L’aselle d’eau douce est un crustacé isopode de mœurs aquatiques. On le dit d’origine asiatique et on ne sait pas précisément dater son arrivée en France. J’ai trouvé quelques enregistrements dès 1977 mais les premières données significatives dans l’INPN commencent à la fin des années 1990. On reconnaît Asellus aquaticus aux deux taches blanches sur la tête (à gauche sur la photo).
Cette espèce qui supporte les eaux polluées est maintenant présente dans la plupart des cours d’eau et étangs d’Europe. Les poissons et oiseaux aquatiques en sont friands et régulent naturellement ses populations.
L’aselle d’eau douce est active la nuit et consomme des débris végétaux.
Retrouvez un autre arthropode aquatique naturalisé :
Cet hyménoptère jaune de 3mm est tombé dans mon bac au battage de buissons dans le parc de la Croix des Gardes. Il a vraiment un look inhabituel !
Le nombre d’articles des antennes m’oriente vers la famille des Torymidae, et le gros stigma noir sur l’aile désigne le genre Megastigmus. Son abdomen est dépourvu d’ovipositeur, c’est donc un mâle.
La clé indiquée dans les sources me conduit jusqu’à l’espèce Megastigmus aculeatus. C’est d’ailleurs la seule espèce du genre à faire l’objet de données dans l’INPN.
Sa biologie est curieuse. La femelle pond dans les cynorhodons encore verts de différentes espèces de rosiers et ses larves se développent à l’intérieur des graines. Une grive vient à passer par là, elle consomme le fruit mûr. Les graines sont rejetées plus loin avec ses fientes. Les Torymidae adultes émergent alors au début du printemps dans une nouvelle contrée qu’ils seraient bien incapables de gagner de leurs propres ailes.
Les photos des mâles sont très rares, car ils représentent moins de 7% de la population. Les femelles d’ailleurs se reproduisent généralement sans fécondation.
Retrouvez un autre hyménoptère à l’allure étonnante :
On trouve parfois des coquilles de cet intrigant escargot (4mm) dans des taupinières. Cecilioides acicula est une espèce fouisseuse rarement observée en surface. Lucien a eu le flair de trouver dans son jardin un individu vivant, en retournant une grosse pierre de meulière. Ne cherchez pas à croiser son regard, l’aiguillette commune est aveugle. La vue ne lui serait pas utile dans les profondeurs du sol.
Mais que cherche-t-il dans le sol ?
Ce mollusque nécrophage se nourrit de moisissures à la surface de vieux ossements. La concentration de coquilles dans des fouilles archéologiques peut indiquer l’emplacement de sépultures dont les ossements ont été totalement dégradés. Cecilioides acicula serait apparu en France à l’époque gallo-romaine. En revanche, en raison de son caractère fouisseur, sa présence dans le sol ne donne aucune indication stratigraphique.
Je ne connaissais pas le chemin de halage à Triel-sur-Seine. J’ai testé, c’est pittoresque. On longe une immense carrière. Le site est protégé par un portail solidement cadenassé. Mais il manque deux barreaux… Et surtout il n’y a pas de clôture !
Sur la berge du bras des Morteaux, je trouve au sommet d’une branche d’osier ce joli bouquet de feuilles sèches en forme de rose épanouie. C’est la galle de Rabdophaga rosaria, un diptère Cecidomyiidae qui transforme à son bénéfice un bourgeon terminal de saule. Sa larve consomme l’intérieur de la galle et y passe l’hiver bien à l’abri.
Le reste d’un lapin gît au bord du chemin, un renard en est sans doute la cause. Voilà une bonne aubaine pour observer d’éventuels nécrophages. Je n’ai même pas à chercher un bâton pour retourner cette dépouille. Une grosse larve pose pour le photographe !
Celle-ci est bien typique et je n’ai pas de difficulté à identifier l’espèce Silpha tristis, un coléoptère Silphidae.
Les larves de Silpha se nourrissent de charognes de grands animaux (au moins 300g) laissant aux Nicrophorus les cadavres d’animaux plus petits.
Près de l’étang du Corra, je soulève l’écorce d’un tronc de pin pourri couché dans l’herbe. Ce curieux animal de 3mm est en train de contourner un escargot minuscule. Il est étonnamment boudiné et possède deux antennes courtes et épaisses. La position des tubercules saillants sur son derrière me permet de le déterminer, il s’agit de Neanura muscorum, un collembole qui se nourrit de champignons du bois mort. C’est une espèce commune présente en Europe, Asie, Amérique du Nord, Inde, Australie. Pour éloigner ses prédateurs, il est capable de sécréter des gouttelettes d’un liquide répulsif à leur approche.
J’étais convié en ce dernier samedi de janvier à participer à la visite nature organisée par le Collectif du lac de Créteil. J’ai montré des petites bêtes à toutes celles et tous ceux, novices ou pas, qui semblaient s’y intéresser.
C’est une drôle d’idée de programmer ce rendez-vous annuel en janvier, mais en fait il a fait très beau et les insectes encore engourdis par le froid de la nuit se sont très bien prêtés à mes démonstrations.
Sur le parvis de l’hôtel de ville
Voici ce que j’ai observé dans les jardinières de la place Salvador Allende.
Cyphostethus tristriatus, magnifique punaise de la famille des Acanthosomatidae, pique pour se nourrir les baies des genévriers. Depuis 2000, on la trouve aussi dans les thuyas et les cyprès des jardins.
Les bambous nains hébergent parfois des pucerons d’origine asiatique. C’est le cas de celui-ci. Takecallis arundicolens est reconnaissable à ses nervures soulignées de noir et à la cauda noire au bout de son abdomen. C’est la deuxième observation de cette espèce dans la base de données naturalistes d’Ile-de-France, GéoNat’IdF.
La rosée a déposé des gouttelettes sur les feuilles des Stachys. Avec d’autres photographes, je me suis amusé à observer leur effet de loupe sur les poils hydrophobes de ces feuilles.
Au bord du lac, dans un if
Le groupe s’est ébranlé en direction du lac. Un if m’a permis de montrer les insectes qui hivernent parmi ses aiguilles.
