans le secteur sans se poser. Il faut en capturer une au filet à papillons puis la transférer dans un tube transparent pour pouvoir l’observer. Sans surprise, il s’agit de Bembecia ichneumoniformis qui correspond à la formule chimique employée pour attirer cette espèce et aussi à sa plante hôte préférée, le lotier corniculé qui croît en abondance dans le secteur.
André replace le bouchon imbibé de phéromone dans son emballage étanche et nous tentons notre chance plus loin avec d’autres fioles pour tester la présence d’autres espèces de sésies, notamment Sesia apiformis en suspendant le piège olfactif sous un grand peuplier noir. Mais aucun mâle n’est venu. Ils étaient peut-être occupés ailleurs.
L’emploi de phéromones permet d’établir assez facilement la présence des sésies, ces papillons aux ailes en partie transparentes, d’ordinaire assez discrets. Mais il faut pour chaque espèce une bonne connaissance des plantes hôtes des chenilles, des périodes de vol et même des heures et conditions météo favorables.
La chenille de Bembecia ichneumoniformis se nourrit de racines de Fabaceae herbacées des pelouses sèches, telles que le lotier corniculé, l’anthyllide vulnéraire et l’hippocrépide fer-à-cheval.
Cette grosse bête poilue était cachée sous une pierre au bord de la Seine. Je la fais grimper sur une feuille pour mieux l’observer. A ses antennes composées de peu d’articles, je reconnais une punaise. Ses couleurs me rappellent certains réduves, mais c’est dans une autre famille que je la trouve, celle des Nabidae.
On dirait qu’elle veut descendre. Comme elle est incapable de voler, je la dépose à terre près son abri.
Prostemma guttula est prédatrice d’autres punaises. Il en existe une forme macroptère, plus rare, dont les ailes de taille normale couvrent l’abdomen.
Il y a quelques années, j’ai rapporté des abords du ru de Poncy un drageon d’une jolie Asteraceae à fleurs jaunes, la pulicaire dysentérique. La plante a beaucoup d’avantages : elle fleurit abondamment en été, ses fleurs attirent toutes sortes d’insectes, elle forme un massif compact et les poules n’y touchent pas. Mais elle a l’inconvénient de s’étendre beaucoup par ses stolons souterrains. Je l’ai extirpée du potager où elle avait pris ses aises et j’ai gardé une belle touffe près du poulailler. Tous les matins, en allant ramasser les œufs, je scrute ses visiteurs ailés.
Ce couple de diptères aux ailes ornées me paraît très intéressant. J’en détermine l’espèce en cherchant chez les Tephritidae. Il s’agit de Myopites apicatus, une espèce justement inféodée à Pulicaria dysenterica !
Myopites apicatus se nourrit du nectar des fleurs en tube de la pulicaire. Elle est dotée pour cela d’une longue trompe pliable qui lui donne le profil de tête étonnant que l’on voit sur cette photo. Les œufs sont pondus dans les capitules.
Cette espèce est peu observée. Il faut dire qu’elle est discrète, je ne l’ai vu que l’espace d’un matin sur mes pulicaires. Apparemment, il faut de la chance pour tomber dessus.
Quelle chance, cet odonate immobile nous laisse le photographier de tout près ! La teinte un peu laiteuse de ses ailes indique qu’il vient d’émerger. Son exuvie n’est peut-être pas loin mais nous ne l’avons pas trouvée.
La reconnaissance de l’espèce passe ici par l’examen de la nervation de l’aile antérieure. Dans la rangée indiquée par les flèches, moins de quatre cellules sont dédoublées (ici deux le sont). Il s’agit donc de l’espèce Orthetrum coerulescens. Dans le cas contraire, c’eût été Orthetrum brunneum.
Notre Orthétrum est un mâle, comme l’atteste la présence de pièces génitales sous l’abdomen, à l’avant. Il devrait être gris bleu mais, comme il est immature, il n’a pas encore sa teinte définitive. Ce sera l’affaire de quelques heures.
Dans les Yvelines, l’Orthétrum bleuissant est surtout présent dans le massif forestier de Rambouillet. Nous avons observé celui-ci près d’un ruisselet dans une tourbière.
Le mâle Icius subinermis présente une livrée très contrastée. J’ai trouvé celui-ci au bord de l’étang de la Vieille ferme, dans le bois pourri d’un peuplier effondré.
On le reconnaît à ses moustaches blanches sous les yeux et au fait que les bandes blanches sur le côté de son abdomen ne se joignent pas à l’avant. Chez cette espèce, les pattes antérieures des mâles sont plus sombres que les autres.
J’ai un faible pour la femelle, je la trouve très mignonne avec ses palpes poilus et ses pattes blondes. Elle n’était pas facile à repérer sur le plancher du grand ponton des bords de Seine.
Icius subinermis est une Salticidae qui progresse vers le nord. Elle est maintenant bien implantée en Ile-de-France. Elle affectionne particulièrement les berges des cours d’eau et des étangs.
Je ne croise pas tous les jours une nouvelle espèce d’odonate pour mon inventaire des arthropodes du parc du peuple de l’herbe. Alors aujourd’hui, je suis heureux de vous présenter un Onychogomphus mâle reconnaissable à ses incroyables pièces génitales en forme de crochet d’attelage.
Une vue de dessus et l’examen des dessins sur la tête et le thorax permettent d’identifier l’espèce Onychogomphus forcipatus. Il existe aussi un critère sur la nervation alaire. La partie la plus près du corps sur l’aile postérieure formant un triangle (nommée le triangle anal) contient trois cellules. Chez le mâle d’Onychogomphus uncatus, espèce plus méridionale, il en contient quatre.
Les larves aquatiques d’Onychogomphus forcipatus vivent dans les cours d’eau et les eaux stagnantes bien oxygénées.
J’ai voulu montrer des cloportes en soulevant une grosse pierre en haut d’une terrasse alluviale surplombant la Seine. Les personnes qui suivaient mon animation ont surtout vu une bête très énervée qui sautait dans tous les sens et que j’ai prise pour un gammare. Mais à la réflexion, dans un terrain aussi sec, ça ne peut pas être un gammare. J’y suis donc retourné pour étudier posément la chose.
Il s’agit bien d’un crustacé de l’ordre des amphipodes comme les gammares, mais celui-ci appartient à une autre famille, celle des Talitridae qui ont les premières antennes beaucoup plus courtes. En haut des plages de sable, sous les laisses de mer, on rencontre souvent Talitrus saltator, la puce de mer, qui est le représentant le plus connu de cette famille.
