Je m’étais fixé un challenge, celui de photographier, identifier et saisir dans la base de données régionale 1000 espèces d’arthropodes observés dans le parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy. C’est avec une certaine émotion que je vous annonce que l’objectif est atteint avec ce joli coléoptère trouvé sur une fleur d’églantier !
Les larves d’Anthaxia nitidula sont xylophages et vivent dans les branches des Rosaceae arborescentes. Les adultes sont floricoles. Chez cette espèce le mâle a la tête et le pronotum vert brillant comme les élytres.
J’ai voulu montrer la chrysomèle de l’aubépine, Lochmaea crataegi, à un ami entomologiste mais mon battage de rameaux fleuris a fait chou blanc, je ne l’ai pas retrouvée. En revanche, plusieurs tenthrèdes jaunes ont atterri dans mon bac.
Je me suis concentré sur celle-ci, plus contrastée que les autres et à mon idée plus photogénique. Mais les plus fades ont permis une identification plus aisée ! Il s’agit de l’espèce Hoplocampa crataegi, d’aspect assez variable et inféodée aux aubépines. Sa larve se développe dans les fruits de ces arbustes.
C’est la deuxième donnée en Ile-de-France pour cette espèce sur notre base de données naturalistes régionale.
Autrefois du genre Anagalis, le mouron bleu est maintenant rattaché aux Lysimachia, tout comme le mouron rouge, une espèce proche. D’ailleurs, il faut prendre garde à ne pas confondre le mouron bleu, Lysimachia foemina et le mouron rouge Lysimachia arvensis dans sa forme à fleurs bleues. Pour cela, il faut compter les cellules qui composent les poils glanduleux sur le bord des pétales ! J’utilise un autre critère, la forme des feuilles, nettement plus arrondies chez le mouron rouge.
Cette Primulaceae ne semble pas très fixée quant à son schéma floral, sur ce pied se côtoient des fleurs à cinq, six et même huit pétales et étamines ! L’observation concerne un bord de verger abondamment traité. Peut-être s’agit d’un effet délétère des pesticides ?
Comme le mouron rouge, Lysimachia foemina est toxique. Il ne faut surtout pas en donner aux lapins !
Cette plante annuelle apprécie les sols secs et calcaires et les situations ensoleillées.
Elle trotte sur le paillage en bois broyé installé au pied d’un jeune arbre. Me voilà à quatre pattes à essayer de suivre cette toute petite araignée (4 mm). Dans mon bac blanc, c’est moins glamour que dans le gracieux enchevêtrement des morceaux de bois mais au moins on voit la bête.
Aulonia albimana est reconnaissable, comme le laisse deviner son nom, à ses « mains » blanches. Ce sont en fait ses pédipalpes qui présentent cette originale tache d’un blanc lumineux. Le fin liseré immaculé sur le pourtour de son céphalothorax noir ajoute au raffinement de sa livrée.
Fait inhabituel pour une Lycosidae, elle construit une toile pour chasser ses proies. Souvent installée dans la mousse, cette toile en entonnoir est prolongée par un tube en soie qui lui sert de retraite.
Ce joli papillon beige et rose est venu à la lumière dans un jardin du Lot. Ancylosis cinnamomella vole en deux générations, en avril mai et en juillet août. On a bien peu de certitudes quant aux plantes hôtes de la chenille : armoises, sedum âcre, globulaires ? Il vit dans des paysages de steppes et de prairies sèches. Ce Pyralidae plutôt méridional est présent en Ile-de-France dans le secteur de Fontainebleau.
Dans la pénombre de la forêt de bois-d’Arcy, cette drôle de mouche butine une fleur de géranium herbe-à-Robert. Elle enfonce ses très longues pièces buccales au plus profond de la corolle pour y puiser le nectar et ce faisant elle s’approche des étamines, récoltant au passage un peu de pollen sur son corps. Elle ira ainsi polliniser d’autres fleurs de ce beau géranium sauvage. Les abeilles et les papillons ne sont pas les seuls insectes pollinisateurs, les mouches comptent aussi et pour beaucoup !
Ses pattes postérieures sont frangées de longs poils aplatis. Ce critère et celui de la longueur de son proboscis me permettent de déterminer Empis pennipes. Cet Empididae printanier est le plus souvent observé sur les fleurs de Geranium robertianum.
Un troupeau de sérapias langues s’est posé dans une pâture à moutons.
Cette superbe prairie du causse de Caucalières près de la voie verte du chemin blanc est marquée par de très grands ronds de sorcières. Je tacherai de revenir à la saison des mousserons d’automne ! Pour l’heure, ce sont les orchidées qui ont la vedette. J’ai relevé les espèces suivantes : orchis pourpre, orchis singe, orchis homme-pendu, sérapias à labelle allongé, orchis bouffon, orchis bouc et puis cette belle station de sérapias langue.
Cette espèce méditerranéo-atlantique est très rare en Ile-de-France, surtout au nord de la Seine. La plante émettrait des parfums semblables à ceux de la femelle Ceratina cucurbitina, assurant ainsi la fécondation de ses fleurs par la visite des mâles de cet hyménoptère.
Invité par la ville d’Eragny-sur-Oise à venir compléter leurs animations dans le cadre du marché aux fleurs « Jardin et Nature en fête », je me rends au centre de loisirs Jeannette Largeau où se tient cette manifestation. Quelques membres du personnel de la ville me font l’honneur de partir avec moi à la découverte des petites bêtes du village et des bords de l’Oise.
Dans le jardin du centre de loisirs nous observons cette abeille solitaire endormie sur un brin d’herbe. Elle est agrippée non pas à l’aide de ses griffes mais uniquement par la force de ses mandibules. L’épaisse toison de ses pattes postérieures permet à cette Anthophora plumipes femelle de rapporter le pollen à son terrier.
Sur le trottoir près de l’église, au revers d’une feuille de rose trémière, ce puceron ventru et immobile interroge. Il a été parasité par un minuscule hyménoptère de la famille des Braconidae. Dans quelques jours, ses descendants vont sortir de cette momie en découpant un couvercle rond et ils prendront leur envol à la recherche d’autres pucerons à parasiter.
Ce charançon mordoré aux très gros yeux trouvé dans le feuillage d’un cornouiller sur la promenade des bords de l’Oise est un Polydrusus formosus. Il mange des feuilles d’arbres ou d’arbustes, sa larve se nourrit de racines.
Juste à côté, ces larves du coléoptère Pyrrhalta viurni, galéruque de la viorne, font un festin des feuilles d’une viorne obier. C’est la même espèce qui peut faire des trous dans les feuilles des lauriers tins.
Dans le jardin de la maison des Russes, cette coccinelle à quatorze points blancs, Calvia quatuordecimguttata, explore une fleur d’érable sycomore. C’est une prédatrice de pucerons, de psylles et d’acariens. Il n’est pas impossible qu’elle fasse de temps en temps un extra en se délectant de nectar et de pollen.
Le parc de Diane est bordé par la forêt domaniale de Bois-d’Arcy. Sur une pelouse arborée, j’observe cette fleur de renoncule habitée par un charmant couple d’insectes.
Ce sont des symphytes car ils n’ont pas la taille marquée comme les autres hyménoptères. A leur allure, je peux préciser le genre Athalia dans la famille des Tenthredinidae. Là commencent les difficultés car ce genre compte 15 espèces en France, très difficiles à distinguer. Les pattes antérieures jaunes et le dessous du thorax noir éliminent pas mal d’espèces. Et les renoncules sont données comme plantes hôtes de l’espèce Athalia bicolor qui est plausible au vu de cette photo.
Pour aller plus loin, il faudrait sacrifier ces insectes et solliciter l’aide de l’un des deux seuls experts de ce sous-ordre en France. Mon observation n’est sans doute pas capitale pour la science, aussi je décide d’en rester là. Ces Athalia ont pu continuer tranquillement leurs ébats.
Retrouvez une autre couple de tenthrèdes observé sur un bouton d’or :
Voici un papillon de nuit que l’on peut voir voleter le jour et butiner quelques fleurs au pied des haies ou en lisière boisée. Les chenilles de l’Alternée se nourrissent des gaillets, notamment de l’agaçant gratteron qui s’accroche aux vêtements du jardinier en longues guirlandes vertes.
Epirrhoe alternata vient facilement à la lumière. Il prend alors souvent, sur le drap blanc, cette pose ailes repliées.
Retrouvez un autre Geometridae qui vole parfois le jour :
Ce mystérieux insecte à visière translucide n’est autre qu’une coccinelle : Halyzia sedecimguttata. Celle-ci était cachée sous une feuille de ronce. Le bord des élytres aussi est curieusement aplati et transparent. Cette espèce commune consomme des champignons qui se développent sur des feuilles d’arbres ou d’arbustes. Je la trouve souvent dans les noisetiers, les chênes et les érables.
Je repère de loin comme un lamier pourpre géant au bord d’un ruisseau. Il s’agit d’un autre lamier, Lamium maculatum. Ses feuilles présentent souvent une large macule blanche sur la nervure centrale. Les grandes fleurs aussi sont maculées.
Cette espèce continentale est commune à l’est d’une ligne Bordeaux Paris. En Ile-de-France, elle est présente mais elle y est rare.
C’est une plante vivace facile à cultiver dans un sol riche et pas trop sec. Il en existe de nombreux cultivars adaptés pour la réalisation de couvre-sols en situation ombragée, avec un feuillage argenté ou panaché de blanc ou même jaune et des fleurs roses ou blanches.
Tout début janvier, je trouve cette mine dans une feuille de ronce au bord du chemin de halage.
Un coup d’œil à contre-jour permet de vérifier la présence de la chenille. C’est décidé, je prélève et je tente l’élevage.
Je scrute régulièrement le bocal d’élevage dans l’espoir d’une émergence. Les semaines passent, toujours rien. Fin avril enfin, je vois cette exuvie en partie sortie de la mine par une fente. Le papillon est là au fond du récipient, mais il est déjà mort.
J’avais déterminé la mine comme étant celle de Coptotriche marginea. Le papillon n’est pas en bon état mais la marge sombre sur l’aile antérieure correspond bien à cette espèce.
Ce sphinx est venu à la lumière de mon piège à papillons, je le découvre au matin au revers d’une des boites à œufs placées sous la lampe. Je lui suggère de déménager en douceur sur le tronc d’un vieux cerisier pour une photo qui le mette en valeur.
Il a des antennes assez épaisses et le bout de l’abdomen est relevé, je pense que c’est un mâle.
Les chenilles de Mimas tiliae se nourrissent sur les tilleuls et les ormes, occasionnellement sur les aulnes, les Prunus et d’autres arbres à feuilles caduques. Pour échapper aux prédateurs, elles se cachent sous la face inférieure des feuilles, le long d’une nervure.