Rhaphigaster nebulosa doit son nom de punaise nébuleuse aux petits nuages noirs qui ornent la partie membraneuse de ses ailes. Cette espèce très commune est polyphage, elle se nourrit de nombreuses espèces d’arbres et d’arbustes. L’hiver, on peut la rencontrer cachée sous les écorces décollées, dans le lierre ou dans les conifères.
Viridicerus ustulatus est une cicadelle inféodée aux peupliers, elle passe l’hiver dans les ifs. Elle est peu souvent observée.
Zyginellapulchra, hôte régulier des conifères en hiver, vit aux beaux jours dans les érables. Cette petite cicadelle fait partie de la sous-famille des Typhlocybinae. Je l’identifie au point noir situé à l’apex de l’aile.
Je découvre cette magnifique punaise en soulevant une écorce d’eucalyptus. Comme elle ressemble à Rhyparochromus vulgaris, elle pourrait faire partie de la famille des Rhyparochromidae. Je cerne le genre en explorant les photos des membres de cette famille dans les galeries sur internet : c’est un Xanthochilus, autrefois considéré comme un sous-genre de Rhyparochromus.
La vue de profil montre un rostre très long, atteignant les hanches des pattes postérieures, c’est donc Xanthochilus saturnius, une espèce typiquement méditerranéenne, également présente sur la côte ouest des Etats-Unis depuis 2006.
Les plantes hôtes de cette espèce sont des Lamiaceae, notamment les Stachys, et des Scrophulariaceae, comme les Verbascum.
J’inspecte les branchages d’un vieux pyracantha au bord de l’étang du Corra. La chasse est maigre, juste un moucheron. Celui-ci est d’assez belle taille et la nervation alaire me semble particulière. Allez, je me lance, pour une fois je vais essayer d’identifier un moucheron.
J’arrive jusqu’au genre Mycomya, dans la famille des Mycetophilidae. Il existe 44 espèces dans ce genre en France et la clé de détermination que j’ai trouvée est trop ardue pour moi, elle me permet seulement d’éliminer quelques espèces. J’en resterai donc au genre. Son gros abdomen me fait penser que c’est une femelle.
Les larves des Mycomya consomment des champignons, notamment ceux qui poussent sur le bois.
Les spécialistes, pour les déterminer, comparent l’anatomie des pièces génitales et font des analyses de leur ADN. Il est assez facile de se procurer des adultes en collectant des champignons ou du bois pourri et en les plaçant dans des boîtes d’élevage.
Connaissez-vous les Anthaxia ? Ces coléoptères de la famille des Buprestidae sont souvent brillamment colorés. Leurs larves creusent des galeries dans le bois de nombreuses espèces d’arbres ou d’arbustes. Certaines espèces sont cependant inféodées à des plantes basses, comme les panicauts, les astragales, les férules. On peut observer les adultes en été sur diverses fleurs où ils viennent butiner.
Une quarantaine d’espèces pour ce genre sont répertoriées en France. La grande majorité d’entre elles sont méditerranéennes. Je vous propose d’en découvrir quelques unes.
Les larves du Bupreste hongrois creusent le bois mort des chênes. C’est un insecte de grande taille (jusqu’à 15mm), la femelle au thorax contrasté est facile à reconnaître.
On peut voir Anthaxia confusa butiner les Asteraceae à fleurs jaunes, notamment les Crepis. Cette espèce est inféodée aux cyprès et aux genévriers.
Anthaxia fulgurans est associé à des arbres et arbustes principalement de la famille des Rosaceae.
Anthaxia ignipennis est citée pour les chênes et les prunus. Chez cette espèce, le mâle et aussi coloré que la femelle.
En Ile-de-France, ce sont d’autres espèces que l’on peut rencontrer : Anthaxia manca (la célèbre Anthaxie driver), Anthaxia candans, Anthaxia semicuprea, Anthaxia mendizabali, Anthaxia nitidula, Anthaxia godeti,
Retrouvez un autre coléoptère brillamment coloré :
Je scrute un tapis de lierre terrestre (Glechoma hederacea) et je trouve une feuille présentant une mine. Eclairée en contre-jour, la feuille laisse deviner le trajet de l’insecte mineur. Le couloir est d’abord étroit sous l’épiderme supérieur, il s’élargit en tache puis devient moins visible. La larve s’est enfoncée plus profondément dans l’épaisseur de la feuille.
L’insecte finit son voyage nourricier sous l’épiderme de la face inférieure. Je reconnais à ces détails la trace d’un diptère Agromyzidae, Phytomyza glechomae, qui est justement inféodé à cette plante. Normalement la larve se nymphose à l’extérieur de la feuille, ici la pupe est restée en partie dans la mine. Je place la feuille dans un bocal aéré dans ma véranda. Peut-être aurai-je la surprise de voir l’adulte au printemps ?
L’histoire commence par un œuf pondu par un tout petit papillon de nuit de la famille des Nepticulidae sur le dessus d’une feuille de ronce. On distingue ce qui reste de sa coquille, à droite sur la photo ci-dessus. Une minuscule chenille en sort, ronge l’épiderme et creuse une galerie. Celle-ci dessine un serpentin blanc sur la feuille. A mesure que la chenille grandit, la mine s’élargit. Les taches noires que l’on voit dans la mine par transparence sous l’épiderme sont ses excréments (les spécialistes disent le frass).
A la fin de son parcours la chenille se nymphose puis le papillon émerge. Ci-dessous sur cette foliole de ronce deux mines se sont croisées. J’imagine que la chenille qui venait de la gauche a cédé le passage. La traversée de la nervure médiane par l’une d’elle, à l’évidence, n’a pas été un problème. Comme la ligne de frass occupe au moins la moitié de la largeur de la mine, il s’agit de l’espèce Stigmella aurella
Stigmella aurella mine les feuilles de certaines Rosaceae, comme les ronces, les fraisiers, les benoîtes et les aigremoines.
Lorsque je m’approche, ça grouille ! Des dizaines de petites bêtes furtives courent et sautent se réfugier dans des fissures puis reviennent se chauffer au soleil et se fondre dans le décor lorsque l’intrus est parti. Celle-ci est passée en trombe sous mon objectif dans une mémorable partie de cache-cache, me laissant la gloire d’une photo un peu floue mais suffisante pour déterminer l’espèce. Il s’agit de Machilinus rupestris, l’unique représentant en France de la famille des Meinertellidae dans l’ordre des Archeognatha. Si leurs cousins de l’autre famille, celle des Machilidae, semblent fuir la lumière, cette espèce est active le jour sur la rocaille en plein soleil.