Cryptorchestia garbinii est une espèce invasive originaire des rives de la mer Noire et de la mer Caspienne. Elle est de mœurs terrestres, marche sur ses pattes et ne nage que lorsqu’elle tombe à l’eau. Son alimentation est variée : végétaux, petites proies vivantes ou mortes, détritus.
Chez les gammares aussi, on trouve des espèces invasives :
La photo mystère du mois d’août 2023 montrait un détail d’un mâle Lymantria dispar. Voici son portrait de face, correctement éclairé. Ces grandes antennes doublement pectinées permettent au mâle de repérer de loin les femelles, très peu mobiles.
Nous marchons dans les hautes herbes et ce Crambidae s’envole devant nous. Le dessin sombre en forme de boomerang et l’absence de marque blanche sur l’aile sont les signes distinctifs de l’espèce Chrysoteuchia culmella.
Les rayures longitudinales sur l’aile peuvent être plus ou moins marquées ou même absentes comme sur la première photo.
Les chenilles de cette espèce très commune consomment la base des tiges de diverses graminées dans des milieux variés mais toujours herbeux.
Les longs palpes labiaux retournés vers l’arrière de ce papillon de nuit m’oriente vers la famille des Oecophoridae. Il est assez typique et je le détermine facilement. Metalampra italica semble associé à Lenzites betulinus, le Tramète du bouleau, champignon coriace qui pousse sur le bois mort de cet arbre. Ses chenilles creusent des galeries dans le champignon et le bois pourri à proximité.
Il vient parfois à la lumière, ce qui explique sa présence dans mon piège lumineux.
Retrouvez un autre Oecophoridae amateur de bois mort :
On repère de loin cette solide Asteraceae des milieux humides car elle peut atteindre 1,50 m de hauteur. Les gracieuses inflorescences de l’eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum) attirent de très nombreux insectes, ce qui fait le bonheur du photographe !
Les papillons de jour, comme cet amaryllis y puisent du nectar.
Mais c’est surtout l’écaille chinée, un papillon nocturne actif le jour, que l’on rencontre régulièrement sur cette plante qu’il butine volontiers.
Diverses coccinelles fréquentent aussi l’eupatoire lorsqu’elle est envahie de pucerons. Ici c’est une coccinelle à damier qui fait un festin.
Un voyage transatlantique ?
Des akènes surmontés d’aigrettes de soie succèdent aux fleurs. Très légers, ils s’envolent au moindre souffle. Il n’est pas interdit de penser que c’est par la voie des airs qu’est arrivée cette plante en Europe. En effet, l’eupatoire chanvrine est en Europe l’unique représentant de ce genre qui compte 42 espèces, pour l’essentiel américaines. En raison de son introduction très ancienne (peut-être 3 millions d’années !) elle est chez nous considérée comme indigène.
Ce ptérophore venu à la lumière ne ressemble à rien de connu. Je le repère dans la galerie des Pterophoridae aux grosses touffes de poils roux sur ses pattes et au dessin caractéristique de ses ailes. Ce papillon aux ailes étroites vit là où poussent les églantiers car ses chenilles consomment les boutons floraux et les jeunes feuilles des rosiers sauvages. Le papillon vole en juin et juillet.
Les tigres ont généralement trois côtes longitudinales sur le dessus du thorax. Celui-ci fait exception et cela facilite la détermination. Monosteira unicostata n’en a qu’une en position centrale.
C’est une espèce méridionale et polyphage sur les saules, les peupliers, les poiriers… Elle peut faire des dégâts importants sur les amandiers. J’ai trouvé celui-ci sur le lierre recouvrant un poteau de clôture de jardin, dans le Tarn.
La limite nord de la répartition de Monosteira unicostata en France semble être la région de Lyon.
Une abeille s’est fait prendre en visitant une fleur de scabieuse. Cette araignée crabe l’a mordue et en fait son repas. Verte et poilue comme ça, c’est une Heriaeus. Je parierais pour l’espèce Heriaeus hirtus, très commune dans tout le sud-est de la France, mais dans la Drôme, il paraît qu’on peut la confondre avec une espèce jumelle impossible à différencier sur photo. J’en resterai donc au genre.
Ces Heriaeus chassent cachées sous les fleurs. Couvertes de soies hirsutes, elles se confondent avec les bractées ou les sépales poilus de certaines plantes. Ceux de cette scabieuse ne le sont pas, mais cela n’empêche pas cette araignée de capturer des proies.
Descendant à pied la rue Guy Crescent pour aller acheter mon pain, je dépasse un troupeau de paparazzis devant le portail du centre d’entrainement du PSG. Ils n’ont pas vu que la vedette aux cuisses musclées est là, sur les fleurs d’achillée !
L’animal m’autorise quelques prise de vue avant de disparaître.
Syritta pipiens fréquente toutes sortes d’ombelles en été. Je retrouve ce joli syrphe sur un pied de carotte sauvage au bord de la Seine. Ses yeux sont écartés, c’est donc ici une femelle.
Cet étonnant fémur postérieur élargi, bicolore et denticulé permet d’identifier facilement cette espèce. Mais à quoi lui sert cette bizarre anatomie, me direz-vous ? J’avoue ne pas savoir répondre à cette question.
Les larves de Syritta pipiens se développent dans le compost et les matières fécales.
Retrouvez un autre syrphe aux cuisses remarquables :
mardi 12 septembre 2023
A la recherche de la somptueuse Chrysolina fastuosa sur des pieds de Galeopsis tetrahit dans une coupe forestière, je tombe sur ce Tingidae de 4mm. Il y aurait donc aussi des tigres sur les Lamiaceae ? C’est le cas de Tingis pilosa, ainsi nommé parce qu’il est garni de poils. On les devine sur cette photo.
On peut rencontrer Tingis pilosa sur Leonurus cardiaca, Stachys sylvatica, Ballota nigra, Galeopsis tetrahit et d’autres Lamiaceae.
Retrouvez un autre tigre vu en forêt :
Tingis crispata
lundi 11 septembre 2023
Une invitée surprise !
Pour le déjeuner, avec quelques amis photographes nous nous installons sur un mobilier de pique-nique du parc du peuple de l’herbe. Au moment de partager notre fameuse tarte à la tomate, à la moutarde et au thym, nous découvrons sur la table cette larve superbement contrastée. Elle n’était pas là à notre arrivée, nous l’aurions remarquée !