Je longe le bras des Morteaux dans l’idée de récolter un petit panier de fleurs de robinier que je compte cuisiner en beignets. Las, c’est bien trop tôt, les grappes sont à peine formées !
De ci de là, je photographie quelques bestioles. Ce petit papillon (4 mm) est tombé d’un rameau d’érable négundo. Avec cette robe en lamé d’or rose et d’argent et cette audacieuse toque noire sur la tête, je lui trouve un chic fou. Suivant mon intuition, je cherche ce papillon de nuit dans la famille des Gracillariidae. Une espèce lui correspond tout à fait : Phyllonorycter schreberella, sa chenille mine les feuilles des ormes. Mon érable négundo est entouré d’ormes, il vient de ces arbres assurément. Le bout des antennes blanc n’est pas un artefact, c’est une caractéristique de cette espèce.
Ce papillon vole en avril et en mai, et pour la génération estivale en août et en septembre.
Cette observation de Phyllonorycter schreberella est une première pour la base de données naturalistes régionale. Je ne reviens pas bredouille de ma sortie !
On me montre ces orchidées au bord de la route, j’étais passé devant sans les remarquer. Il faut dire qu’il en est de plus voyantes, comme l’orchis pourpre. Orchis anthropophora pousse un épi longiligne et ses fleurs discrètes sont verdâtres.
Le pétale occupant la partie basse de le fleur, nommé labelle chez les orchidées, a, vu de près, une forme singulière : ses quatre divisions évoquent une silhouette humaine, d’où son nom vernaculaire d’homme-pendu.
Je rencontre cette orchidée dans des sous-bois clairs sur sol calcaire, souvent en situation de lisière. En Ile-de-Fance, Orchis anthropophora est assez fréquent dans le Gâtinais et la région de Fontainebleau, il est beaucoup plus rare dans le reste de la région.
Un rayon de soleil, et ils sont là par dizaines à se pavaner sur les jeunes feuilles de marronnier ! Trouveront-ils tous l’amour ?
Ces minuscules papillons, Cameraria ohridella, sont inféodés au marronnier d’Inde. Leurs chenilles minent les feuilles de cet arbre, occasionnant de larges cloques blanchâtres puis brunes particulièrement disgracieuses. Plusieurs générations peuvent se succéder dans l’année.
A la lueur de ma lampe frontale, j’inspecte un charme et bat quelques rameaux. A l’évidence, la saison de reproduction des Phyllobius oblongus est bien lancée, et la fraicheur de cette nuit d’avril ne réduit pas les ardeurs des nombreux couples qui se sont rassemblés dans son feuillage.
Ce individu célibataire qui gambade sous le rebord de mon bac a une allure singulière. Ses élytres, au lieu d’être bruns comme l’exige le standard de cette espèce, sont d’un beau noir profond. Il s’agit là d’une variation connue mais pas très commune. Je suis content d’avoir rencontré ce curieux charançon, à défaut de papillons de nuit, trop frileux pour se montrer ce soir.
Intrigué par cette mine sur les feuilles d’iris fétide, j’ai entrepris de faire l’élevage de l’insecte responsable. J’ai placé dans un bocal aéré un morceau de feuille minée contenant une pupe et j’ai attendu.
Au bout de quelques semaines, une mini mouche a émergé. Voici donc l’adulte de l’espèce Cerodontha iridis ! Il est très peu coloré et ses ailes sont laiteuses, cela indique qu’il vient tout juste d’émerger. Le lendemain, ce diptère a pris son allure définitive. Apte au vol, je l’ai alors relâché dans le jardin.
Voici un autre adulte, dans son aspect définitif, élevé en Seine-et-Marne par mon ami Lucien en même temps que moi. On constate que le corps et les nervures des ailes ont une belle teinte sombre. L’avantage de ma photo à un stade précoce, c’est qu’elle rend plus visible la pilosité, dont l’observation est très utile pour déterminer les diptères.
Ce papillon est venu à la fenêtre, attiré par la lumière du salon. Il offre à mon regard son gracieux éventail de plumes. Je reconnais Alucita hexadactyla de la famille des Alucitidae. Ses ailes antérieures qui présentent de grandes taches sombres sont divisées en six parties très étroites, chacune bordée de longs poils, donnant cet aspect de plumes. Les ailes postérieures que l’on voit ici en partie, sont disposées plus près du corps. Elles sont semblables aux antérieures et également composées de six « plumes » mais n’ont pas de taches sombres.
Cet hétérocère est un habitué de mon jardin où pousse en abondance le chèvrefeuille, sa plante hôte.
Retrouvez un autre gracieux papillon de nuit de mon jardin :
Au bord de la route des Loges, en forêt de Saint-Germain-en-Laye, les euphorbes faux-amandiers (Euphorbia amygdaloides) sont en fleur.
Sur une sommité fleurie, je repère cette curieuse punaise aux pattes et aux antennes bicolores. Elle fait partie de la famille des Stenocephalidae, proche des Alydidae, qui ne comprend qu’un seul genre, Dicranocephalus. Comme sa membrane a un aspect gaufré entre les nervures, il s’agit de Dicranocephalus agilis. Cette espèce assez commune ne se nourrit que sur les euphorbes.
Retrouvez une autre observation sur une euphorbe :
Un gros charançon de plus de 1cm se précipite sur moi et s’accroche à ma manche. Heureusement mon bac n’est jamais bien loin. Je le fais tomber dedans. Les taches noires sur son ventre vont m’aider à le déterminer. Je le retourne doucement pour la photo de profil dont j’ai besoin.
Ses rayures au dessin particulier caractérisent l’espèce Mecaspis alternans. On peut le voir au sud de la Loire de mars à août. Les femelles pondent au collet des carottes et des panais et leurs grosses larves dévorent les racines de ces plantes puis se nymphosent dans le sol.
J’ai trouvé trace de sa présence en Ile-de-France en 1901, plus précisément dans les champs de carottes de la plaine de Carrières-sur-Seine où il faisait de gros ravages !
J’entreprends avec mon ami Jean-Louis de gravir un coteau escarpé surplombant la vallée du Lot. La vue dégagée pourrait nous permettre d’observer quelques rapaces qui nichent dans le secteur : faucons pèlerins et hobereaux, aigles bottés, circaètes Jean-le-blanc. Ce matin, c’est une fauvette passerinette qui nous fait l’honneur d’un concert et d’une courte visite.
Je jette un œil sous quelques pierres pour découvrir la petite faune locale. Sous l’une d’elle je repère cette superbe saltique, au repos dans une fine loge de soie.
Elle se tient gentiment tranquille dans mon bac blanc le temps d’une photo. Je n’en avais jamais vu de semblable, pourtant Philaeus chrysops, la saltique sanguinolente, est présente dans presque toute la France. Il s’agit de l’une des plus grosses saltiques d’Europe. Elle chasse à l’affût des mouches et d’autres petits arthropodes. Cette espèce affectionne les milieux chauds et secs. On la rencontre souvent dans des pierriers.
Ici, c’est un mâle, la femelle n’ayant pas ce rouge éclatant. Elle a même une allure totalement différente !
J’ai le privilège de visiter une grange troglodytique dans la vallée du Lot. En présence du propriétaire, je me mets en quête de cloportes en soulevant quelques objets poussiéreux. Tiens, cette vielle poterie par exemple… En trois secondes, je retrouve les trousseaux de clés égarés depuis vingt ans !
Ce cloporte, caché sous une pierre dans la partie la plus obscure de cet abri sous roche, se réveille à la lueur de mon appareil photo. Son aspect poilu et les taches sur son corps m’orientent vers l’espèce Chaetophiloscia cellaria qui vit justement dans ce type de milieu. Originaire d’Italie, il est cependant présent en Ile-de-France, dans le secteur ou habite mon ami Lucien, auteur de la clé des isopodes d’Ile-de-France. Plus exactement, il a déjà été trouvé là où un amateur de cloportes s’est donné la peine de le chercher !
Je débusque ce curieux insecte caché dans le lierre couvrant le tronc d’un gros chêne. Ce n’est pas une grande fourmi volante ni une petite libellule, c’est le représentant d’un ordre peu connu du grand public, celui des plécoptères. Les entomologistes amateurs s’y intéressent peu car les déterminations de ces insectes volants sont difficiles et nécessitent l’examen des pièces génitales. Sur celui-ci la nervation en croix dans la zone radiale (au milieu de l’aile) m’oriente vers la famille des Nemouridae, et j’en resterai là..
Les larves des plécoptères sont aquatiques. L’examen à la loupe binoculaire de ces larves, plus faciles à trouver et à capturer que les adultes, permet de distinguer les espèces. Cela reste l’affaire de spécialistes.
Retrouvez un autre insecte dont la larve est aquatique :
Toujours saisi d’une frénésie printanière de battage d’aubépines, je récolte, juste derrière la Maison des insectes, ce joli coléoptère tout ponctué de partout. Cette chrysomèle est nommée Lochmaea crataegi parce qu’elle vit sur les aubépines (Crataegus en latin). Sa larve en effet se développe à l’intérieur des cenelles, les fruits de ces arbustes. Je vous ai déjà montré cette espèce, mais je la trouve photogénique et elle est très rarement observée. Alors je ne résiste pas à l’envie de lui consacrer un nouvel article.
Le genre Lochmaea compte seulement trois espèces en France selon l’INPN :
Lochmaea capreae, polyphage, souvent sur les saules,
Lochmaea crataegi, sur les aubépines, les prunelliers et les sorbiers,
Lochmaea suturalis, sur les callunes exclusivement.
Retrouvez un autre insecte dont la larve vit dans les cenelles :
Au cœur du causse Méjean, je suis touché par la grâce de ce bleuet qui s’est invité dans un maigre champ de céréales. Cette fleur est visitée par la magnifique punaise Miridae Calocoris roseomaculatus, ce qui ne gâche rien !
Espèce originaire d’Asie occidentale, le bleuet, Cyanus segetum, est une plante messicole qui a été introduite avec la culture des blés et des orges dans toute l’Europe et en Amérique du Nord. Les fourmis apprécient ses graines et participent à la dispersion locale de cette plante.
La Reine Marie-Antoinette était une inconditionnelle du barbeau, autre nom du bleuet. La décoration aux motifs de barbeaux de son appartement au Petit Trianon en laisse le témoignage.
J’ai retrouvé ce motif sur une assiette ancienne. Une recherche sur internet m’oriente vers la manufacture de la reine, rue Thiroux à Paris, fondée en 1776 et placée sous la protection de la reine Marie-Antoinette. Elle y passa de nombreuses commandes de vaisselle pour son usage personnel et pour offrir à ses connaissances. Aussi les peintres de la manufacture n’omettaient pas de placer dans leurs décors quelques barbeaux.