Je n’ai pas trouvé d’informations sur le mode de vie de Machilinus rupestris. Cet insecte est généralement observé sur des rochers, il se nourrit probablement de mousses et de lichens, et peut-être d’autres matières organiques.
La Drôme semble constituer la limite septentrionale de cette espèce méditerranéenne. Les dates d’observations sur GBIF montrent que Machilinus rupestris peut être observé toute l’année.
Voici pour attendre les beaux jours, le portrait d’une bien jolie mouche estivale.
Ferdinadea cuprea est assurément l’un de nos plus beaux syrphes. Celui-ci, vu dans la forêt du Cranou au mois d’août, butinait des centaurées dans une allée ensoleillée bordée de fougères.
Pour reconnaître cette espèce, il faut observer la face entièrement jaune ainsi que l’arista noire sur l’antenne.
Les larves de Ferdinandea cuprea se nourrissent de matières végétales en décomposition, notamment dans les cavités des vieux arbres.
Retrouvez un autre syrphe forestier de même écologie :
Cette coccinelle tombe dans mon bac d’une branche basse de sapin de Douglas. Je n’ai encore jamais vu de coccinelle de cette couleur ! Sur un conifère, je m’attendais plutôt à Harmonia quadripunctata ou à Anatis ocellata. Je détermine la belle inconnue en m’aidant de la clé des coccinelles du Nord Pas-de-Calais (voir ci-dessous dans les sources).
Aphidecta obliterata fréquente surtout les pins et les épicéas. Cette espèce a été introduite en Amérique du Nord pour réguler les populations d’un puceron lanigère d’origine européenne, Adelges piceae, qui, loin de ses prédateurs naturels, ravageait outre-Atlantique les sapins.
Ces feuilles de ronce ont une allure inhabituelle. Chaque tache blanche est en fait l’œuvre d’une chenille qui a creusé sa galerie dans l’épaisseur de la feuille. La clé des mines sur les feuilles de Rubus (voir dans les sources) me permet d’arriver à Coptotriche marginea, un microlépidoptère de la famille des Tischeriidae. Les chenilles hivernent dans leurs mines et les premiers papillons apparaissent en avril.
Le toit des mines est déchiré, des mésanges sans doute sont passées par là.
Je soumets ma détermination sur British leafminers, un groupe facebook anglais spécialisé que je viens de rejoindre. Ma proposition est validée, ils doivent avoir les mêmes chez eux. Vérification faite sur GBIF, cette espèce européenne est également présente en Grande-Bretagne.
Je passe le filet un peu au hasard dans les herbes sèches d’un coteau calcaire. Je récupère ainsi Mocydia crocea, une bien jolie cicadelle et cette mouche à la tête ornée.
Le bord externe des ailes ombré me met sur sur la piste de Pherbellia cinerella, de la famille des Sciomyzidae. C’est une espèce typique de ce genre de milieu ouvert bien exposé, elle y chasse les escargots que ses larves parasitent. On peut la voir toute l’année.
Retrouvez une autre Sciomyzidae parasite d’escargots terrestres :
Un vieux hêtre a perdu une grosse branche. La partie exposée à la pluie se couvre de mousses, ici des Hypnum cupressiforme. Et partout sur l’écorce fructifient ces petits champignons dont la rondeur et la couleur me rappellent les daldinies fréquentes sur le bois mort de frêne.
A l’évidence, c’est une autre espèce. Souvent trouvé sur le hêtre, Hypoxylon fragiforme forme de petites boules brunes verruqueuses qui noircissent en vieillissant. Le nom d’espèce de ce champignon évoque sa ressemblance avec des fraises.
J’en ai coupé un en deux. La couche fertile en périphérie n’a pas la même structure que la partie interne.
Retrouvez un autre champignon qui pousse sur le bois mort :
Je bats quelques herbes jaunies dans un petit talus près de la Seine. La pêche est bonne : Rhyzobius litura, petite coccinelle brune et velue, Geocoris erythrocephalus et Geocoris megacephalus, deux compères de la famille des Geocoridae, et puis cette punaise mal fagotée aux ailes trop courtes pour son long abdomen. C’est une forme brachyptère d’un Ischnodemus (famille des Blissidae). Deux espèces très semblables sont candidates : Ischnodemus sabuleti et Ischnodemus quadratus. Pour les départager, il convient de prendre les mesures. La longueur des Ischnodemus sabuleti serait comprise entre 4,4 et 6mm, et celle des Ischnodemus quadratus s’établirait entre 3,25 et 4,6mm. Mon individu mesure 4,8mm de long, je le baptise donc Ishnodemus sabuleti d’autant que l’espèce serait plus fréquente au nord que l’autre et vivrait plus près de l’eau. Mais bien sûr, il y a localement des exceptions. Des essais en laboratoire d’entomologie ont démontré que ces prétendues espèces s’accouplaient entre elles très volontiers. D’ailleurs s’agit-il vraiment d’espèces distinctes ? C’est un bon sujet pour mettre de l’ambiance dans une soirée entre spécialistes.
Ischnodemus sabuleti semble être majoritairement associée aux plantes des marais comme les Phragmites, les Phalaris et les Glyceria.
Voulez-vous encore une Zygina, ces petites cicadelles Typhlocybinae marquées de rouge ? Celle-ci n’évoque-t-elle pas fortement Zygina tithide, une espèce rare ? Elle a été trouvée par mon ami Lucien en battant des ronces à Neuilly-sur-Marne. Il l’a repéré à son dessin particulier parmi une centaine d’autres Zygina plus communes observées dans la journée.
J’ai trouvé la même au parc du peuple de l’herbe, parmi plusieurs Zygina eburnea !
C’est une femelle, comme l’atteste cette vue ventrale : on peut voir l’ovipositeur au bout de son abdomen.
Une bonne bille de clown !
J’ai demandé à mon contact italien spécialiste de ces petites bêtes s’il confirmait Zygina tithide. Sa réponse est arrivée, ce n’est pas Zygina tithide mais une femelle Zygina eburnea, dans un habitus inhabituel. Il se trouve que cette variation chromatique pour cette espèce n’a jamais été illustrée dans la littérature scientifique. Pour combler ce manque, j’envoie donc mon individu en Italie à Francesco qui prépare une publication sur ce genre.