Sa détermination nous donnera un indice. Il s’agit en effet de la fausse chenille de Priophorus grandis, une tenthrède des peupliers. Lorsqu’elle est prête à se nymphoser, elle rejoint le sol pour tisser son cocon dans la litière. Celle-ci est sans doute tombée d’une feuille de ce peuplier qui nous procure un ombrage bien venu. J’ai scruté le feuillage de cet arbre, mais je n’en ai pas vu d’autres.
Cette observation est une première donnée pour notre base de donnée régionale.
Retrouvez une autre larve de tenthrède :
Eriocampa ovata
Source :
La faune entomologique des peupliers, par Rémi Coutin
dimanche 10 septembre 2023
Cet Ypsolophidae est venu à la lumière dans un verger. Il n’est pas bien grand (1cm) mais vu de près, il vaut le coup d’œil. Son aspect hirsute lui a valu son nom : Ypsolopha horridella.
Même les antennes, couvertes d’écailles dressées, paraissent épineuses ! Les chenilles de cette espèce peu souvent observée vivent sur les prunelliers et les pommiers.
Retrouvez d’autres microlépidoptères :
Quelques microlépidoptères
samedi 9 septembre 2023
Un voisin m’a donné un semis de Tigridia et il a fleuri dans mon jardin. Cette Iridaceae originaire d’Amérique nécessite un terre riche et plutôt humide. Dès l’automne, en revanche, cette plante dont l’organe de réserve est un cormus comme le glaïeul va rentrer en dormance. Il faut alors modérer les arrosages puis la maintenir hors gel.
Beauté d’un jour !
Aux fleurs éphémères succèdent des capsules. Les graines qu’ils contiennent peuvent être semées au printemps et les nouvelles plantes ainsi obtenues fleurissent en deux ou trois ans.
Retrouvez une autre Iridaceae :
Le glaïeul de Byzance
vendredi 8 septembre 2023
Le soleil se lève, il est grand temps d’aller relever le piège à papillons. Attirés par la lampe, ils se sont cachés sous des boites d’œufs.
Ce papillon est resté sur la nappe au sol. Ses ailes montrent un dessin très chatoyant. Il s’agit de Pheosia tremula, un Notodontidae.
Les lépidoptéristes l’ont baptisé la Porcelaine. Il faut une bonne dose d’imagination pour trouver une ressemblance avec un coquillage des mers chaudes.
Les chenilles de Pheosia tremula fréquentent essentiellement les peupliers et les saules.
Retrouvez un autre Notodontidae :
Le Bucéphale
jeudi 7 septembre 2023
Au parc du peuple de l’herbe, les chênes plantés dans l’aire de stationnement de la Maison des Insectes commencent à procurer un peu d’ombre. Leurs branches basses sont aussi pour moi l’occasion d’étudier la petite faune des chênes. Dans mon filet, je capture cette étonnante cicadelle à rayures, de 4mm.
La couleur noire de la face ventrale me permet de la déterminer, il s’agit d’Alebra albostriella, une première pour notre base de données naturalistes francilienne.
Alebra albostriella vit sur les chênes, mais on peut parfois rencontrer les adultes sur d’autres arbres. J’ai débusqué cet individu tricolore dans un hêtre de la réserve naturelle du Venec, lors d’un séjour en Bretagne.
Retrouvez d’autres habitants des chênes :
Harpocera thoracica
Iassus lanio
mercredi 6 septembre 2023
Ce Geometridae commun en été est un Macaria. Arriver à déterminer l’espèce est assez délicat, heureusement des experts ont produit la fiche technique bien pratique, citée plus bas. Il s’agit ici de Macaria alternata. La chenille de ce papillon de nuit vit sur diverses essences d’arbres et d’arbustes, en particulier les saules, les aulnes, les bourdaines et les prunelliers.
Retrouvez un autre Geometridae :
La Timandre aimée
Source :
Fiche technique : Macaria alternata, notata, signaria (Oreina)
mardi 5 septembre 2023
Les repousses de berces le long du chemin de Poncy sont fleuries et de nombreux insectes s’y attablent. Voici un diptère commun et facile à reconnaître avec ses lunules blanches concaves et disposées obliquement sur l’abdomen. C’est un syrphe d’assez grande taille, mesurant jusqu’à 15mm.
Scaeva pyrastri est une espèce migratrice qui recolonise chaque année le nord de la France. On la rencontre partout où pullulent les pucerons dont se nourrissent ses larves.
Sources :
Scaeva pyrastri, fiche descriptive dans l’INPN (Thomas Lebard – 2021)
Syrphes de Belgique et des Pays-Bas (une clé très pratique et bien illustrée)
lundi 4 septembre 2023
Dans une partie humide de la forêt de Rambouillet, les feuilles des bourdaines sont systématiquement trouées et parsemées de taches noires.
Chaque tache noire est en fait une mine en spirale, œuvre d’une chenille qui y a laissé ses excréments noirâtres. Devenue plus âgée, la chenille a tracé un bout de galerie s’éloignant de la spirale puis est sortie de la feuille en déchirant l’épiderme, ce qui correspond à la trace blanche au bout de la mine.
Désormais libre, elle continue de dévorer les feuilles de sa plante hôte en y faisant des trous entre les nervures.
Bucculatrix frangutella est un petit papillon de nuit de la famille des Bucculatrigidae inféodé aux Rhamnaceae (bourdaines et nerpruns). Cette espèce n’avait pas encore été observée en Ile-de-France.
Retrouvez une autre chenille des bourdaines :
Le Citron
dimanche 3 septembre 2023
Si vous passez par Thiverval-Grignon en suivant le GR 1, ne manquez pas de visiter le charmant lavoir tout en haut du village.
Au pied de cet édifice, dans la plate-bande de bambous nains (peut-être des Sasa pumila), prospère une impressionnante colonie de pucerons jaunes ! Leurs antennes sont panachées et les nervures de leurs ailes sont soulignées de noir. Je verrais bien là le genre Takecallis.
Ce n’est pas Takecallis arundinacea parce que le dessus de l’abdomen n’a pas de taches noires. Il s’agit ici d’une autre espèce, Takecallis arundicolens. A l’extrémité de l’abdomen, la couleur noire de la cauda « en bouton » vient confirmer l’identification.
Takecallis arundicolens est une espèce invasive d’origine asiatique, inféodée aux bambous (genres Arundinaria, Phyllostachys, Bambusa, Sasa). Elle est certainement arrivée là en même temps que sa plante hôte, via le commerce international de végétaux. Il s’agit d’une première observation pour cette espèce dans la base de données francilienne.