La manufacture produisit de très nombreuses pièces que l’on voit parfois passer dans les salles des ventes : assiettes et plateaux, terrines à lait, rafraichissoirs à verre, légumiers, sucriers, bouquetières, verseuses, jattes, salières, caquelons, théières… Elle cessa définitivement ses activités en 1804.
Ne cherchez pas la rue Thiroux sur un plan de Paris, elle a été absorbée par la rue Caumartin.
Je profite d’une promenade dans le Lot pour observer, devinez quoi, quelques insectes au bord du chemin. Cette coccinelle au look inhabituel se cache dans une ombelle de fleurs d’achillée. Cherche-t-elle des pucerons ? Elle est peut-être seulement intéressée par le pollen car cette aphidiphage en consomme parfois. Je la prends dans ma main pour mieux l’observer.
La disposition des quatorze taches sur les élytres et le dessin noir et blanc du pronotum permettent de reconnaître Coccinula quatuordecimpustulata. Cette espèce se plaît dans les milieux secs, de préférence calcaires, où elle fréquente la végétation herbacée. Assez commune au sud de la Loire, elle est très peu observée en Ile-de-France.
Les collections de porte-clés recèlent parfois des trésors ! Celui-ci fait la promotion d’un produit formicide nommé BASFORMID. Chose étonnante, il contient en inclusion une grosse fourmi ! Grâce à la forme de sa tête très particulière, je la rapporte au genre Atta, comprenant de très nombreuses espèces vivant en Amérique du Sud et en Amérique centrale.
Je trouve peu d’informations sur ce pesticide qui n’est plus commercialisé. Un article de 1966 rapporte un essai de destruction de trois espèces du genre Atta au Brésil à l’aide de la spécialité BASFORMID F.214.
Ces fourmis sont surnommées fourmis-manioc car elles défolient cet arbuste mais aussi de très nombreuses autres plantes cultivées, comme les citronniers, les caféiers, les cacaoyers, la canne à sucre, le maïs, les plantes potagères… Elles rapportent dans leur nid souterrain les feuilles ainsi découpées sur lesquelles va se développer un champignon dont elles se nourrissent. Ce sont les fameuses fourmis coupeuses de feuilles !
Certaines espèces mexicaines du genre Atta sont traditionnellement cuisinées en ragoût ou en friture, et servies avec de la sauce piquante.
BASF indique que le logo qui orne ce porte-clé a été en vigueur en 1952 et 1953.
Voici un genre de Carabidae aisément reconnaissable : rouge cuivré avec des reflets verts et les deux premiers articles des antennes orange, c’est un Poecilus. Cela se complique pour aller à l’espèce. Sur cette photo, il est impossible de distinguer Poecilus cupreus de son jumeau Poecilus versicolor dont les élytres sont un tout petit peu plus étroits.
On trouve ces Carabidae surtout dans les prés et dans les champs où ils se nourrissent de limaces, de petits insectes et aussi parfois de graines. J’ai trouvé celui-ci en forêt de Marly.
Ce petit monstre cornu suspendu à une branchette de chêne est une galle, elle s’est développée l’an dernier à l’emplacement d’un bourgeon. Ses occupants sont sortis en perçant des trous ronds. Je la détache et la glisse dans ma poche. La promenade n’est pas finie, les mousserons de la Saint-Georges nous attendent un peu plus loin, au détour d’un sentier forestier. Ils sont très en avance cette année !
Je n’ai jamais vu de galle semblable, elle mérite une recherche. De retour à la maison, je me lance dans la volumineuse clé des galles sur chênes du site Plant Parasites of Europe et j’arrive à l’espèce Andricus coriarius. Cet hyménoptère Cynipidae est présent en Provence, mais aussi aux Pays-Bas. Après validation par les experts ad hoc, j’ai le plaisir d’enregistrer une première donnée francilienne pour cette espèce.
Ces coléoptères de 3mm se bousculent sur les fleurs des aubépines, et plus tard sur celles des ronces et des églantiers où ils se nourrissent de pollen et de nectar. A la moindre alerte, ils se laissent tomber. Le genre Anaspis comprend plusieurs espèces, celle-ci, Anaspis fasciata, se reconnaît facilement aux taches jaunes sur les élytres noirs. Les larves, détritivores, vivent dans le bois pourri et sous les écorces.
Retrouvez un autre insecte observé sur une aubépine :
On m’a indiqué une belle station de corydales dans le parc Messonnier. Elles sont au rendez-vous sur un talus à mi-ombre.
Les bractées florales sont grossièrement dentées et l’éperon de la fleur est dressé, à peine incurvé à son extrémité. Il s’agit donc de Corydalis solida, de la famille des Papaveraceae.
Cette plante est très rare dans notre région, classée en danger d’extinction dans la liste rouge de la flore vasculaire d’Ile-de-France. Comme nous sommes dans le parc d’un très ancien domaine, il n’est pas exclu que ces corydales aient été plantées à des fins décoratives il y a très longtemps et qu’elles se soient durablement installées. En tout cas, de mémoire de vieux jardinier, on les a toujours connues là.
La corydale solide est toxique. Son odeur qui rappelle l’eau de vie de poire et le jasmin est si caractéristique qu’elle sert de référence pour reconnaître une espèce de champignon, l’inocybe à odeur de corydale (Inocybe corydalina).
Un peu plus loin, au bord d’un chemin, je découvre une autre station de corydales. Mais elles semblent différentes : les bractées florales sont toutes entières et l’éperon est nettement courbé. C’est une autre espèce, Corydalis cava. Pour celle-ci, il n’y a pas de doute, sa présence ne peut s’expliquer que par une intervention humaine. En effet, la corydale creuse largement présente en Europe centrale n’est pas réputée indigène en Ile-de-France.
Corydale creuse, corydale solide, de quoi parle-t-on ? C’est à la texture de leurs tubercules que ces plantes doivent leur nom d’espèce !
Retrouvez une autre jolie fleurette du printemps :
Je secoue deux branches basses d’un grand saule blanc en fleur au bord de la Seine. La pêche est-elle bonne ? Un minuscule coléoptère d’à peine 3 mm est tombé dans mon bac, c’est maigre ! Mais vu de tout près, c’est un véritable bijou.
Crepidodera aurata vit sur les saules dont il grignote les feuilles. Ici, c’est une rare forme à élytres bleus, ordinairement ils sont verts. Les fémurs postérieurs volumineux de cette espèce lui permettent de disparaître d’un bond en cas d’alerte.
Cela fait quelque temps que je remarque ces traces blanchâtres sur les feuilles de l’iris gigot, cet iris sauvage qui pousse dans nos bois calcaires. J’accusais la langue râpeuse des escargots. Mais c’était bien à tort !
A y regarder de plus près, la feuille est rongée de l’intérieur, c’est une mine. On voit ci-dessus le responsable. Il s’agit d’un diptère de la famille des Agromyzidae, Cerodontha iridis. il est ici à l’état de nymphe (pour les diptères, on dit pupe). Apparemment, c’est la seule espèce qui mine les feuilles d’Iris foetidissima.
Cerodontha iridis n’est signalé par Gbif qu’en Angleterre. Mais dans mon coin, j’en vois partout ! Mon observation serait-elle vraiment une première pour la France ? Peut-être est-ce une nouvelle espèce invasive ? Ou alors une indigène passée sous les radars jusque-là…
Je lance une grande enquête : qui d’autre voit cette mine caractéristique sur cette plante et où ?
Je retourne un bout d’écorce de platane. Une araignée sort bien vite de son cocon, et je la perds, je crois que c’était une Clubiona. Mais je repère un autre locataire, immobile : un charmant coléoptère rouge et noir. Je l’extrais de là délicatement pour l’observer.
Il se réveille et parcourt mon bac. Comme son pronotum porte deux pointes dirigées vers l’arrière, je vais le chercher chez les Elateridae (en français les taupins).
En tentant de s’échapper, il glisse et se retrouve sur le dos ! Il fait le mort, toutes pattes repliées.
Mes photos terminées, je le libère au pied de l’arbre. Avec ce look très particulier, Cardiophorus gramineus est facile à identifier. Les larves de cette espèce sont prédatrices et vivent dans les cavités des arbres feuillus.
Aujourd’hui, je bats des aubépines ! Elles sont en pleine floraison et forcément, je vais trouver des insectes. Ce petit papillon de nuit (4mm) d’aspect très sombre dans mon bac a eu l’amabilité de ne pas s’envoler tout de suite et j’ai pu prendre cette photo qui m’a permis de l’identifier.
Pammene rhediella semble inféodé aux Rosaceae arbustives, essentiellement les pommiers et les aubépines mais on l’observe aussi parfois sur les fleurs du cornouiller sanguin. Comme ce papillon ne vient pas à la lumière, c’est généralement en battant les aubépines qu’il est observé.
La larve passe l’hiver dans les fruits de sa plante hôte et le papillon émerge au printemps, avec un pic de vol en avril.
Mon observation est une deuxième donnée pour l’Ile-de-France dans la base de données régionale.
Je connais un vieux sureau au bord d’un chemin à Thiverval-Grignon. L’an dernier son tronc était couvert de fructifications de l’oreille de Judas. Cette année, elles sont racornies et l’écorce part en lambeaux. C’est là que je trouve ce coléoptère brillant aux reflets violacés. Platydema violacea, ténébrion mycophage est justement souvent cité sous les écorces des sureaux attaqués par ce champignon. Mais on le rencontre aussi sur le bois dégradé d’autres arbres feuillus.
Sur cette photo, on voit bien sur le pronotum les quatre fossettes et le rebord latéral fin et marqué qui se prolonge vers l’avant.
D’un seul coup de filet, on peut parfois récolter des collemboles de plus de dix espèces différentes qui cohabitent dans le même milieu. C’est tout un monde fascinant qui grouille dans la litière et la végétation basse. Leur très petite taille ne facilite cependant pas leur étude.
Celui-ci, obtenu en balayant quelques herbes, mesure 2,5mm environ, sans les antennes. Je l’ai isolé à cause de la tache noire au bout de son abdomen qui lui donne un look singulier. Elle me permet en effet de reconnaître l’espèce Entomobrya muscorum. Les Entomobrya sont de bons sauteurs, lorsqu’ils déploient leur furca, organe de saut ventral, ils peuvent faire des bons de 16 cm et ils s’échappent souvent assez vite de mon bac d’observation !