Voulez-vous encore une Zygina, ces petites cicadelles Typhlocybinae marquées de rouge ? Celle-ci n’évoque-t-elle pas fortement Zygina tithide, une espèce rare ? Elle a été trouvée par mon ami Lucien en battant des ronces à Neuilly-sur-Marne. Il l’a repéré à son dessin particulier parmi une centaine d’autres Zygina plus communes observées dans la journée.
J’ai trouvé la même au parc du peuple de l’herbe, parmi plusieurs Zygina eburnea !
C’est une femelle, comme l’atteste cette vue ventrale : on peut voir l’ovipositeur au bout de son abdomen.
Une bonne bille de clown !
J’ai demandé à mon contact italien spécialiste de ces petites bêtes s’il confirmait Zygina tithide. Sa réponse est arrivée, ce n’est pas Zygina tithide mais une femelle Zygina eburnea, dans un habitus inhabituel. Il se trouve que cette variation chromatique pour cette espèce n’a jamais été illustrée dans la littérature scientifique. Pour combler ce manque, j’envoie donc mon individu en Italie à Francesco qui prépare une publication sur ce genre.
Dans un élan de rangement, je déménage quelques fourbis échoués dans des endroits improbables. Que celui ou celle qui n’a jamais entassé me jette la première pile !
Je tombe donc par hasard sur L’Autre, journal satirique éphémère et gratuit de l’association Dallas, auquel j’avais eu l’honneur de collaborer en 2020. Il avait été distribué à Cergy-Pontoise à l’occasion d’une mémorable exposition de dessins de presse. Je ne résiste pas à l’envie de partager ici ma prose dont le thème est toujours autant d’actualité. Elle avait été publiée en son temps dans l’excellent blog Nature en ville à Cergy-Pontoise.
Pigeon vole, cheval au galop, écrevisse à la nage, bouge tes fesses et va ranger ta chambre !
Notre belle langue fourmille d’expressions fleuries pour illustrer le besoin impérieux de mouvement du monde vivant. Ainsi la vache se meut dans son pré, et la raie glisse au fond des mers.
Même les plantes rivalisent d’ingéniosité pour se déplacer : marcottes, boutures naturelles, graines ailées ou flottantes, ou digérées par les animaux. Ainsi va le grand bal de notre biodiversité familière.
Et tout le monde est content, jusqu’au jour où paraît l’Autre, qu’on ne connaît pas et qui n’est pas de chez nous, l’infâme bestiole qui incarne nos peurs ancestrales et nos fantasmes morbides.
Qui n’a entendu parler de cette araignée velue et affreusement venimeuse surgie d’un carton de bananes ? Il paraît que dans sa jungle natale, elle terrasse une grenouille taureau rien qu’en la regardant ! Et puis le silure venu d’au delà des Carpates que les amateurs de pêche sportive ont introduit un peu partout dans nos fleuves et nos plans d’eau, n’a-t-il pas une fois au bois de Boulogne gobé la baballe tombée à l’eau et le caniche avec ? Et ces hordes de loups venus de l’étranger : des croqueurs de moutons assoiffés de sang !
Examinons calmement les faits.
Les araignées exotiques introduites fortuitement ont bien peu de chances de s’établir sous notre climat (sauf exception). En revanche, c’est bien d’un cargo bananier en provenance d’Amérique du Sud que nous est arrivé il y a cent ans le Galinsoga, charmante adventice de nos potagers.
Le silure ne met pas de caniches à son menu, ou alors les trop maigres et il recrache poliment la laisse. Il débarrasse nos villes des pigeons en surpoids venus se désaltérer au bord du fleuve, et engloutit d’énormes quantités de ces écrevisses américaines échappées d’élevages qui tapissent le fond de nos étangs. Un animal utile à bien des égards !
L’absence du loup en France, de 1937 à 1992, n’est en réalité qu’une minuscule parenthèse dans le destin de cette espèce bien de chez nous.
Souvenons-nous, le propre de la nature, c’est le mouvement, vouloir la figer, c’est la tuer.
Le ruisseau des Payrols charrie une eau tellement chargée que son lit est encroûté de calcaire. Dans son cours supérieur, avec la pente plus prononcée, se forme une succession de vasques naturelles cascadant plaisamment les unes dans les autres. Ses rives sont ombragées par des chênes aux troncs garnis d’imposants manchons de mousses. Je crois reconnaître Exsertotheca crispa, et Aleniella complanata. Mais là sur cette branche, ces rameaux vert sombre sont d’une autre espèce.
Cette vue rapprochée montre des feuilles courtes imbriquées en écailles qui me rappellent Porella platyphylla. Mais il s’agit ici d’une autre hépatique à feuilles, aux rameaux plus irréguliers, Porella arboris-vitae.
Les petits lobes de feuilles et les amphigastres sont dentés, ce qui est une des caractéristiques de Porella arboris-vitae.
Chaud devant !
La fiche de cette espèce dans le site British Bryological Society indique que le critère infaillible pour la reconnaître passe par le bout de la langue. Un tout petit fragment de cette hépatique mâché entre les incisives développe rapidement une très forte âcreté, et brûle comme du piment. Voilà qui pique ma curiosité, je dois absolument y goûter. Il m’a fallu dix bonnes minutes pour récupérer la sensibilité de ma langue !
Retrouvez d’autres hépatiques à feuilles dans cet article :
J’ai invité quelques connaissances, membres de l’Association des Naturalistes Parisiens, à partager avec moi une matinée de prospection hivernale au parc du peuple de l’herbe. Sous un soleil radieux, nous scrutons la rambarde du grand ponton le long de la Seine en crue à la recherche d’insectes et d’araignées. Michel trouve une jolie chrysomèle des milieux humides, Phyllotreta ochripes. Un peu plus loin en fauchant une touffe d’orties, je découvre un charançon inféodé à cette plante, Parethelcus pollinarius. Deux nouvelles espèces pour l’inventaire du parc, le contrat est rempli ! Avant de nous quitter, Michel me confie la photo d’une punaise Miridae dont la détermination lui résiste.
La folle histoire de la Miridae mystère !