Retrouvez un autre puceron :
Le puceron du camérisier à balai
Source :
Takecallis arundicolens, par Influentialpoints
samedi 2 septembre 2023
C’est une punaise de la famille des Miridae qui porte sur son dos le masque grimaçant de la photo mystère. Son scutellum vert vif et uni permet de reconnaître Orthops campestris qui vit dans les ombelles des Apiaceae.
On reconnaît les Miridae à la présence d’un cuneus, pièce triangulaire à l’extrémité de la corie (partie coriace de l’hémélytre).
Retrouvez d’autres Miridae :
Liocoris tripustulatus
Horistus orientalis
vendredi 1er septembre 2023
Dans quelle famille rangeriez-vous ce petit bonhomme ?
A demain pour la réponse !
jeudi 31 août 2023
Ce grand papillon de nuit (6cm) s’est posé la nuit sur le mur d’une maison. Au matin, je le récupère délicatement et le place sur une feuille d’iris pour une photo. Il s’agit du sphinx du liseron, Agrius convolvuli. Cette espèce d’origine afrotropicale est un grande migratrice, elle produit chez nous deux générations en juin juillet puis d’août à octobre. Ses chenilles consomment les liserons mais aussi d’autres plantes comme les Helianthus, les Rumex, les Chrysanthemum, les Impatiens… Avec sa très longue trompe de 8 à 10cm, ce papillon peut butiner en vol des fleurs à corolle profonde comme les pétunias, les belles-de-nuit, le chèvrefeuille des haies, les œnothères, la saponaire officinale.
Retrouvez un autre Sphinx :
Le Sphinx du troène
Source :
Agrius convolvuli, fiche descriptive dans l’INPN (Y.Baillet – 2018)
mercredi 30 août 2023
A l’aide de mon bac et de ma baguette, je recueille la petite faune d’un bas-côté herbeux. Je suis étonné de trouver un tigre parmi les pucerons. Celui-ci est de l’espèce Tingis auriculata, identifiable à la concavité du bord latéral du pronotum.
Cet hétéroptère de la famille des Tingidae est souvent vu sur les carottes sauvages mais en fait il serait assez polyphage, d’ailleurs l’espèce n’est pas vraiment rare. Sa petite taille (3mm) et son camouflage le rendent cependant très discret. C’est pour moi une première rencontre.
Retrouvez un autre tigre :
Physatocheila dumetorum
mardi 29 août 2023
Ce magnifique papillon de nuit, venu à la lampe, est le Petit Sphinx de la vigne, Deilephila porcellus.
Voici un autre individu particulièrement pâle, trouvé le matin dans mon piège lumineux.
Deilephila porcellus butine au crépuscule les fleurs des vipérines, des lavandes, des chèvrefeuilles… Ses chenilles vivent principalement sur les gaillets. C’était autrefois un ravageur mineur de la vigne.
Retrouvez d’autres insectes des gaillets :
Dyroderes umbraculatus
Le crache-sang
Aglaostigma fulvipes
Source :
Deilephila porcellus dans Sphingidae du Paléartique occidental, par AR. Pittaways
lundi 28 août 2023
Sous les écorces de platane, je cherche un cloporte rare, Acaeroplastes melanurus, déjà rencontré dans les Deux-Sèvres. Mais c’est une autre espèce que je trouve et elle sort de l’ordinaire des trois espèces omniprésentes dans la région, Porcellio scaber, Oniscus asellus et Philoscia muscorum.
Pour le déterminer, il faut regarder le derrière et en particulier les uropodes, leur pointe est orange et ils sont insérés sur un basis oblique.
Retrouvez les portraits des trois espèces communes sous les écorces :
Porcellio scaber
Oniscus asellus
Philoscia muscorum
Source :
Porcellio monticola, fiche descriptive dans l’INPN (Franck NOEL – 2021)
dimanche 27 août 2023
Pour la finesse de leurs dessins, j’aime beaucoup les Phylonorycter, ces minuscules papillons de nuit dont les chenilles sont des mineuses de feuilles. J’ai obtenu celui-ci en battant des branches de fusain sous un grand chêne.
Le trait blanc dans l’axe de l’aile fait largement plus de la moitié de la longueur de l’aile, il s’agit de Phyllonorycter quercifoliella, une espèce inféodée aux chênes.
Retrouvez un autre Phyllonorycter des chênes :
Phyllonorycter messaniella
Source :
Genre Phyllonorycter sur lepiforum.org
samedi 26 août 2023
Céladon, le nom vernaculaire de ce papillon de nuit, désigne une teinte vert bleu pâle et aussi des céramiques chinoises d’une couleur imitant le jade. Le mot lui-même est très doux et je trouve que l’appellation est ici très pertinente.
Campea margaritaria est un Geometridae commun dans les zones boisées. Il vole en deux générations de mai à septembre. La chenille est polyphage sur feullus.
Retrouvez d’autres papillons verts :
Merveilleux papillons verts
vendredi 25 août 2023
Cette superbe noctuelle blanche est venue à la lumière. C’est Acronicta leporina, alias l’Ecaille-Lièvre.
Je ne résiste pas à l’envie de l’effleurer, c’est tout doux !
Comme un flocon de laine !
Le lendemain en promenade le long du Tournesac, j’obtiens au battage de branches d’un aulne glutineux cette étonnante chenille. Il s’agit de la même espèce !
Acronicta leporina vit sur les saules, les peupliers, les aulnes, les bouleaux… Elle n’est pas rare dans les boisements marécageux.
Retrouvez un autre Acronicta :
La Noctuelle de la patience
Source :
Acronicta leporina, fiche descriptive dans l’INPN (Y. Baillet-2018)
jeudi 24 août 2023
C’est en secouant une matricaire près de la Seine que j’obtiens cette casside aux coloris inhabituels. Une visite dans la galerie du site insecte.org pour le genre Cassida m’apprends que ce large triangle rose caractérise l’espèce Cassida rufovirens. Elle est justement inféodée aux matricaires.
Pour les cassides, la vue ventrale est souvent déterminante. Ici, elle permet d’observer les pattes claires contrastant avec le dessous du corps noir et les antennes nettement bicolores.
Retrouvez une autre casside :
Cassida viridis
mercredi 23 août 2023
Cette feuille morte accrochée sur un mur est un papillon ! Cet étonnant mimétisme est le fait de Gastropacha quercifolia, la Feuille-Morte du chêne, un Lasiocampidae dont les chenilles vivent sur de très nombreuses espèces d’arbres.