Non, cette bestiole n’est pas issue d’un improbable croisement entre un moustique et un lapin de Pâques ! Il s’agit d’un diptère Chironomidae nommé Psectrotanypus varius. Ses larves aquatiques se contentent d’une eau même très polluée. Aussi, l’espèce n’est sans doute pas très rare. Ici c’est un mâle, ses antennes plumeuses ne sont pas déployées et ont une forme en fuseau qui évoque celle des oreilles de lapin. Peut-être venait-il juste d’émerger ? Il n’était d’ailleurs pas très vif. Ce diptère, trouvé au bord d’une mare forestière, est venu à mon dispositif de lumière noire.
Des chercheurs de l’INRAE viennent de réaliser l’incroyable croisement entre un moustique et un lapin. Toute l’affaire sera révélée dans notre article de demain !
Avec ces ailes en pointe, c’est sûrement un Triozidae. Et sur sa plante hôte, trop facile, c’est Lauritrioza alacris ! J’ai en effet obtenu ce petit homoptère en secouant des branches de laurier sauce qui dépassent d’un jardin sur la rue.
Voici le dégât caractéristique que font ses larves sur les feuilles de Laurus nobilis. Cette galle enroulée sur le bord du limbe leur sert d’habitat et maintient ces suceurs de sève à l’abri des prédateurs. Ici, c’est une galle de l’été dernier car elle est toute desséchée. La courbure de la feuille induite par la formation de la galle permet de repérer la présence de ce ravageur en toutes saisons.
J’ai trouvé une jolie cicadelle rare au parc du peuple de l’herbe dans un prunellier en fleur, voyons si je peux la trouver aussi en forêt de Saint-Germain-en-Laye. J’explore le secteur de l’ancien champ de tir où les prairies sèches sont bordées d’aubépines et de prunelliers. Elle n’y est pas, ou alors je n’ai pas la bonne technique de chasse. Mais ce petit charançon est un sympathique lot de consolation. C’est le péritèle gris, Peritelus sphaeroides, une espèce commune au printemps sur les arbustes. On le reconnaît aux deux bandes sombres obliques sur les élytres. C’est l’un des charançons ravageurs de la vigne dont il mange les bourgeons.
La Seine en décrue a laissé sur les berges enherbées un long ruban de débris flottants constitués pour l’essentiel de fragments de roseaux, de billes de polystyrène expansé, de bois et de récipients en plastique. C’est une aubaine pour les cloportes et les collemboles ! Les prédateurs aussi en profitent, tel ce beau Carabidae à reflets verts métalliques, Harpalus affinis. Cette espèce est très commune mais je ne l’avais encore jamais observée dans le parc du peuple de l’herbe. Je l’ajoute dans l’inventaire !
Cette curieuse encoche sur son tibia antérieur m’intrigue. Il s’agit en fait d’un peigne pour lisser les antennes !
La présence de ces poils très fins sur la partie apicale des élytres permet d’être sûr de l’espèce. Il m’a fallu travailler un moment l’éclairage pour les mettre en évidence.
Les cicadelles Typhlocybinae vont bientôt quitter les ronces pour retourner dans les arbres. Je tente d’en trouver encore quelques-unes, mais c’est une petite punaise que je récolte dans mon bac. Comme elle est accommodante, je lui propose une feuille de ronce pour la séance photo.
Drymus sylvaticus est un membre de la famille des Rhyparochromidae. Cette punaise n’est pas rare mais on ne sait rien de sa biologie. Je suis content de l’avoir rencontrée, cela fait une espèce de plus pour l’inventaire des arthropodes du parc du peuple de l’herbe.
A l’invitation de La Salamandre verte, je suis venu avec deux autres membres de l’OPIE visiter la prairie communale du Mesnil-le-Roi et conseiller les membres de cette association désireuse de s’investir dans une démarche d’inventaire des insectes. Ce fut aussi l’occasion de capturer et présenter quelques petites bêtes à un public curieux et motivé.
Récoltée au filet à papillons dans les herbes mouillées par l’averse, cette abeille sauvage a l’air de sortir de la douche ! C’est un mâle car ses pattes postérieures ne sont pas équipées pour la récolte du pollen. Il s’agit peut-être de l’espèce Andrena nitida, mais la détermination des mâles d’andrènes est très délicate.
L’exploration de vielles billes de bois entassées au sol nous donne plusieurs individus de cétoine punaise, coléoptère dont la larve est xylophage. Des nymphes d’autres espèces sont prélevées afin d’être mises en élevage à la Maison des insectes, elles pourront ainsi, à l’éclosion des adultes, être déterminées avec certitude.
La forme en cœur de son pronotum et ses larges mandibules permettent de reconnaître Leistus fulvibarbis, un carabe prédateur de petits insectes et de collemboles. Je le rencontre parfois sous les écorces de troncs décomposés.
Voyez-vous sur son abdomen le dessin des deux chevrons qui valent à cette Anyphaena accentuata son surnom d’araignée Citroën ?
Je récupère cette jolie coccinelle à damier en prospectant un roncier au bord de la noue. Bien malin qui peut dire si elle est noire à motifs jaunes ou l’inverse !
Retrouvez les portraits des arthropodes cités dans cet article :
Un tas de sciure grossière m’intrigue au pied d’un vieux saule. J’espère débusquer un insecte xylophage en fouillant dedans à l’aide d’un bâton. Je ne m’attendais pas à y trouver un staphylin ! Il est de bonne taille (13mm) mais ce n’est pas lui qui a produit toute cette sciure, en revanche l’endroit lui convient bien. Othius punctulatus est un Staphylinidae commun de la litière. On le trouve souvent sous les mousses et au pied des arbres. Il se nourrit des œufs et des larves d’autres insectes.
L’observation de la ponctuation de la tête, du thorax et des élytres est généralement nécessaire pour déterminer les staphylins. En raison des tarses des pattes antérieures élargis, je pense que celui-ci est un mâle.
En fouillant dans une grosse motte de terre, un participant de la sortie carabes de l’OPIE a mis au jour une loge d’hivernage d’une reine de frelon. Il s’agit ici du frelon européen, Vespa crabro, un peu plus gros et moins sombre que le frelon asiatique. Chez les frelons, seules les reines fécondées passent l’hiver. Le printemps venu, à leur réveil, elles cherchent un territoire propice pour fonder une nouvelle colonie qui ne vivra que jusqu’à l’entrée de l’hiver suivant. Ces jeunes reines régulent naturellement leur nombre en se livrant à des combats sororicides. C’est pourquoi les piégeages de printemps des reines de frelons sont totalement inutiles et comme les pièges ne sont pas sélectifs, ils nuisent à la biodiversité.
dimanche 12 mai 2024
Je m’étais fixé un challenge, celui de photographier, identifier et saisir dans la base de données régionale 1000 espèces d’arthropodes observés dans le parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy. C’est avec une certaine émotion que je vous annonce que l’objectif est atteint avec ce joli coléoptère trouvé sur une fleur d’églantier !
Les larves d’Anthaxia nitidula sont xylophages et vivent dans les branches des Rosaceae arborescentes. Les adultes sont floricoles. Chez cette espèce le mâle a la tête et le pronotum vert brillant comme les élytres.
En route pour les 2000 espèces !
Retrouvez d’autres Anthaxia :
Quelques Anthaxia du Midi
Quelques beaux coléoptères du parc du peuple de l’herbe :
Le cycliste maillot-vert
Le zombie à pattes bleues
Rhynchites bacchus
Source :
Anthaxia nitidula, fiche descriptive dans l’INPN (H. Bouyon – 2018)
samedi 11 mai 2024
J’ai voulu montrer la chrysomèle de l’aubépine, Lochmaea crataegi, à un ami entomologiste mais mon battage de rameaux fleuris a fait chou blanc, je ne l’ai pas retrouvée. En revanche, plusieurs tenthrèdes jaunes ont atterri dans mon bac.
Je me suis concentré sur celle-ci, plus contrastée que les autres et à mon idée plus photogénique. Mais les plus fades ont permis une identification plus aisée ! Il s’agit de l’espèce Hoplocampa crataegi, d’aspect assez variable et inféodée aux aubépines. Sa larve se développe dans les fruits de ces arbustes.
C’est la deuxième donnée en Ile-de-France pour cette espèce sur notre base de données naturalistes régionale.
Retrouvez une autre tenthrède à dominante jaune :
La tenthrède du rosier
vendredi 10 mai 2024
Autrefois du genre Anagalis, le mouron bleu est maintenant rattaché aux Lysimachia, tout comme le mouron rouge, une espèce proche. D’ailleurs, il faut prendre garde à ne pas confondre le mouron bleu, Lysimachia foemina et le mouron rouge Lysimachia arvensis dans sa forme à fleurs bleues. Pour cela, il faut compter les cellules qui composent les poils glanduleux sur le bord des pétales ! J’utilise un autre critère, la forme des feuilles, nettement plus arrondies chez le mouron rouge.
Cette Primulaceae ne semble pas très fixée quant à son schéma floral, sur ce pied se côtoient des fleurs à cinq, six et même huit pétales et étamines ! L’observation concerne un bord de verger abondamment traité. Peut-être s’agit d’un effet délétère des pesticides ?
Comme le mouron rouge, Lysimachia foemina est toxique. Il ne faut surtout pas en donner aux lapins !
Cette plante annuelle apprécie les sols secs et calcaires et les situations ensoleillées.
Retrouvez une autre lysimaque :
La lysimaque vulgaire
Source :
Mouron bleu, par le Conservatoire national botanique de Brest
jeudi 9 mai 2024
Elle trotte sur le paillage en bois broyé installé au pied d’un jeune arbre. Me voilà à quatre pattes à essayer de suivre cette toute petite araignée (4 mm). Dans mon bac blanc, c’est moins glamour que dans le gracieux enchevêtrement des morceaux de bois mais au moins on voit la bête.
Aulonia albimana est reconnaissable, comme le laisse deviner son nom, à ses « mains » blanches. Ce sont en fait ses pédipalpes qui présentent cette originale tache d’un blanc lumineux. Le fin liseré immaculé sur le pourtour de son céphalothorax noir ajoute au raffinement de sa livrée.
Fait inhabituel pour une Lycosidae, elle construit une toile pour chasser ses proies. Souvent installée dans la mousse, cette toile en entonnoir est prolongée par un tube en soie qui lui sert de retraite.
Retrouvez une autre Lycosidae :
La lycose tarentuline
Source :
Aulonia albimana, fiche descriptive dans l’INPN (A. Canard – 2014)
mercredi 8 mai 2024
Ce joli papillon beige et rose est venu à la lumière dans un jardin du Lot. Ancylosis cinnamomella vole en deux générations, en avril mai et en juillet août. On a bien peu de certitudes quant aux plantes hôtes de la chenille : armoises, sedum âcre, globulaires ? Il vit dans des paysages de steppes et de prairies sèches. Ce Pyralidae plutôt méridional est présent en Ile-de-France dans le secteur de Fontainebleau.