A vrai dire, sa punaise au look étonnant me met également en échec, cette Miridae est une extra-terrestre ! Interrogé, Lucien me donne la piste d’une sous-famille plausible, celle des Phylinae.
Je passe alors en revue plusieurs galeries de photos et je repère le genre Camptotylus dont les membres présentent cette macule noire sur les ailes. Je déniche sur internet une providentielle clé des Camptotylus (voir ci-dessous dans la première source) qui m’amène avec certitude à l’espèce Camptotylus linae.
Michel me précise qu’il a trouvé la Miridae mystère en juillet 2023 dans une ballote noire, sur le quai de la gare de Chamarande, dans l’Essonne. Là, les choses se compliquent, Camptotylus linae est une espèce orientale inféodée aux tamaris ! L’observation la plus occidentale serait un individu trouvé en Turquie en 2019. Mais quid du tamaris ?
Je navigue virtuellement avec l’application Street View dans le secteur de la gare de Chamarande. Dans le jardin d’un pavillon tout près du quai, devinez ce que je trouve : un tamaris !
Cette observation serait une première pour cette espèce en Europe. Je note dans mon agenda d’aller impérativement secouer au mois de juillet prochain un certain nombre de tamaris de mon quartier !
Un coup de vent a renversé un grand saule mort, j’en profite pour inspecter les hautes branches maintenant accessibles et soulever quelques lambeaux d’écorce décollée. J’isole délicatement un petit coléoptère endormi, de 4mm. Dans ma manœuvre, une gouttelette d’eau l’a collé sur le dos au flacon d’observation que j’ai préparé pour lui. La disposition des taches blanches à l’avant de la tête et sur les élytres correspond à l’espèce Ptinus sexpunctatus, un membre de la famille des Ptinidae.
Le scutellum est blanc également. Ces taches correspondent en fait à des zones recouvertes de poils transformés en écailles blanches. Au repos, il range ses antennes ventralement.
Ptinus sexpunctatus se nourrirait de divers déchets dans les nids abandonnés d’hyménoptères (abeilles sauvages, guêpes, fourmis).
Sous le regard suspicieux d’un cygne, je balaie à grands coups de filet à papillons la cariçaie qui borde l’étang de la Galiotte. Je récupère une coccinelle orange et velue, Coccidula rufa, que j’avais trouvée à cet endroit il y a quelques mois et cette curieuse araignée de 3mm.
Son profil m’évoque la famille des Linyphiidae. C’est en effet dans cette famille que je trouve Microlinyphia impigra, une spécialiste des marécages. Pour capturer ses proies, cette araignée tisse une toile horizontale dans les laîches ou les roseaux.
Cette espèce n’est pas commune parce que son milieu de vie n’est pas très répandu, mais elle n’est pas rare non plus.
Cette coccinelle est facile à reconnaître : 2 à 3 mm seulement, toute poilue avec 4 taches orange en virgule sur les élytres, c’est Nephus quadrimaculatus. Elle affectionne particulièrement les vieux murs couverts de lierre, et c’est dans cet environnement que je l’ai trouvée. Elle semble assez commune mais passe facilement inaperçue en raison de sa taille.
Cette espèce consomme des cochenilles et d’autres petites proies.
Retrouvez une autre petite coccinelle noire à quatre taches orange :
L’île de la Dérivation à Carrières-sous-Poissy possède une très bel alignement de vieux platanes. Je décolle quelques morceaux d’une écorce crevassée, à la recherche d’hypothétiques Carabidae.
Lovée dans une fissure cette chose baveuse et contrastée m’interpelle. Ne dirait-on pas un ver plathelminthe invasif ? Averti de la toxicité de ces vers, je déplace celui-ci prudemment en m’aidant d’une brindille.
Il s’étire sur la feuille de lierre que je lui ai proposé. J’estime sa longueur à environ 7cm.
Il s’agit de l’espèce Caenoplana variegata, originaire d’Australie et prédateur d’arthropodes. Ce sont surtout des cloportes, des mille-pattes et des araignées qui sont à son menu. Sa répartition en France est pour l’essentiel méditerranéenne et atlantique.
Contrairement à d’autres plathelminthes invasifs, celui-ci ne consomme pas de vers de terre. En France, on ne lui connaît pas de reproduction sexuée, il se multiplie par scissiparité : le corps se coupe en plusieurs morceaux qui donnent chacun un nouvel individu. On ne lui connaît chez nous ni parasite ni prédateur. Même les poules n’en veulent pas.
Je ne l’ai pas détruit. Longtemps après l’extinction de la race humaine, les plathelminthes seront peut-être les nouveaux maîtres du Monde. Je fais le pari qu’au terme de quelques dizaines de millions d’années d’évolution, ces êtres auront acquis quelque forme d’intelligence supérieure. Ils auront alors à cœur de préserver notre planète, dans l’harmonie et la bienveillance.
Que faire si vous rencontrez un ver plathelminthe invasif ?
Faites comme moi, envoyez votre photo au chercheur Jean-Lou Justine (voir ci-dessous) pour faire avancer la connaissance sur la répartition et l’écologie de ces espèces.
Je monte l’escalier de sortie du parking souterrain de l’hôtel de ville et mon œil se pose sur une araignée que je ne connais pas. Elle non plus d’ailleurs.
Pour une fois, je n’ai pas pris mon appareil photo, alors je pose mon cabas et lui tire le portrait avec mon téléphone portable. Une recherche rapide me permet d’identifier Steatoda nobilis. Cette espèce originaire de Madère et des Canaries s’est établie ça et là en Europe et en Amérique, au gré de transports de fruits exotiques. Mes photos faites, je me fraie un passage dans la foule du marché. Les cartons de bananes et de mangues sont à quelques pas de l’escalier !
Seratoda nobilis est d’une taille impressionnante mais elle est bien inoffensive. Timide, elle se cache ordinairement au fond d’une fissure et n’est pas du tout agressive. Celle-ci, curieusement à découvert, devait être transie de froid. J’y suis retourné bien sûr, avec un meilleur équipement. La belle avait disparue.
Le tour de l’étang du Corra est une agréable promenade. J’y vais en semaine, il y a moins de monde. Un petit escalier m’invite à me rapprocher de la berge. Je bats quelques roseaux et récupère la belle Marpissa nivoyi, une araignée sauteuse qui a une particularité étonnante, elle est très agile en marche arrière !