La Feuille-Morte du peuplier est moins commune. Elle se distingue de l’autre espèce du genre par son ton plus clair et les ondulations du bord des ailes moins prononcées. On peut remarquer aussi la ligne sombre sur le dessus du thorax et les taches sur les ailes. Ses chenilles se nourrissent des feuilles des peupliers, saules et frênes.
Retrouvez un autre papillon feuille :
La petite feuille morte
mardi 22 août 2023
Ce Geometridae de la sous-famille des Ennominae fréquente les boisements de préférence humides. Ses chenilles se nourrissent des feuilles des chênes, des charmes, des trembles et d’autres espèces d’arbres. Celui-ci a été attiré par mon piège lumineux. Au matin, je l’ai déposé sur un arbuste pour la photo. Ici, c’est un mâle reconnaissable à ses antennes pectinées. Il les cache sous ses ailes, mais on en aperçoit le début à l’arrière des yeux. D’ordinaire, les ailes antérieures de cette espèce sont ornées de fines stries transversales brunes. Mon individu presque uni est atypique mais la tête et le bout de l’abdomen très sombres ne mentent pas.
Retrouvez d’autres Ennominae :
Deux Aspitates
lundi 21 août 2023
Je débusque ce minuscule insecte sur une branche de frêne. Il a la silhouette d’un psylle, je le cherche donc, chez les homoptères, dans la famille des Psyllidae. Psyllopsis fraxini est connu pour provoquer des galles en enroulement sur les marges des folioles des frênes. Ces galles abritent les larves de cet insecte.
Psyllopsis fraxini est l’espèce la plus commune du genre. D’autres Psyllopsis sont très semblables, seul l’examen des genitalia permet de les distinguer.
Retrouvez un autre Psyllidae :
Psylla alni
Source :
Psyllopsis fraxini, par Plant Parasites of Europe
dimanche 20 août 2023
Les chaudes nuits d’août sont propices à l’observation de Lasiocampa trifolii, le Bombyx du trèfle, qui vient facilement à la lumière. Ici, c’est un mâle, aux antennes pectinées. La femelle, aux antennes filiformes, est souvent moins contrastée.
La bande claire en travers de l’aile antérieure est plus fine et plus nettement délimitée vers l’arrière que chez Lasiocampa quercus, le Bombyx du chêne.
Les femelles de cette espèce pondent en vol au-dessus des prairies. Les chenilles consomment au printemps suivant des Fabaceae (trèfles, vesces, lotiers, mélilots, luzernes…) et aussi des graminées. On les reconnaît facilement à leurs longs poils orange et jaunes.
Retrouvez le portrait de l’autre Lasiocampa :
Lasiocampa quercus, le Bombyx du chêne
Un autre Lasiocampidae :
Malacosoma neustria
Source :
Le bombyx du trèfle, par chenilles.net
samedi 19 août 2023
Les taches noires sur les ailes de ce papillon de nuit sont-elles accidentelles ? Apparemment pas puisque je trouve dans la littérature une espèce qui a exactement cette apparence : Tinea trinotella. Je suis ravi de faire connaissance avec sa petite famille, les Tineidae, représentée en Ile-de-France par 21 espèces seulement, selon l’INPN (contre 304 pour les Geometridae par exemple).
Les chenilles de Tinea trinotella se nourrissent de débris organiques dans les nids d’oiseaux.
Retrouvez un autre insecte qui apprécie les nids d’oiseaux :
Anthomyia procellaris
vendredi 18 août 2023
Au bord de l’allée forestière, parmi les ronces et les épiaires des bois, j’aperçois une grosse touffe d’armoise. Que vais-je trouver sous les feuilles de cette armoise, à part des pucerons et des fourmis, au demeurant espèces très intéressantes, mais bien difficiles à déterminer. Je tombe sur cette indolente bestiole d’apparence laineuse, avec une silhouette de tigre. Ce Tingidae serait-il attaqué par un champignon ? Pas du tout, c’est un tigre qui ne vit que sur les armoises ! Ces plantes ont le dessous des feuilles blanchâtres. L’aspect de Tingis crispata lui permet sans doute de se camoufler sur sa plante hôte.
J’ai retrouvé assez facilement cette espèce au parc du peuple de l’herbe en secouant quelques armoises au bord de la Seine.
Retrouvez un autre Tingis :
Tingis cardui
jeudi 17 août 2023
Les chenilles de ce Crambidae se nourrissent de menthes, d’origan, de Clinopodium et peut-être d’autres Lamiaceae. Ce petit papillon (1cm) est commun. Je le rencontre surtout sur des sites où pousse l’origan en abondance.
Pour ne pas confondre Pyrausta aurata avec les espèces voisines, il faut observer la ligne sinueuse qui traverse l’aile antérieure : on distingue deux bosses jumelles dans la tache jaune, plus ou moins étendue selon les individus, qui se trouve près du bord interne de l’aile.
Retrouvez d’autres Pyrausta :
Pyrausta despicata
Pyrausta purpuralis
Source :
Pyrausta aurata, dans Lepiforum
mercredi 16 août 2023
C’est en battant une callune en forêt de Rambouillet que je découvre cette Zygina. J’en suis très étonné car je n’avais pas revu de Zygina depuis l’hiver. Celles que je rencontre si nombreuses dans les ronces à la mauvaise saison passeraient-elles l’été dans les callunes ?
A bien y regarder, celle-ci est particulière, elle a notamment les pattes uniformément gris jaune. La consultation du site True hoppers of the WP me donne une piste sérieuse. Zygina rubrovittata m’est confirmée par Francesco, mon correspondant italien spécialiste de la sous-famille des Typhlocybinae. Cette petite espèce vit exclusivement sur les callunes. Et c’est une première donnée pour l’Ile-de-France !
Il me reste à trouver celle de la pimprenelle (Zygina frauenfeldi), celle des nerpruns et des bourdaines (Zygina suavis), celle du bouleau pubescent (Zygina rosea), celle des charmes (Zygina griseosombra), celle des chênes (Zygina rorida), celle du millepertuis perforé (Zygina hyperici) et celle du millepertuis anguleux (Zygina hypermaculata) et tant d’autres encore !