Retrouvez une autre phycide :
Acrobasis advenella, la phycide de l’aubépine
mardi 7 mai 2024
Dans la pénombre de la forêt de bois-d’Arcy, cette drôle de mouche butine une fleur de géranium herbe-à-Robert. Elle enfonce ses très longues pièces buccales au plus profond de la corolle pour y puiser le nectar et ce faisant elle s’approche des étamines, récoltant au passage un peu de pollen sur son corps. Elle ira ainsi polliniser d’autres fleurs de ce beau géranium sauvage. Les abeilles et les papillons ne sont pas les seuls insectes pollinisateurs, les mouches comptent aussi et pour beaucoup !
Ses pattes postérieures sont frangées de longs poils aplatis. Ce critère et celui de la longueur de son proboscis me permettent de déterminer Empis pennipes. Cet Empididae printanier est le plus souvent observé sur les fleurs de Geranium robertianum.
Retrouvez un autre Empididae :
L’empis marqueté
Sources :
Vincent Lefebvre. Origine de la diversité des insectes pollinisateurs d’altitude : le cas des diptères Empidinae dans le Parc National du Mercantour. Ecologie, Environnement. Museum national d’histoire naturelle – MNHN PARIS, 2017. Français. ffNNT : 2017MNHN0019ff. fftel-02377138f
Le géranium herbe-à-Robert par Zoom Nature
lundi 6 mai 2024
Un troupeau de sérapias langues s’est posé dans une pâture à moutons.
Cette superbe prairie du causse de Caucalières près de la voie verte du chemin blanc est marquée par de très grands ronds de sorcières. Je tacherai de revenir à la saison des mousserons d’automne ! Pour l’heure, ce sont les orchidées qui ont la vedette. J’ai relevé les espèces suivantes : orchis pourpre, orchis singe, orchis homme-pendu, sérapias à labelle allongé, orchis bouffon, orchis bouc et puis cette belle station de sérapias langue.
Cette espèce méditerranéo-atlantique est très rare en Ile-de-France, surtout au nord de la Seine. La plante émettrait des parfums semblables à ceux de la femelle Ceratina cucurbitina, assurant ainsi la fécondation de ses fleurs par la visite des mâles de cet hyménoptère.
Sources :
A. LOMBARD, novembre 2000. Serapias lingua L., 1753. In Muséum national d’Histoire naturelle [Ed]. 2006. Conservatoire botanique national du Bassin parisien, site Web. http://www.mnhn.fr/cbnbp.
Serapias lingua dans Gbif
dimanche 5 mai 2024
Invité par la ville d’Eragny-sur-Oise à venir compléter leurs animations dans le cadre du marché aux fleurs « Jardin et Nature en fête », je me rends au centre de loisirs Jeannette Largeau où se tient cette manifestation. Quelques membres du personnel de la ville me font l’honneur de partir avec moi à la découverte des petites bêtes du village et des bords de l’Oise.
Dans le jardin du centre de loisirs nous observons cette abeille solitaire endormie sur un brin d’herbe. Elle est agrippée non pas à l’aide de ses griffes mais uniquement par la force de ses mandibules. L’épaisse toison de ses pattes postérieures permet à cette Anthophora plumipes femelle de rapporter le pollen à son terrier.
Sur le trottoir près de l’église, au revers d’une feuille de rose trémière, ce puceron ventru et immobile interroge. Il a été parasité par un minuscule hyménoptère de la famille des Braconidae. Dans quelques jours, ses descendants vont sortir de cette momie en découpant un couvercle rond et ils prendront leur envol à la recherche d’autres pucerons à parasiter.
Ce charançon mordoré aux très gros yeux trouvé dans le feuillage d’un cornouiller sur la promenade des bords de l’Oise est un Polydrusus formosus. Il mange des feuilles d’arbres ou d’arbustes, sa larve se nourrit de racines.
Juste à côté, ces larves du coléoptère Pyrrhalta viurni, galéruque de la viorne, font un festin des feuilles d’une viorne obier. C’est la même espèce qui peut faire des trous dans les feuilles des lauriers tins.
Dans le jardin de la maison des Russes, cette coccinelle à quatorze points blancs, Calvia quatuordecimguttata, explore une fleur d’érable sycomore. C’est une prédatrice de pucerons, de psylles et d’acariens. Il n’est pas impossible qu’elle fasse de temps en temps un extra en se délectant de nectar et de pollen.
En savoir plus :
Les Polydrusus d’Ile-de-France
La maison des russes, l’esprit des lieux, un article de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise
Les coccinelles à points blancs
samedi 4 mai 2024
Le parc de Diane est bordé par la forêt domaniale de Bois-d’Arcy. Sur une pelouse arborée, j’observe cette fleur de renoncule habitée par un charmant couple d’insectes.
Ce sont des symphytes car ils n’ont pas la taille marquée comme les autres hyménoptères. A leur allure, je peux préciser le genre Athalia dans la famille des Tenthredinidae. Là commencent les difficultés car ce genre compte 15 espèces en France, très difficiles à distinguer. Les pattes antérieures jaunes et le dessous du thorax noir éliminent pas mal d’espèces. Et les renoncules sont données comme plantes hôtes de l’espèce Athalia bicolor qui est plausible au vu de cette photo.
Pour aller plus loin, il faudrait sacrifier ces insectes et solliciter l’aide de l’un des deux seuls experts de ce sous-ordre en France. Mon observation n’est sans doute pas capitale pour la science, aussi je décide d’en rester là. Ces Athalia ont pu continuer tranquillement leurs ébats.
Retrouvez une autre couple de tenthrèdes observé sur un bouton d’or :
Elinora koehleri
Source :
Les Hyménoptères Symphytes, des insectes peu étudiés – Thierry Noblecourt
Rencontres naturalistes d’Île-de-France, Paris, 3 décembre 2022
vendredi 3 mai 2024
Voici un papillon de nuit que l’on peut voir voleter le jour et butiner quelques fleurs au pied des haies ou en lisière boisée. Les chenilles de l’Alternée se nourrissent des gaillets, notamment de l’agaçant gratteron qui s’accroche aux vêtements du jardinier en longues guirlandes vertes.
Epirrhoe alternata vient facilement à la lumière. Il prend alors souvent, sur le drap blanc, cette pose ailes repliées.
Retrouvez un autre Geometridae qui vole parfois le jour :
La timandre aimée
Source :
Epirrhoe alternata, par Lepiforum
jeudi 2 mai 2024
Ce mystérieux insecte à visière translucide n’est autre qu’une coccinelle : Halyzia sedecimguttata. Celle-ci était cachée sous une feuille de ronce. Le bord des élytres aussi est curieusement aplati et transparent. Cette espèce commune consomme des champignons qui se développent sur des feuilles d’arbres ou d’arbustes. Je la trouve souvent dans les noisetiers, les chênes et les érables.
Retrouvez une autre coccinelle à points blancs :
Calvia quartuordecimguttata
Source :
Halyzia sedecimguttata, fiche descriptive dans l’INPN (H. Bouyon – 2020)
mercredi 1er mai 2024
A qui appartient cette belle visière translucide ?
A demain, pour le savoir !
mardi 30 avril 2024
Je repère de loin comme un lamier pourpre géant au bord d’un ruisseau. Il s’agit d’un autre lamier, Lamium maculatum. Ses feuilles présentent souvent une large macule blanche sur la nervure centrale. Les grandes fleurs aussi sont maculées.
Cette espèce continentale est commune à l’est d’une ligne Bordeaux Paris. En Ile-de-France, elle est présente mais elle y est rare.
C’est une plante vivace facile à cultiver dans un sol riche et pas trop sec. Il en existe de nombreux cultivars adaptés pour la réalisation de couvre-sols en situation ombragée, avec un feuillage argenté ou panaché de blanc ou même jaune et des fleurs roses ou blanches.
Retrouvez un autre Lamium :
Le lamier embrassant
Source :
Comparaison de Lamium maculatum, Lamium hybridum et Lamium purpureum, par Florif
lundi 29 avril 2024
Tout début janvier, je trouve cette mine dans une feuille de ronce au bord du chemin de halage.
Un coup d’œil à contre-jour permet de vérifier la présence de la chenille. C’est décidé, je prélève et je tente l’élevage.
Je scrute régulièrement le bocal d’élevage dans l’espoir d’une émergence. Les semaines passent, toujours rien. Fin avril enfin, je vois cette exuvie en partie sortie de la mine par une fente. Le papillon est là au fond du récipient, mais il est déjà mort.
J’avais déterminé la mine comme étant celle de Coptotriche marginea. Le papillon n’est pas en bon état mais la marge sombre sur l’aile antérieure correspond bien à cette espèce.
Retrouvez une autre espèce mineuse de feuille :
Dialectica scalariella
dimanche 28 avril 2024
Ce sphinx est venu à la lumière de mon piège à papillons, je le découvre au matin au revers d’une des boites à œufs placées sous la lampe. Je lui suggère de déménager en douceur sur le tronc d’un vieux cerisier pour une photo qui le mette en valeur.
Il a des antennes assez épaisses et le bout de l’abdomen est relevé, je pense que c’est un mâle.
Les chenilles de Mimas tiliae se nourrissent sur les tilleuls et les ormes, occasionnellement sur les aulnes, les Prunus et d’autres arbres à feuilles caduques. Pour échapper aux prédateurs, elles se cachent sous la face inférieure des feuilles, le long d’une nervure.
Retrouvez un autre Sphingidae :
Le petit sphinx de la vigne
Source :
Mimas tiliae, par Paolo Mazzei
samedi 27 avril 2024
Je longe le bras des Morteaux dans l’idée de récolter un petit panier de fleurs de robinier que je compte cuisiner en beignets. Las, c’est bien trop tôt, les grappes sont à peine formées !
De ci de là, je photographie quelques bestioles. Ce petit papillon (4 mm) est tombé d’un rameau d’érable négundo. Avec cette robe en lamé d’or rose et d’argent et cette audacieuse toque noire sur la tête, je lui trouve un chic fou. Suivant mon intuition, je cherche ce papillon de nuit dans la famille des Gracillariidae. Une espèce lui correspond tout à fait : Phyllonorycter schreberella, sa chenille mine les feuilles des ormes. Mon érable négundo est entouré d’ormes, il vient de ces arbres assurément. Le bout des antennes blanc n’est pas un artefact, c’est une caractéristique de cette espèce.
Ce papillon vole en avril et en mai, et pour la génération estivale en août et en septembre.
Cette observation de Phyllonorycter schreberella est une première pour la base de données naturalistes régionale. Je ne reviens pas bredouille de ma sortie !