Cette petite punaise m’intrigue, elle ressemble fort à Chilacis typhae, une classique des roselières, mais certains détails semblent différents. J’examine quelques autres individus et me rends à l’évidence : c’est une autre espèce. Dans la famille de Chilacis typhae, les Artheneidae, je trouve Holcocranum saturejae qui correspond tout à fait. Le critère à observer, ce sont les quatre carènes blanches sur le pronotum, que n’a pas Chilacis typhae. Le dessin sur la tête diffère aussi. Cette espèce semble nettement plus rare, en tout cas elle est très peu souvent observée.
En même temps !
Holcocranum saturejae est une espèce méditerranéenne, mais étonnamment elle est présente aussi en Hongrie et en Allemagne, ainsi qu’en Afrique du sud et aux Etats-Unis. Elle se nourrit des graines de saules tombées à terre, mais aussi de celles des massettes (Typha sp.) bien que ces plantes soient botaniquement très éloignées.
A quelques mètres, je trouve cet attendrissant juvénile qui pourrait bien être de la même espèce.
Pris d’un doute, je vérifie toutes mes photos de Chilacis typhae. Et je découvre parmi elles un Holcocraum saturejae, photographié en septembre 2021 au parc du peuple de l’herbe !
Cette espèce vient donc d’être nouvelle pour l’Ile-de-France, mais rétroactivement depuis 2021 !
Je récolte les derniers pieds de mouton de la saison en forêt de Rambouillet. En chemin, je glisse mon bac de battage au plus près d’une touffe de graminées au bord de la route forestière et je secoue. Bonne pioche ! Une araignée au look inédit pour moi m’observe du fond du bac. La répartition des couleurs sur le corps et sur les pattes permet de la déterminer facilement : c’est un mâle Cercidia prominens.
En vue plongeante, la mise au point sur les pédipalpes montre l’épine caractéristique de l’espèce.
Cercidia prominens est une araignée de petite taille (5mm). Elle est assez commune dans les landes, les lisières de forêts et les prairies calcaires. La femelle adulte passe l’hiver et le mâle peut être vu jusqu’en janvier. Cette espèce construit sa toile tout près du sol. Elle se laisse tomber à la moindre alerte, aussi est-elle difficile à observer.
Au bord de la Seine, les aulnes sont à leur aise et fructifient abondamment. Je secoue trois branches pour voir si un habitant s’y cache. Mon bac est rempli des graines tombées des cônes de cet arbre ! Une petite punaise les bouscule et se signale à mon attention. Je la place sur une feuille tombée à terre pour la photographier. Elle a une allure bien à elle et on ne peut confondre cette espèce qui justement vit sur les aulnes et hiverne parmi les cônes.
Oxycarenus modestus est très présente en Europe de nord. Les mentions en Ile-de-France sont fort peu nombreuses, ce qui ne signifie pas qu’elle est rare.
Retrouvez un autre membre de la famille des Oxycarenidae :
Le début de l’année est propice aux bonnes résolutions, alors c’est décidé, en 2024 je vous montre des plantes. Voici donc le Cakilier (Cakile maritima). Spécialiste des hauts de plage, cette plante pionnière pousse aussi bien dans le sable que dans les galets, souvent comme ci-dessus parmi les laisses de mer. Inutile de vous préciser qu’elle supporte les sols salés et les embruns. Cette Brassicaceae a une saveur piquante comme la roquette ou la moutarde. Elle est comestible, plutôt comme condiment que comme légume. Son amertume n’en fait pas un mets de choix.
Aux fleurs mauves disposées en longues grappes lâches succèdent des fruits courts qui permettent de reconnaître aisément la plante.
Cakile maritima est une plante commune, on peut la trouver en France sur tout le littoral atlantique et méditerranéen.
J’ai nettoyé l’objet de la photo mystère. Cette pierre était presque complètement couverte de mousses. Au premier plan, sa face enterrée, plus rose, n’a pas été verdie par des algues. A l’évidence, c’est du gypse, cristallisé sous la forme d’une rose des sables.
La butte de l’Hautil toute proche est connue pour son sous-sol gypseux très instable. En effet ce minéral finit par se dissoudre dans les eaux d’infiltration. En raison des nombreux fontis et des risques d’effondrement, une partie de la forêt est même interdite aux promeneurs.
Cette rose des sables est-elle d’origine locale ? Le gypse du Bassin parisien se présente en bancs compacts, plus ou moins mêlés de marnes. On peut y trouver de beaux cristaux, en forme de fers de lance, mais ils n’ont pas du tout cet aspect. Bien qu’on puisse trouver des roses des sables dans certains gisements du sud de la France, je pense que cette pierre a été rapportée d’un désert par un touriste. Elle ressemble beaucoup aux concrétions que l’on peut trouver dans le Sahara, par exemple.
Mais alors, si c’est bien du gypse, pourquoi ne s’est-il pas dissous ainsi exposé aux intempéries ? Et si c’était de la barytine, dont les cristaux présentent un peu la même forme ? Pour les départager, il faut mesurer la densité. Je rassemble pour cela trois saladiers, deux casseroles, une balance de ménage et deux ingénieurs. J’obtiens fièrement le chiffre approximatif de 2.6. Sachant que le gypse a une densité de 2.3 et la barytine 4.5, la balance penche nettement vers le gypse. La pierre est donc arrivée récemment sur les lieux. Si elle pouvait parler, elle aurait sans doute une drôle d’histoire à raconter !
Retrouvez un reportage sur un site géologique du Bassin parisien :
Rien de tel qu’une fricassée de champignons des bois fraichement cueillis pour accompagner le chapon ! Nous voilà donc partis en expédition en forêt de Rambouillet. Sous les chênes et les pins en mélange, et parmi les fougères et les herbes fanées, nos trouvons de beaux spécimens de pieds-de-mouton et un bon panier de chanterelles. Je vous présente ici le pied-de-mouton, Hydnum repandum pour les mycologues.
Pour multiplier les surfaces fertiles sous un chapeau de champignon, la nature a inventé les lames pour les champignons à lamelles, et les pores pour les bolets. Les picots serrés sous le chapeau des Hydnum sont une troisième voie pour ce même objectif, produire un maximum de spores sur un espace réduit.