Retrouvez d’autres Zygina :
Zygina eburnea
Zygina angusta
Zygina schneideri et Zygina flammigera
Source :
Zygina rubrovittata par Plant Parasites of Europe
mardi 15 août 2023
Ce papillon vert est venu le soir à la lumière et je le retrouve le lendemain matin endormi sur le drap blanc. Pseudoips prasinanus est un papillon de nuit très commun, ses chenilles mangent les feuilles des hêtres et également d’autres essences : chênes, charmes, aulnes, noisetiers, bouleaux. Il appartient à la petite famille des Nolidae.
Deux générations se succèdent dans l’année, l’une en mai et l’autre en juillet août.
Retrouvez d’autres papillons verts :
Merveilleux papillons verts
lundi 14 août 2023
Au bord du sentier, je peux glisser mon bac blanc sous les touffes de callunes et faire tomber dedans ces charmantes cicadelles. Je propose à l’une d’elles un rameau de cette plante pour faire une séance photos. Elle accepte sans rechigner ce support familier pour elle.
Sa tête large et aplatie est typique du genre Ulopa. Il semble qu’il existe deux espèces en Europe : celle-ci, Ulopa reticulata, assez commune, qui vit exclusivement sur Calluna vulgaris et Ulopa carneae qui vit en Allemagne et en Autriche sur une autre Ericaeae, Erica carnea.
Les Ulopa appartiennent à la famille des Ulopidae, ils étaient autrefois rattachés aux Cicadellidae.
Retrouvez un autre homoptère à tête plate :
Tettigometra
dimanche 13 août 2023
Cette lithosie aux ailes grises bordées de jaune mesure environ 2 cm de long. C’est une espèce très répandue. Celle-ci a traversé le chemin devant moi, en fin d’après-midi, et s’est posé sur une feuille de fusain d’Europe.
La chenille de Nyea lurideola se nourrit de lichens, on peut la rencontrer la nuit, au printemps, sur les troncs d’arbres. Cette espèce était autrefois nommée Eilema lurideola.
Retrouvez d’autres papillons dont les chenilles vivent sur les lichens :
Leurs chenilles mangent des lichens !
Leurs chenilles mangent des lichens (la suite) !
samedi 12 août 2023
J’observe ce coléoptère gourmand, probablement un Larinus turbinatus, tranquillement installé sur une inflorescence de cirse commun. Mais qui s’invite dans la scène ? Un bourdon, et pas n’importe lequel ! Deux bandes grises sur le thorax et l’arrière-train roux, c’est Bombus sylvarum !
Ce bourdon apprécie les prairies chaudes et bien fleuries. On peut le voir butiner de nombreuses plantes basses comme les trèfles, les lotiers et d’autres Fabaceae, des Lamiaceae, les Odontites.
Bombus sylvarum est en régression partout en Europe et c’est une espèce protégée en Ile-de-France.
Retrouvez un autre bourdon :
Le bourdon des prés
Sources :
Bombus sylvarum, par le Centre national de données et d’informations sur la faune de Suisse
Monographie des bourdons, par Bretagne vivante
vendredi 11 août 2023
Dans une clairière ensoleillée en forêt de Saint-Germain-en-Laye, cette belle punaise me toise du haut d’un épi fleuri de molène. Carpocoris purpureipennis, hétéroptère commun et polyphage, est facile à reconnaître. Mais il faut se garder de le confondre avec son sosie, Carpocoris pudicus !
Ces deux espèces très proches se distinguent ainsi : le scutellum (sur le dos) de Carpocoris pudicus présente un étranglement médian plus marqué que chez Carpocoris purpureipennis, formant une nette encoche, et les angles huméraux de son pronotum (les épaules) sont un peu moins aigus. J’avoue que c’est assez subtil ! Carpocoris pudicus n’est présente, à quelques exceptions près, que dans la moitié sud de la France.
Retrouvez un autre Pentatomidae :
Eysarcoris ventralis
Source :
Carpocoris purpureipennis, fiche descriptive dans l’INPN – Roland Lupoli (2020)
jeudi 10 août 2023
Le battage d’un rameau de charme en forêt de La Roche-Guyon me donne ce minuscule moucheron jaune et noir. Je crois un instant à un Chloropidae, mais il a une allure vraiment particulière. Il s’agit en fait d’Acrocera orbiculus, de la famille des Acroceridae. Et le scutellum jaune indique que c’est un mâle.
La face ventrale est toute bizarre. La tête semble se résumer à deux gros yeux et je ne distingue pas de pièces buccales. Peut-être que cette mouche ne se nourrit pas et ne vit que pour se reproduire !
Les mœurs de cette espèce sont singulières : ses larves sont des parasites internes de jeunes araignées (Amaurobiidae, Clubionidae, Lycosidae). Quel drôle de destin pour une mouche !
Retrouvez des parasites externes d’araignées :
Une araignée parasitée
Source :
Kehlmaier, Christian & Almeida, Jorge Mota, 2014, New host records for European Acroceridae (Diptera), with discussion of species limits of Acrocera orbiculus (Fabricius) based on DNA-barcoding, Zootaxa 3780 (1), pp. 135-152 : 138-139
mercredi 9 août 2023
Sur une terrasse sableuse d’alluvions de la Seine pousse une maigre pelouse. C’est l’endroit stratégique qu’a choisi André, un grand spécialiste des sésies, pour installer au raz du sol un petit diffuseur de phéromones. Plusieurs sésies mâles croyant trouver une femelle disponible arrivent très vite et tournent dans le secteur sans se poser. Il faut en capturer une au filet à papillons puis la transférer dans un tube transparent pour pouvoir l’observer. Sans surprise, il s’agit de Bembecia ichneumoniformis qui correspond à la formule chimique employée pour attirer cette espèce et aussi à sa plante hôte préférée, le lotier corniculé qui croît en abondance dans le secteur.
André replace le bouchon imbibé de phéromone dans son emballage étanche et nous tentons notre chance plus loin avec d’autres fioles pour tester la présence d’autres espèces de sésies, notamment Sesia apiformis en suspendant le piège olfactif sous un grand peuplier noir. Mais aucun mâle n’est venu. Ils étaient peut-être occupés ailleurs.
L’emploi de phéromones permet d’établir assez facilement la présence des sésies, ces papillons aux ailes en partie transparentes, d’ordinaire assez discrets. Mais il faut pour chaque espèce une bonne connaissance des plantes hôtes des chenilles, des périodes de vol et même des heures et conditions météo favorables.
La chenille de Bembecia ichneumoniformis se nourrit de racines de Fabaceae herbacées des pelouses sèches, telles que le lotier corniculé, l’anthyllide vulnéraire et l’hippocrépide fer-à-cheval.