Retrouvez un autre Phyllonorycter :
Phyllonorycter issikii
Source :
Phyllonorycter schreberella, par Lepiforum
vendredi 26 avril 2024
On me montre ces orchidées au bord de la route, j’étais passé devant sans les remarquer. Il faut dire qu’il en est de plus voyantes, comme l’orchis pourpre. Orchis anthropophora pousse un épi longiligne et ses fleurs discrètes sont verdâtres.
Le pétale occupant la partie basse de le fleur, nommé labelle chez les orchidées, a, vu de près, une forme singulière : ses quatre divisions évoquent une silhouette humaine, d’où son nom vernaculaire d’homme-pendu.
Je rencontre cette orchidée dans des sous-bois clairs sur sol calcaire, souvent en situation de lisière. En Ile-de-Fance, Orchis anthropophora est assez fréquent dans le Gâtinais et la région de Fontainebleau, il est beaucoup plus rare dans le reste de la région.
Retrouvez un autre Orchis :
L’orchis militaire
Source :
A. LOMBARD, R. BAJON, octobre 2000. Orchis anthropophora (L.) All., 1785. In Muséum national d’Histoire naturelle [Ed]. 2006. Conservatoire botanique national du Bassin parisien, site Web. http://www.mnhn.fr/cbnbp
jeudi 25 avril 2024
Un rayon de soleil, et ils sont là par dizaines à se pavaner sur les jeunes feuilles de marronnier ! Trouveront-ils tous l’amour ?
Ces minuscules papillons, Cameraria ohridella, sont inféodés au marronnier d’Inde. Leurs chenilles minent les feuilles de cet arbre, occasionnant de larges cloques blanchâtres puis brunes particulièrement disgracieuses. Plusieurs générations peuvent se succéder dans l’année.
Retrouvez un autre Gracillariidae :
Dialectica scalariella
En savoir plus sur la mineuse du marronnier :
La mite à trois bandes
mercredi 24 avril 2024
A la lueur de ma lampe frontale, j’inspecte un charme et bat quelques rameaux. A l’évidence, la saison de reproduction des Phyllobius oblongus est bien lancée, et la fraicheur de cette nuit d’avril ne réduit pas les ardeurs des nombreux couples qui se sont rassemblés dans son feuillage.
Ce individu célibataire qui gambade sous le rebord de mon bac a une allure singulière. Ses élytres, au lieu d’être bruns comme l’exige le standard de cette espèce, sont d’un beau noir profond. Il s’agit là d’une variation connue mais pas très commune. Je suis content d’avoir rencontré ce curieux charançon, à défaut de papillons de nuit, trop frileux pour se montrer ce soir.
Retrouvez un autre Phyllobius :
Phyllobius betulinus
mardi 23 avril 2024
Intrigué par cette mine sur les feuilles d’iris fétide, j’ai entrepris de faire l’élevage de l’insecte responsable. J’ai placé dans un bocal aéré un morceau de feuille minée contenant une pupe et j’ai attendu.
Au bout de quelques semaines, une mini mouche a émergé. Voici donc l’adulte de l’espèce Cerodontha iridis ! Il est très peu coloré et ses ailes sont laiteuses, cela indique qu’il vient tout juste d’émerger. Le lendemain, ce diptère a pris son allure définitive. Apte au vol, je l’ai alors relâché dans le jardin.
Voici un autre adulte, dans son aspect définitif, élevé en Seine-et-Marne par mon ami Lucien en même temps que moi. On constate que le corps et les nervures des ailes ont une belle teinte sombre. L’avantage de ma photo à un stade précoce, c’est qu’elle rend plus visible la pilosité, dont l’observation est très utile pour déterminer les diptères.
Retrouvez une autre mouche mineuse :
La mineuse des feuilles de berce
lundi 22 avril 2024
Ce papillon est venu à la fenêtre, attiré par la lumière du salon. Il offre à mon regard son gracieux éventail de plumes. Je reconnais Alucita hexadactyla de la famille des Alucitidae. Ses ailes antérieures qui présentent de grandes taches sombres sont divisées en six parties très étroites, chacune bordée de longs poils, donnant cet aspect de plumes. Les ailes postérieures que l’on voit ici en partie, sont disposées plus près du corps. Elles sont semblables aux antérieures et également composées de six « plumes » mais n’ont pas de taches sombres.
Cet hétérocère est un habitué de mon jardin où pousse en abondance le chèvrefeuille, sa plante hôte.
Retrouvez un autre gracieux papillon de nuit de mon jardin :
Incurvaria masculella
dimanche 21 avril 2024
Au bord de la route des Loges, en forêt de Saint-Germain-en-Laye, les euphorbes faux-amandiers (Euphorbia amygdaloides) sont en fleur.
Sur une sommité fleurie, je repère cette curieuse punaise aux pattes et aux antennes bicolores. Elle fait partie de la famille des Stenocephalidae, proche des Alydidae, qui ne comprend qu’un seul genre, Dicranocephalus. Comme sa membrane a un aspect gaufré entre les nervures, il s’agit de Dicranocephalus agilis. Cette espèce assez commune ne se nourrit que sur les euphorbes.
Retrouvez une autre observation sur une euphorbe :
Spurgia euphorbiae
samedi 20 avril 2024
Un gros charançon de plus de 1cm se précipite sur moi et s’accroche à ma manche. Heureusement mon bac n’est jamais bien loin. Je le fais tomber dedans. Les taches noires sur son ventre vont m’aider à le déterminer. Je le retourne doucement pour la photo de profil dont j’ai besoin.
Ses rayures au dessin particulier caractérisent l’espèce Mecaspis alternans. On peut le voir au sud de la Loire de mars à août. Les femelles pondent au collet des carottes et des panais et leurs grosses larves dévorent les racines de ces plantes puis se nymphosent dans le sol.
J’ai trouvé trace de sa présence en Ile-de-France en 1901, plus précisément dans les champs de carottes de la plaine de Carrières-sur-Seine où il faisait de gros ravages !
Retrouvez un autre gros charançon :
Le charançon couronné
Source :
La larve du Mecaspis alternans, nouvel ennemi de la carotte cultivée, par L. Chevalier
vendredi 19 avril 2024
J’entreprends avec mon ami Jean-Louis de gravir un coteau escarpé surplombant la vallée du Lot. La vue dégagée pourrait nous permettre d’observer quelques rapaces qui nichent dans le secteur : faucons pèlerins et hobereaux, aigles bottés, circaètes Jean-le-blanc. Ce matin, c’est une fauvette passerinette qui nous fait l’honneur d’un concert et d’une courte visite.
Je jette un œil sous quelques pierres pour découvrir la petite faune locale. Sous l’une d’elle je repère cette superbe saltique, au repos dans une fine loge de soie.
Elle se tient gentiment tranquille dans mon bac blanc le temps d’une photo. Je n’en avais jamais vu de semblable, pourtant Philaeus chrysops, la saltique sanguinolente, est présente dans presque toute la France. Il s’agit de l’une des plus grosses saltiques d’Europe. Elle chasse à l’affût des mouches et d’autres petits arthropodes. Cette espèce affectionne les milieux chauds et secs. On la rencontre souvent dans des pierriers.
Ici, c’est un mâle, la femelle n’ayant pas ce rouge éclatant. Elle a même une allure totalement différente !
Retrouvez une autre Salticidae :
La saltique arlequin
jeudi 18 avril 2024
Un cloporte poilu dans la grotte d’Emmanuel !
J’ai le privilège de visiter une grange troglodytique dans la vallée du Lot. En présence du propriétaire, je me mets en quête de cloportes en soulevant quelques objets poussiéreux. Tiens, cette vielle poterie par exemple… En trois secondes, je retrouve les trousseaux de clés égarés depuis vingt ans !
Ce cloporte, caché sous une pierre dans la partie la plus obscure de cet abri sous roche, se réveille à la lueur de mon appareil photo. Son aspect poilu et les taches sur son corps m’orientent vers l’espèce Chaetophiloscia cellaria qui vit justement dans ce type de milieu. Originaire d’Italie, il est cependant présent en Ile-de-France, dans le secteur ou habite mon ami Lucien, auteur de la clé des isopodes d’Ile-de-France. Plus exactement, il a déjà été trouvé là où un amateur de cloportes s’est donné la peine de le chercher !
Retrouvez un autre Philosciidae :
Chaetophiloscia cellaria, fiche descriptive dans l’INPN (Franck NOEL -2021)
Source :
La philoscie des mousses
mercredi 17 avril 2024
Je débusque ce curieux insecte caché dans le lierre couvrant le tronc d’un gros chêne. Ce n’est pas une grande fourmi volante ni une petite libellule, c’est le représentant d’un ordre peu connu du grand public, celui des plécoptères. Les entomologistes amateurs s’y intéressent peu car les déterminations de ces insectes volants sont difficiles et nécessitent l’examen des pièces génitales. Sur celui-ci la nervation en croix dans la zone radiale (au milieu de l’aile) m’oriente vers la famille des Nemouridae, et j’en resterai là..
Les larves des plécoptères sont aquatiques. L’examen à la loupe binoculaire de ces larves, plus faciles à trouver et à capturer que les adultes, permet de distinguer les espèces. Cela reste l’affaire de spécialistes.
Retrouvez un autre insecte dont la larve est aquatique :
Sphaeromias pictus
mardi 16 avril 2024
Toujours saisi d’une frénésie printanière de battage d’aubépines, je récolte, juste derrière la Maison des insectes, ce joli coléoptère tout ponctué de partout. Cette chrysomèle est nommée Lochmaea crataegi parce qu’elle vit sur les aubépines (Crataegus en latin). Sa larve en effet se développe à l’intérieur des cenelles, les fruits de ces arbustes. Je vous ai déjà montré cette espèce, mais je la trouve photogénique et elle est très rarement observée. Alors je ne résiste pas à l’envie de lui consacrer un nouvel article.
Le genre Lochmaea compte seulement trois espèces en France selon l’INPN :
Retrouvez un autre insecte dont la larve vit dans les cenelles :
Pammene rhediella
lundi 15 avril 2024
Au cœur du causse Méjean, je suis touché par la grâce de ce bleuet qui s’est invité dans un maigre champ de céréales. Cette fleur est visitée par la magnifique punaise Miridae Calocoris roseomaculatus, ce qui ne gâche rien !
Espèce originaire d’Asie occidentale, le bleuet, Cyanus segetum, est une plante messicole qui a été introduite avec la culture des blés et des orges dans toute l’Europe et en Amérique du Nord. Les fourmis apprécient ses graines et participent à la dispersion locale de cette plante.
La Reine Marie-Antoinette était une inconditionnelle du barbeau, autre nom du bleuet. La décoration aux motifs de barbeaux de son appartement au Petit Trianon en laisse le témoignage.