De retour à la maison, je rase mes pieds-de-mouton. Le fait de supprimer les picots avant la cuisson permet de ne pas les retrouver éparpillés dans la poêle. Les très gros spécimens sont parfois amers, c’est pourquoi je les ébouillante avec de les faire dorer. Cela ôte l’amertume sans altérer leur parfum fruité ni leur texture agréable.
Je passe mon filet dans une touffe d’orties pour montrer à des amis Eupteryx urticae, une jolie cicadelle que l’on trouve sur cette plante. C’est un tout autre insecte que je capture, un petit charançon de 3mm ! Son thorax est anguleux et ses fémurs portent une grosse dent. Il s’agit de Parethelcus pollinarius, un coléoptère Curculionidae inféodé aux orties. Ses larves minent la base des tiges de sa plante hôte.
En battant la végétation au pied d’un tilleul, je récupère cette mouche endormie. Aussi épineuse, avec un large cuilleron blanc sous l’aile : je vais la chercher dans la famille des Tachinidae !
Le genre Voria est reconnaissable à la pilosité de la face : près de l’œil, à l’avant, un seul poil pointe vers le bas (si j’ai bien compris !). Après c’est facile : il n’existe qu’une espèce en France dans ce genre, c’est Voria ruralis. Les yeux non velus et la présence de fortes soies dressées sur le scutellum confirment la détermination.
Cette espèce banale produit plusieurs générations dans l’année et parasite des chenilles, le plus souvent celles d’une noctuelle très commune, Autographa gamma.
La Seine en crue a inondé la roselière et lèche le grand ponton construit sur sa berge. La rambarde en bois devient une arche de Noé, j’y observe de nombreuses espèces d’araignées et d’insectes. Cette chrysomèle noire et jaune est un Phyllotreta et celui-ci avec ses pattes antérieures et médianes jaunes est identifiable, il s’agit de Phyllotreta ochripes.
Cette espèce vit sur les Brassicaceae des milieux humides, notamment sur les Rorripa. Elle est assez commune.
Retrouvez une autre Chrysomelidae des zones humides :
En allant ramasser un petit panier de chanterelles, je tombe sur cette mouche qui prend un bain de soleil sur le tronc d’un hêtre. Elle ressemble fort à la scatophage du fumier, Scathophaga stercoraria, cette belle blonde très commune que l’on voit en nombre sur les bouses et les crottins. Mais ce n’est pas cette espèce car les antennes ne sont pas noires.
Je me plonge dans les clés de déterminations pour mettre un nom sur ma découverte. Heureusement, j’ai sur mes photos de quoi vérifier l’arista plumeuse sur le troisième article de l’antenne et un certain nombre de détails de la nervation des ailes. J’arrive à Scathophaga suilla, une des dix espèces du genre présentes en France selon l’INPN. On ne connaît à peu près rien de sa biologie mais il est très probable qu’elle se comporte comme Scathophaga stercoria, l’adulte étant prédateur d’autres insectes et la larve coprophage.
Retrouvez une autre mouche étonnante trouvée en forêt :
Quels sont les articles publiés en 2023 qui ont eu le plus de visites ? Je vous propose de découvrir le palmarès et de retrouver les sujets correspondants en cliquant sur les liens :
Catégorie entomologie
Cette année, c’est un article de synthèse qui a remporté la palme : Les coccinelles à points blancs. Il permet d’identifier les différentes espèces de coccinelles à points blancs que l’on peut observer en Ile-de-France.
Clivia miniata fait mon bonheur chaque printemps depuis plus de 40 ans !
Catégorie reportage
Mon inventaire éclair 2023. Chaque année, un week-end de prospection entre naturalistes passionnés est organisé par l’ARB Ile-de-France. Ces Inventaires éclairs sont devenus incontournables !
Des araignées ont tissé ces guirlandes de Noël à perte de vue dans cette jachère et même au-dessus des labours. Il faut que je découvre quel est l’artiste. Alors je plonge mon filet dans la végétation.
Je remonte cette sympathique Lycosidae, une Pardosa reconnaissable à ses longues pattes épineuses. Les Pardosa ne tissent pas de toiles de chasse mais elles peuvent produire des fils de déplacement qu’elles utilisent en se laissant porter par le vent. Ici, ce sont des milliers de fils de déplacement qui brillent dans le soleil couchant.
Pour en avoir le cœur net, je choisis un de ces fils et je le suis. Surprise, il traverse le chemin ! A son extrémité fixée sur une herbe, je découvre une araignée de 1,5mm qui a établi là une toile de chasse rudimentaire et désordonnée. Il s’agit d’un membre du genre Tenuiphantes mais comme je ne la prélève pas, l’espèce restera indéterminée. J’apprends que les Lyniphiidae, dont font partie les Tenuiphantes, sont coutumières de telles concentrations. Je trouve fascinant qu’une œuvre aussi gigantesque soit le fait d’aussi petits animaux !
Le soleil va bientôt se coucher, il me faut poursuivre mon chemin. Chacun de mes pas brise sans doute une dizaine de ces fils.
Derrière la porte effondrée d’une vieille grange nous découvrons cette magnifique araignée. Je reconnais Steatoda triangulosa au motif très particulier de son abdomen, en triangles emboités.
On peut rencontrer Steatoda triangulosa en Europe du sud dans des endroits chauds et secs, généralement cachée sous des pierres. Mais cette espèce a depuis fort longtemps investi nos maisons et dépendances. Synanthrope, elle est largement cosmopolite. C’est une espèce commune en France.
J’en ai un couple dans ma véranda. J’aperçois parfois ces araignées discrètes quand je déplace les citronniers en pot.
Le chemin forestier qui descend vers la rivière est gorgé d’eau. Je passe un coup de filet rasant dans les touffes d’un jonc très court et je récupère cette toute petite punaise de 3mm.
Ce Cymidae est Cymus claviculus, on le reconnaît notamment à sa petite taille, à sa teinte claire et au dessin particulier de son scutellum. Il vit sur les joncs et les laîches, dont il pique les graines. On le trouve assez souvent sur le jonc des crapauds. Les adultes hivernent dans la litière ou sous une écorce décollée.
C’est le moment de vérifier l’étanchéité de mes bottes. Cette grosse touffe de rubaniers à moitié immergés recèle peut-être des trésors. Dans mon filet, je découvre ce petit Carabidae aux reflets d’or ! Les gros yeux écartés et le large miroir sur le dessus des élytres ne permettent aucun doute : c’est un Notiophilus.