Retrouvez une autre sésie :
La sésie de l’oseille
mardi 8 août 2023
Cette grosse bête poilue était cachée sous une pierre au bord de la Seine. Je la fais grimper sur une feuille pour mieux l’observer. A ses antennes composées de peu d’articles, je reconnais une punaise. Ses couleurs me rappellent certains réduves, mais c’est dans une autre famille que je la trouve, celle des Nabidae.
On dirait qu’elle veut descendre. Comme elle est incapable de voler, je la dépose à terre près son abri.
Prostemma guttula est prédatrice d’autres punaises. Il en existe une forme macroptère, plus rare, dont les ailes de taille normale couvrent l’abdomen.
Retrouvez un autre Nabidae :
Himacerus mirmicoides
Source :
Hémiptères Nabidae d’Europe occidentale et du Maghreb de Jean Péricart
lundi 7 août 2023
Il y a quelques années, j’ai rapporté des abords du ru de Poncy un drageon d’une jolie Asteraceae à fleurs jaunes, la pulicaire dysentérique. La plante a beaucoup d’avantages : elle fleurit abondamment en été, ses fleurs attirent toutes sortes d’insectes, elle forme un massif compact et les poules n’y touchent pas. Mais elle a l’inconvénient de s’étendre beaucoup par ses stolons souterrains. Je l’ai extirpée du potager où elle avait pris ses aises et j’ai gardé une belle touffe près du poulailler. Tous les matins, en allant ramasser les œufs, je scrute ses visiteurs ailés.
Ce couple de diptères aux ailes ornées me paraît très intéressant. J’en détermine l’espèce en cherchant chez les Tephritidae. Il s’agit de Myopites apicatus, une espèce justement inféodée à Pulicaria dysenterica !
Myopites apicatus se nourrit du nectar des fleurs en tube de la pulicaire. Elle est dotée pour cela d’une longue trompe pliable qui lui donne le profil de tête étonnant que l’on voit sur cette photo. Les œufs sont pondus dans les capitules.
Cette espèce est peu observée. Il faut dire qu’elle est discrète, je ne l’ai vu que l’espace d’un matin sur mes pulicaires. Apparemment, il faut de la chance pour tomber dessus.
Retrouvez une autre Tephritidae :
Dioxina bidentis
dimanche 6 août 2023
Quelle chance, cet odonate immobile nous laisse le photographier de tout près ! La teinte un peu laiteuse de ses ailes indique qu’il vient d’émerger. Son exuvie n’est peut-être pas loin mais nous ne l’avons pas trouvée.
La reconnaissance de l’espèce passe ici par l’examen de la nervation de l’aile antérieure. Dans la rangée indiquée par les flèches, moins de quatre cellules sont dédoublées (ici deux le sont). Il s’agit donc de l’espèce Orthetrum coerulescens. Dans le cas contraire, c’eût été Orthetrum brunneum.
Notre Orthétrum est un mâle, comme l’atteste la présence de pièces génitales sous l’abdomen, à l’avant. Il devrait être gris bleu mais, comme il est immature, il n’a pas encore sa teinte définitive. Ce sera l’affaire de quelques heures.
Dans les Yvelines, l’Orthétrum bleuissant est surtout présent dans le massif forestier de Rambouillet. Nous avons observé celui-ci près d’un ruisselet dans une tourbière.
Retrouvez un autre Orthétrum :
Orthetrum cancellatum
Source :
Orthetrum coerulescens, fiche descriptive dans l’INPN (P. Dupont -2016)
samedi 5 août 2023
Je vous ai déjà montré des individus immatures de cette espèce, voici les adultes.
Le mâle Icius subinermis présente une livrée très contrastée. J’ai trouvé celui-ci au bord de l’étang de la Vieille ferme, dans le bois pourri d’un peuplier effondré.
On le reconnaît à ses moustaches blanches sous les yeux et au fait que les bandes blanches sur le côté de son abdomen ne se joignent pas à l’avant. Chez cette espèce, les pattes antérieures des mâles sont plus sombres que les autres.
J’ai un faible pour la femelle, je la trouve très mignonne avec ses palpes poilus et ses pattes blondes. Elle n’était pas facile à repérer sur le plancher du grand ponton des bords de Seine.
Icius subinermis est une Salticidae qui progresse vers le nord. Elle est maintenant bien implantée en Ile-de-France. Elle affectionne particulièrement les berges des cours d’eau et des étangs.
Retrouvez une autre Salticidae :
La saltique orangée
vendredi 4 août 2023
Je ne croise pas tous les jours une nouvelle espèce d’odonate pour mon inventaire des arthropodes du parc du peuple de l’herbe. Alors aujourd’hui, je suis heureux de vous présenter un Onychogomphus mâle reconnaissable à ses incroyables pièces génitales en forme de crochet d’attelage.
Une vue de dessus et l’examen des dessins sur la tête et le thorax permettent d’identifier l’espèce Onychogomphus forcipatus. Il existe aussi un critère sur la nervation alaire. La partie la plus près du corps sur l’aile postérieure formant un triangle (nommée le triangle anal) contient trois cellules. Chez le mâle d’Onychogomphus uncatus, espèce plus méridionale, il en contient quatre.
Les larves aquatiques d’Onychogomphus forcipatus vivent dans les cours d’eau et les eaux stagnantes bien oxygénées.
Retrouvez un autre odonate des rivières :
Platynemis pennipes
Source :
Onychogomphus forcipatus, fiche descriptive dans l’INPN (J. Ichter – 2017)
jeudi 3 août 2023
J’ai voulu montrer des cloportes en soulevant une grosse pierre en haut d’une terrasse alluviale surplombant la Seine. Les personnes qui suivaient mon animation ont surtout vu une bête très énervée qui sautait dans tous les sens et que j’ai prise pour un gammare. Mais à la réflexion, dans un terrain aussi sec, ça ne peut pas être un gammare. J’y suis donc retourné pour étudier posément la chose.
Il s’agit bien d’un crustacé de l’ordre des amphipodes comme les gammares, mais celui-ci appartient à une autre famille, celle des Talitridae qui ont les premières antennes beaucoup plus courtes. En haut des plages de sable, sous les laisses de mer, on rencontre souvent Talitrus saltator, la puce de mer, qui est le représentant le plus connu de cette famille.
Cryptorchestia garbinii est une espèce invasive originaire des rives de la mer Noire et de la mer Caspienne. Elle est de mœurs terrestres, marche sur ses pattes et ne nage que lorsqu’elle tombe à l’eau. Son alimentation est variée : végétaux, petites proies vivantes ou mortes, détritus.