J’ai retrouvé ce motif sur une assiette ancienne. Une recherche sur internet m’oriente vers la manufacture de la reine, rue Thiroux à Paris, fondée en 1776 et placée sous la protection de la reine Marie-Antoinette. Elle y passa de nombreuses commandes de vaisselle pour son usage personnel et pour offrir à ses connaissances. Aussi les peintres de la manufacture n’omettaient pas de placer dans leurs décors quelques barbeaux.
La manufacture produisit de très nombreuses pièces que l’on voit parfois passer dans les salles des ventes : assiettes et plateaux, terrines à lait, rafraichissoirs à verre, légumiers, sucriers, bouquetières, verseuses, jattes, salières, caquelons, théières… Elle cessa définitivement ses activités en 1804.
Ne cherchez pas la rue Thiroux sur un plan de Paris, elle a été absorbée par la rue Caumartin.
Retrouvez une autre plante myrmécochore :
Le lamier embrassant
Sources :
Cyanus segetum, fiche descriptive par le CBNBP
La manufacture de la reine de la rue Thiroux, par le blog Histoires de Paris
dimanche 14 avril 2024
Je profite d’une promenade dans le Lot pour observer, devinez quoi, quelques insectes au bord du chemin. Cette coccinelle au look inhabituel se cache dans une ombelle de fleurs d’achillée. Cherche-t-elle des pucerons ? Elle est peut-être seulement intéressée par le pollen car cette aphidiphage en consomme parfois. Je la prends dans ma main pour mieux l’observer.
La disposition des quatorze taches sur les élytres et le dessin noir et blanc du pronotum permettent de reconnaître Coccinula quatuordecimpustulata. Cette espèce se plaît dans les milieux secs, de préférence calcaires, où elle fréquente la végétation herbacée. Assez commune au sud de la Loire, elle est très peu observée en Ile-de-France.
Ne pas confondre avec :
Oenopia lyncea (qui n’a que 12 taches sur les élytres)
samedi 13 avril 2024
Les collections de porte-clés recèlent parfois des trésors ! Celui-ci fait la promotion d’un produit formicide nommé BASFORMID. Chose étonnante, il contient en inclusion une grosse fourmi ! Grâce à la forme de sa tête très particulière, je la rapporte au genre Atta, comprenant de très nombreuses espèces vivant en Amérique du Sud et en Amérique centrale.
Je trouve peu d’informations sur ce pesticide qui n’est plus commercialisé. Un article de 1966 rapporte un essai de destruction de trois espèces du genre Atta au Brésil à l’aide de la spécialité BASFORMID F.214.
Ces fourmis sont surnommées fourmis-manioc car elles défolient cet arbuste mais aussi de très nombreuses autres plantes cultivées, comme les citronniers, les caféiers, les cacaoyers, la canne à sucre, le maïs, les plantes potagères… Elles rapportent dans leur nid souterrain les feuilles ainsi découpées sur lesquelles va se développer un champignon dont elles se nourrissent. Ce sont les fameuses fourmis coupeuses de feuilles !
Certaines espèces mexicaines du genre Atta sont traditionnellement cuisinées en ragoût ou en friture, et servies avec de la sauce piquante.
BASF indique que le logo qui orne ce porte-clé a été en vigueur en 1952 et 1953.
Sources :
Combat expérimental des fourmis Atta bisphaerica, A. laevigata et A. sexdens rubropilosa, avec Basformid F. 214 Poudre sèche – Adauto C. Zunti, Elpidio Amante
BASF logo
Les fourmis-manioc en Guyane – BSV Guyane
Lutte contre les fourmis-manioc : méta analyse – Mathilde Dionisi
vendredi 12 avril 2024
Voici un genre de Carabidae aisément reconnaissable : rouge cuivré avec des reflets verts et les deux premiers articles des antennes orange, c’est un Poecilus. Cela se complique pour aller à l’espèce. Sur cette photo, il est impossible de distinguer Poecilus cupreus de son jumeau Poecilus versicolor dont les élytres sont un tout petit peu plus étroits.
On trouve ces Carabidae surtout dans les prés et dans les champs où ils se nourrissent de limaces, de petits insectes et aussi parfois de graines. J’ai trouvé celui-ci en forêt de Marly.
Retrouvez un autre Carabidae des champs :
Anchomenus dorsalis
Source :
Poecilus cupreus, par UK Beetles
jeudi 11 avril 2024
Ce petit monstre cornu suspendu à une branchette de chêne est une galle, elle s’est développée l’an dernier à l’emplacement d’un bourgeon. Ses occupants sont sortis en perçant des trous ronds. Je la détache et la glisse dans ma poche. La promenade n’est pas finie, les mousserons de la Saint-Georges nous attendent un peu plus loin, au détour d’un sentier forestier. Ils sont très en avance cette année !
Je n’ai jamais vu de galle semblable, elle mérite une recherche. De retour à la maison, je me lance dans la volumineuse clé des galles sur chênes du site Plant Parasites of Europe et j’arrive à l’espèce Andricus coriarius. Cet hyménoptère Cynipidae est présent en Provence, mais aussi aux Pays-Bas. Après validation par les experts ad hoc, j’ai le plaisir d’enregistrer une première donnée francilienne pour cette espèce.
Retrouvez d’autres Cynipidae :
Trois Neuroterus
Source :
Table dichotomique des galles du chêne, par Plant Parasites of Europe
mercredi 10 avril 2024
Ces coléoptères de 3mm se bousculent sur les fleurs des aubépines, et plus tard sur celles des ronces et des églantiers où ils se nourrissent de pollen et de nectar. A la moindre alerte, ils se laissent tomber. Le genre Anaspis comprend plusieurs espèces, celle-ci, Anaspis fasciata, se reconnaît facilement aux taches jaunes sur les élytres noirs. Les larves, détritivores, vivent dans le bois pourri et sous les écorces.
Retrouvez un autre insecte observé sur une aubépine :
La tenthrède limace
mardi 9 avril 2024
On m’a indiqué une belle station de corydales dans le parc Messonnier. Elles sont au rendez-vous sur un talus à mi-ombre.
Les bractées florales sont grossièrement dentées et l’éperon de la fleur est dressé, à peine incurvé à son extrémité. Il s’agit donc de Corydalis solida, de la famille des Papaveraceae.
Cette plante est très rare dans notre région, classée en danger d’extinction dans la liste rouge de la flore vasculaire d’Ile-de-France. Comme nous sommes dans le parc d’un très ancien domaine, il n’est pas exclu que ces corydales aient été plantées à des fins décoratives il y a très longtemps et qu’elles se soient durablement installées. En tout cas, de mémoire de vieux jardinier, on les a toujours connues là.
La corydale solide est toxique. Son odeur qui rappelle l’eau de vie de poire et le jasmin est si caractéristique qu’elle sert de référence pour reconnaître une espèce de champignon, l’inocybe à odeur de corydale (Inocybe corydalina).
Un peu plus loin, au bord d’un chemin, je découvre une autre station de corydales. Mais elles semblent différentes : les bractées florales sont toutes entières et l’éperon est nettement courbé. C’est une autre espèce, Corydalis cava. Pour celle-ci, il n’y a pas de doute, sa présence ne peut s’expliquer que par une intervention humaine. En effet, la corydale creuse largement présente en Europe centrale n’est pas réputée indigène en Ile-de-France.
Corydale creuse, corydale solide, de quoi parle-t-on ? C’est à la texture de leurs tubercules que ces plantes doivent leur nom d’espèce !
Retrouvez une autre jolie fleurette du printemps :
L’anémone pulsatille
Source :
La Corydale solide, par le CBN de Franche-Comté
lundi 8 avril 2024
Je secoue deux branches basses d’un grand saule blanc en fleur au bord de la Seine. La pêche est-elle bonne ? Un minuscule coléoptère d’à peine 3 mm est tombé dans mon bac, c’est maigre ! Mais vu de tout près, c’est un véritable bijou.
Crepidodera aurata vit sur les saules dont il grignote les feuilles. Ici, c’est une rare forme à élytres bleus, ordinairement ils sont verts. Les fémurs postérieurs volumineux de cette espèce lui permettent de disparaître d’un bond en cas d’alerte.
Retrouvez une autre Chrysomelidae des saules :
Le clytre du saule
dimanche 7 avril 2024
Cela fait quelque temps que je remarque ces traces blanchâtres sur les feuilles de l’iris gigot, cet iris sauvage qui pousse dans nos bois calcaires. J’accusais la langue râpeuse des escargots. Mais c’était bien à tort !
A y regarder de plus près, la feuille est rongée de l’intérieur, c’est une mine. On voit ci-dessus le responsable. Il s’agit d’un diptère de la famille des Agromyzidae, Cerodontha iridis. il est ici à l’état de nymphe (pour les diptères, on dit pupe). Apparemment, c’est la seule espèce qui mine les feuilles d’Iris foetidissima.
Cerodontha iridis n’est signalé par Gbif qu’en Angleterre. Mais dans mon coin, j’en vois partout ! Mon observation serait-elle vraiment une première pour la France ? Peut-être est-ce une nouvelle espèce invasive ? Ou alors une indigène passée sous les radars jusque-là…
Je lance une grande enquête : qui d’autre voit cette mine caractéristique sur cette plante et où ?
Retrouvez une autre mine d’Agromyzidae :
Phytomyza glechomae
samedi 6 avril 2024
Je retourne un bout d’écorce de platane. Une araignée sort bien vite de son cocon, et je la perds, je crois que c’était une Clubiona. Mais je repère un autre locataire, immobile : un charmant coléoptère rouge et noir. Je l’extrais de là délicatement pour l’observer.
Il se réveille et parcourt mon bac. Comme son pronotum porte deux pointes dirigées vers l’arrière, je vais le chercher chez les Elateridae (en français les taupins).
En tentant de s’échapper, il glisse et se retrouve sur le dos ! Il fait le mort, toutes pattes repliées.
Mes photos terminées, je le libère au pied de l’arbre. Avec ce look très particulier, Cardiophorus gramineus est facile à identifier. Les larves de cette espèce sont prédatrices et vivent dans les cavités des arbres feuillus.
Source :
Cardiophorus gramineus, fiche descriptive dans l’INPN (Hervé Bouyon – 2020)
vendredi 5 avril 2024
Quel beau manteau !
Aujourd’hui, je bats des aubépines ! Elles sont en pleine floraison et forcément, je vais trouver des insectes. Ce petit papillon de nuit (4mm) d’aspect très sombre dans mon bac a eu l’amabilité de ne pas s’envoler tout de suite et j’ai pu prendre cette photo qui m’a permis de l’identifier.