Chez les gammares aussi, on trouve des espèces invasives :
La crevette tueuse du Danube
Source :
Les Amphipodes de Bourgogne, par François GRAF
mercredi 2 août 2023
La photo mystère du mois d’août 2023 montrait un détail d’un mâle Lymantria dispar. Voici son portrait de face, correctement éclairé. Ces grandes antennes doublement pectinées permettent au mâle de repérer de loin les femelles, très peu mobiles.
Retrouvez un autre Erebidae :
L’écaille chinée
mardi 1er août 2023
Quel est ce drôle de lapin ? La réponse, demain !
lundi 31 juillet 2023
Nous marchons dans les hautes herbes et ce Crambidae s’envole devant nous. Le dessin sombre en forme de boomerang et l’absence de marque blanche sur l’aile sont les signes distinctifs de l’espèce Chrysoteuchia culmella.
Les rayures longitudinales sur l’aile peuvent être plus ou moins marquées ou même absentes comme sur la première photo.
Les chenilles de cette espèce très commune consomment la base des tiges de diverses graminées dans des milieux variés mais toujours herbeux.
Retrouvez de jolis Crambidae :
Cynaeda dentalis
Pyrausta purpuralis
Evergestis limbata
Sources :
Tribu des Crambini, par Lepiforum
The Common Grass Moths of Berkshire (VC22), une clé illustrée des Crambinae
dimanche 30 juillet 2023
Les longs palpes labiaux retournés vers l’arrière de ce papillon de nuit m’oriente vers la famille des Oecophoridae. Il est assez typique et je le détermine facilement. Metalampra italica semble associé à Lenzites betulinus, le Tramète du bouleau, champignon coriace qui pousse sur le bois mort de cet arbre. Ses chenilles creusent des galeries dans le champignon et le bois pourri à proximité.
Il vient parfois à la lumière, ce qui explique sa présence dans mon piège lumineux.
Retrouvez un autre Oecophoridae amateur de bois mort :
Esperia sulphurella
samedi 29 juillet 2023
On repère de loin cette solide Asteraceae des milieux humides car elle peut atteindre 1,50 m de hauteur. Les gracieuses inflorescences de l’eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum) attirent de très nombreux insectes, ce qui fait le bonheur du photographe !
Ici, un lepture tacheté broute ses pièces florales.
Les papillons de jour, comme cet amaryllis y puisent du nectar.
Mais c’est surtout l’écaille chinée, un papillon nocturne actif le jour, que l’on rencontre régulièrement sur cette plante qu’il butine volontiers.
Diverses coccinelles fréquentent aussi l’eupatoire lorsqu’elle est envahie de pucerons. Ici c’est une coccinelle à damier qui fait un festin.
Un voyage transatlantique ?
Des akènes surmontés d’aigrettes de soie succèdent aux fleurs. Très légers, ils s’envolent au moindre souffle. Il n’est pas interdit de penser que c’est par la voie des airs qu’est arrivée cette plante en Europe. En effet, l’eupatoire chanvrine est en Europe l’unique représentant de ce genre qui compte 42 espèces, pour l’essentiel américaines. En raison de son introduction très ancienne (peut-être 3 millions d’années !) elle est chez nous considérée comme indigène.
Retrouvez une autre Asteraceae :
Le doronic à feuilles de plantain
Source :
Eupatoire chanvrine : out of America, par Zoom Nature
vendredi 28 juillet 2023
Ce ptérophore venu à la lumière ne ressemble à rien de connu. Je le repère dans la galerie des Pterophoridae aux grosses touffes de poils roux sur ses pattes et au dessin caractéristique de ses ailes. Ce papillon aux ailes étroites vit là où poussent les églantiers car ses chenilles consomment les boutons floraux et les jeunes feuilles des rosiers sauvages. Le papillon vole en juin et juillet.
Retrouvez un autre ptérophore :
Amblyptilia acanthadactyla
jeudi 27 juillet 2023
Les tigres ont généralement trois côtes longitudinales sur le dessus du thorax. Celui-ci fait exception et cela facilite la détermination. Monosteira unicostata n’en a qu’une en position centrale.
C’est une espèce méridionale et polyphage sur les saules, les peupliers, les poiriers… Elle peut faire des dégâts importants sur les amandiers. J’ai trouvé celui-ci sur le lierre recouvrant un poteau de clôture de jardin, dans le Tarn.
La limite nord de la répartition de Monosteira unicostata en France semble être la région de Lyon.
Retrouvez un autre tigre :
Le tigre des consoudes
Source :
Monosteira unicostata, par e-phytia
mercredi 26 juillet 2023
Une abeille s’est fait prendre en visitant une fleur de scabieuse. Cette araignée crabe l’a mordue et en fait son repas. Verte et poilue comme ça, c’est une Heriaeus. Je parierais pour l’espèce Heriaeus hirtus, très commune dans tout le sud-est de la France, mais dans la Drôme, il paraît qu’on peut la confondre avec une espèce jumelle impossible à différencier sur photo. J’en resterai donc au genre.
Ces Heriaeus chassent cachées sous les fleurs. Couvertes de soies hirsutes, elles se confondent avec les bractées ou les sépales poilus de certaines plantes. Ceux de cette scabieuse ne le sont pas, mais cela n’empêche pas cette araignée de capturer des proies.
Retrouvez une autre araignée crabe :
Runcinia grammica
Source :
Heriaeus hirtus, fiche descriptive dans l’INPN (A. Canard – 2014)
mardi 25 juillet 2023
Descendant à pied la rue Guy Crescent pour aller acheter mon pain, je dépasse un troupeau de paparazzis devant le portail du centre d’entrainement du PSG. Ils n’ont pas vu que la vedette aux cuisses musclées est là, sur les fleurs d’achillée !
L’animal m’autorise quelques prise de vue avant de disparaître.
Syritta pipiens fréquente toutes sortes d’ombelles en été. Je retrouve ce joli syrphe sur un pied de carotte sauvage au bord de la Seine. Ses yeux sont écartés, c’est donc ici une femelle.
Cet étonnant fémur postérieur élargi, bicolore et denticulé permet d’identifier facilement cette espèce. Mais à quoi lui sert cette bizarre anatomie, me direz-vous ? J’avoue ne pas savoir répondre à cette question.
Les larves de Syritta pipiens se développent dans le compost et les matières fécales.
Retrouvez un autre syrphe aux cuisses remarquables :
Brachypalpus valgus