Pammene rhediella semble inféodé aux Rosaceae arbustives, essentiellement les pommiers et les aubépines mais on l’observe aussi parfois sur les fleurs du cornouiller sanguin. Comme ce papillon ne vient pas à la lumière, c’est généralement en battant les aubépines qu’il est observé.
La larve passe l’hiver dans les fruits de sa plante hôte et le papillon émerge au printemps, avec un pic de vol en avril.
Mon observation est une deuxième donnée pour l’Ile-de-France dans la base de données régionale.
Retrouvez un autre Tortricidae :
Olethreutes arcuella
jeudi 4 avril 2024
Des antennes en collier de perles
Je connais un vieux sureau au bord d’un chemin à Thiverval-Grignon. L’an dernier son tronc était couvert de fructifications de l’oreille de Judas. Cette année, elles sont racornies et l’écorce part en lambeaux. C’est là que je trouve ce coléoptère brillant aux reflets violacés. Platydema violacea, ténébrion mycophage est justement souvent cité sous les écorces des sureaux attaqués par ce champignon. Mais on le rencontre aussi sur le bois dégradé d’autres arbres feuillus.
Sur cette photo, on voit bien sur le pronotum les quatre fossettes et le rebord latéral fin et marqué qui se prolonge vers l’avant.
Retrouvez un autre Tenebrionidae :
Palorus depressus
mercredi 3 avril 2024
D’un seul coup de filet, on peut parfois récolter des collemboles de plus de dix espèces différentes qui cohabitent dans le même milieu. C’est tout un monde fascinant qui grouille dans la litière et la végétation basse. Leur très petite taille ne facilite cependant pas leur étude.
Celui-ci, obtenu en balayant quelques herbes, mesure 2,5mm environ, sans les antennes. Je l’ai isolé à cause de la tache noire au bout de son abdomen qui lui donne un look singulier. Elle me permet en effet de reconnaître l’espèce Entomobrya muscorum. Les Entomobrya sont de bons sauteurs, lorsqu’ils déploient leur furca, organe de saut ventral, ils peuvent faire des bons de 16 cm et ils s’échappent souvent assez vite de mon bac d’observation !
Retrouvez un autre collembole :
Sminthurus viridis
En savoir plus sur les collemboles :
Le petit collembole illustré, de Jean-Marc THIBAUD et Cyrille A. D’HAESE
mardi 2 avril 2024
Non, cette bestiole n’est pas issue d’un improbable croisement entre un moustique et un lapin de Pâques ! Il s’agit d’un diptère Chironomidae nommé Psectrotanypus varius. Ses larves aquatiques se contentent d’une eau même très polluée. Aussi, l’espèce n’est sans doute pas très rare. Ici c’est un mâle, ses antennes plumeuses ne sont pas déployées et ont une forme en fuseau qui évoque celle des oreilles de lapin. Peut-être venait-il juste d’émerger ? Il n’était d’ailleurs pas très vif. Ce diptère, trouvé au bord d’une mare forestière, est venu à mon dispositif de lumière noire.
Retrouvez un autre joli chironome :
Stenochironomus
lundi 1er avril 2024
Des chercheurs de l’INRAE viennent de réaliser l’incroyable croisement entre un moustique et un lapin. Toute l’affaire sera révélée dans notre article de demain !
dimanche 31 mars 2024
Avec ces ailes en pointe, c’est sûrement un Triozidae. Et sur sa plante hôte, trop facile, c’est Lauritrioza alacris ! J’ai en effet obtenu ce petit homoptère en secouant des branches de laurier sauce qui dépassent d’un jardin sur la rue.
Voici le dégât caractéristique que font ses larves sur les feuilles de Laurus nobilis. Cette galle enroulée sur le bord du limbe leur sert d’habitat et maintient ces suceurs de sève à l’abri des prédateurs. Ici, c’est une galle de l’été dernier car elle est toute desséchée. La courbure de la feuille induite par la formation de la galle permet de repérer la présence de ce ravageur en toutes saisons.
Retrouvez un autre Triozidae :
Trioza remota
samedi 30 mars 2024
J’ai trouvé une jolie cicadelle rare au parc du peuple de l’herbe dans un prunellier en fleur, voyons si je peux la trouver aussi en forêt de Saint-Germain-en-Laye. J’explore le secteur de l’ancien champ de tir où les prairies sèches sont bordées d’aubépines et de prunelliers. Elle n’y est pas, ou alors je n’ai pas la bonne technique de chasse. Mais ce petit charançon est un sympathique lot de consolation. C’est le péritèle gris, Peritelus sphaeroides, une espèce commune au printemps sur les arbustes. On le reconnaît aux deux bandes sombres obliques sur les élytres. C’est l’un des charançons ravageurs de la vigne dont il mange les bourgeons.
Retrouvez un autre Curculionidae :
Le charançon du chardon penché
Source :
Peritelus sphaeroides, fiche descriptive dans l’INPN (ISATIS – 2022)
La Seine en décrue a laissé sur les berges enherbées un long ruban de débris flottants constitués pour l’essentiel de fragments de roseaux, de billes de polystyrène expansé, de bois et de récipients en plastique. C’est une aubaine pour les cloportes et les collemboles ! Les prédateurs aussi en profitent, tel ce beau Carabidae à reflets verts métalliques, Harpalus affinis. Cette espèce est très commune mais je ne l’avais encore jamais observée dans le parc du peuple de l’herbe. Je l’ajoute dans l’inventaire !
Cette curieuse encoche sur son tibia antérieur m’intrigue. Il s’agit en fait d’un peigne pour lisser les antennes !
La présence de ces poils très fins sur la partie apicale des élytres permet d’être sûr de l’espèce. Il m’a fallu travailler un moment l’éclairage pour les mettre en évidence.
Retrouvez un autre Carabidae :
Elaphrus riparius
vendredi 29 mars 2024
Pour le plaisir des yeux, j’ai rassemblé pour vous ces quelques fleurettes du mois de mars qui accompagnent l’arrivée du printemps au jardin.
Ce Daphne odorata ‘Aureomarginata‘ est un gracieux arbuste et en plus ses fleurs sentent délicieusement bon.
L’incontournable violette odorante et son parfum subtil !
Le cyclamen coum nous vient de Turquie et fleurit au printemps. Il a l’air de vouloir résister aux poules, malgré quelques outrages.
Les fleurs vertes ont souvent beaucoup de charme.
La variété Altruist est très recommandable : la fleur légère est perchée sur une longue hampe souple.
Retrouvez d’autres fleurs du jardin :
Fleurs d’avril dans mon jardin
jeudi 28 mars 2024
Les cicadelles Typhlocybinae vont bientôt quitter les ronces pour retourner dans les arbres. Je tente d’en trouver encore quelques-unes, mais c’est une petite punaise que je récolte dans mon bac. Comme elle est accommodante, je lui propose une feuille de ronce pour la séance photo.
Drymus sylvaticus est un membre de la famille des Rhyparochromidae. Cette punaise n’est pas rare mais on ne sait rien de sa biologie. Je suis content de l’avoir rencontrée, cela fait une espèce de plus pour l’inventaire des arthropodes du parc du peuple de l’herbe.
Retrouvez un autre Rhypachromidae :
Hyalochilus ovatulus
mercredi 27 mars 2024
A l’invitation de La Salamandre verte, je suis venu avec deux autres membres de l’OPIE visiter la prairie communale du Mesnil-le-Roi et conseiller les membres de cette association désireuse de s’investir dans une démarche d’inventaire des insectes. Ce fut aussi l’occasion de capturer et présenter quelques petites bêtes à un public curieux et motivé.
Récoltée au filet à papillons dans les herbes mouillées par l’averse, cette abeille sauvage a l’air de sortir de la douche ! C’est un mâle car ses pattes postérieures ne sont pas équipées pour la récolte du pollen. Il s’agit peut-être de l’espèce Andrena nitida, mais la détermination des mâles d’andrènes est très délicate.
L’exploration de vielles billes de bois entassées au sol nous donne plusieurs individus de cétoine punaise, coléoptère dont la larve est xylophage. Des nymphes d’autres espèces sont prélevées afin d’être mises en élevage à la Maison des insectes, elles pourront ainsi, à l’éclosion des adultes, être déterminées avec certitude.
La forme en cœur de son pronotum et ses larges mandibules permettent de reconnaître Leistus fulvibarbis, un carabe prédateur de petits insectes et de collemboles. Je le rencontre parfois sous les écorces de troncs décomposés.
Voyez-vous sur son abdomen le dessin des deux chevrons qui valent à cette Anyphaena accentuata son surnom d’araignée Citroën ?
Je récupère cette jolie coccinelle à damier en prospectant un roncier au bord de la noue. Bien malin qui peut dire si elle est noire à motifs jaunes ou l’inverse !
Retrouvez les portraits des arthropodes cités dans cet article :
Andrena nitida
Valgus hemipterus
Leistus fulvibarbis
Anyphaena accentuata
Propylea quatuordecimpunctata
mardi 26 mars 2024
Un tas de sciure grossière m’intrigue au pied d’un vieux saule. J’espère débusquer un insecte xylophage en fouillant dedans à l’aide d’un bâton. Je ne m’attendais pas à y trouver un staphylin ! Il est de bonne taille (13mm) mais ce n’est pas lui qui a produit toute cette sciure, en revanche l’endroit lui convient bien. Othius punctulatus est un Staphylinidae commun de la litière. On le trouve souvent sous les mousses et au pied des arbres. Il se nourrit des œufs et des larves d’autres insectes.
L’observation de la ponctuation de la tête, du thorax et des élytres est généralement nécessaire pour déterminer les staphylins. En raison des tarses des pattes antérieures élargis, je pense que celui-ci est un mâle.
Retrouvez un autre staphylin :
Platydracus fulvipes
Source :
Clé d’identification des Othius, par coleo.net
lundi 25 mars 2024
En fouillant dans une grosse motte de terre, un participant de la sortie carabes de l’OPIE a mis au jour une loge d’hivernage d’une reine de frelon. Il s’agit ici du frelon européen, Vespa crabro, un peu plus gros et moins sombre que le frelon asiatique. Chez les frelons, seules les reines fécondées passent l’hiver. Le printemps venu, à leur réveil, elles cherchent un territoire propice pour fonder une nouvelle colonie qui ne vivra que jusqu’à l’entrée de l’hiver suivant. Ces jeunes reines régulent naturellement leur nombre en se livrant à des combats sororicides. C’est pourquoi les piégeages de printemps des reines de frelons sont totalement inutiles et comme les pièges ne sont pas sélectifs, ils nuisent à la biodiversité.
Retrouvez la reine de l’autre frelon :
Vespa velutina, la reine