Là, il est en train de s’évader de mon bocaloscope !
Ses élytres sont marqués de deux fossettes. Deux de chaque côté, cela fait les quatre points de Notiophilus quadripunctatus. La comparaison des largeurs des interstries confirme l’identification.
Cette espèce est souvent trouvée aux abords des marais, mais elle fréquente aussi d’autres milieux. Son régime alimentaire est constitué de petits insectes et de collemboles.
Les Cicadellidae comptent 22 000 espèces dans le Monde, et plus de 5000 appartiennent à la sous-famille des Typhlocybinae. Ce sont des cicadelles fluettes et souvent joliment ornées. En France, cette sous-famille serait riche de 300 espèces environ.
Les Typhlocybinae se distinguent des autres sous-familles de cicadelles par la nervation alaire. Sur l’aile antérieure, les nervures transverses ne sont présentes que dans la partie apicale.
Elles sont souvent inféodées à un groupe de plantes ou même parfois à une seule espèce. Par exemple, Alebra albostriella est polyphage sur les arbres caduques, Eupterycyba jucunda n’est présente que sur les aulnes et Zygina rubrovittata vit uniquement sur les callunes.
Voici quelques espèces rencontrées en période hivernale, passant la mauvaise saison à l’abri dans des ronciers, des arbustes persistants ou des conifères. Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir et sur les liens ci-dessous pour retrouver leurs portraits :
Les pieds dans la vase, je bats quelques plantes de la berge d’un étang en forêt de Sainte-Apolline. Je recueille cet insecte ailé, sans doute un homoptère de la famille des Psyllidae. Pas facile les psylles ! A tout hasard, je prends une photo.
Il me faut de longues et patientes recherches pour repérer son sosie sur internet. Ce pourrait donc être Aphalara maculipennis. La clé anglaise citée dans les sources de cet article me permet de confirmer son identité.
Aphalara maculipennis est une espèce inconnue en France mais elle a été observée en Belgique et aux Pays-Bas. Ses larves vivent protégées dans des galles formées de paquets serrés de feuilles crispées au sommet de tiges de renouées. Bigre, il faudra que j’y retourne !
Derrière la Maison des insectes dans le parc du peuple de l’herbe, une petite dépression parfois en eau est garnie d’une belle végétation de carex. Je passe mon filet dans le talus herbeux, pour voir. Je remonte un beau spécimen de Tettigometra virescens, déjà rencontré là il y a quelques années ainsi que cette punaise inconnue. Je la trouve chez les Rhyparochromidae, il s’agit de Acompus pallipes que l’on distingue des espèces voisines par son scutellum entièrement mat. Les fémurs en grande partie noirs sont la signature de la forme orientalis.
Cette espèce peu commune vit dans des milieux secs, pierreux ou sableux. Elle se nourrirait sur des Valerianella, comme la mâche cultivée.
Les élytres ne cachent que les premiers segments de l’abdomen de ce coléoptère : c’est un staphylin. La famille des Staphylinidae compte en France au moins 2000 espèces, cela fait beaucoup de chances de se tromper lorsqu’on tente une détermination ! Mais celui-ci avec ses couleurs vives me facilite la tache et j’arrive jusqu’au genre Paederus. Deux espèces communes me paraissent possibles : Paederus riparius et Paederus littoralis. Celui-ci pourrait être Paederus littoralis en raison de son thorax court et arrondi.
Et cet autre, observé au bord de la Seine, avec son thorax plus allongé, pourrait être Paederus riparius. Mais il me faudrait voir la couleur des mandibules…
Les adultes comme les larves des Paederus se nourrissent de petites proies qu’ils chassent dans la végétation.
Plusieurs espèces de Paederus tropicaux sont très toxiques et provoquent de graves inflammations de la peau en cas de contact. Dans le doute, je m’abstiens de manipuler les Paederus indigènes.
dimanche 4 février 2024
L’aselle d’eau douce est un crustacé isopode de mœurs aquatiques. On le dit d’origine asiatique et on ne sait pas précisément dater son arrivée en France. J’ai trouvé quelques enregistrements dès 1977 mais les premières données significatives dans l’INPN commencent à la fin des années 1990. On reconnaît Asellus aquaticus aux deux taches blanches sur la tête (à gauche sur la photo).
Cette espèce qui supporte les eaux polluées est maintenant présente dans la plupart des cours d’eau et étangs d’Europe. Les poissons et oiseaux aquatiques en sont friands et régulent naturellement ses populations.
L’aselle d’eau douce est active la nuit et consomme des débris végétaux.
Retrouvez un autre arthropode aquatique naturalisé :
La crevette tueuse du Danube
Sources :
CRUSTACES ISOPODES, par Jean-Paul HENRY et Guy MAGNIEZ
Asellus aquaticus, dans DORIS
samedi 3 février 2024
Un Martien ?
Cet hyménoptère jaune de 3mm est tombé dans mon bac au battage de buissons dans le parc de la Croix des Gardes. Il a vraiment un look inhabituel !
Le nombre d’articles des antennes m’oriente vers la famille des Torymidae, et le gros stigma noir sur l’aile désigne le genre Megastigmus. Son abdomen est dépourvu d’ovipositeur, c’est donc un mâle.
La clé indiquée dans les sources me conduit jusqu’à l’espèce Megastigmus aculeatus. C’est d’ailleurs la seule espèce du genre à faire l’objet de données dans l’INPN.
Sa biologie est curieuse. La femelle pond dans les cynorhodons encore verts de différentes espèces de rosiers et ses larves se développent à l’intérieur des graines. Une grive vient à passer par là, elle consomme le fruit mûr. Les graines sont rejetées plus loin avec ses fientes. Les Torymidae adultes émergent alors au début du printemps dans une nouvelle contrée qu’ils seraient bien incapables de gagner de leurs propres ailes.
Les photos des mâles sont très rares, car ils représentent moins de 7% de la population. Les femelles d’ailleurs se reproduisent généralement sans fécondation.
Retrouvez un autre hyménoptère à l’allure étonnante :
Perilampus ruficornis
Sources :
Megastigmus aculeatus, dans GBIF
TY – JOUR
AU – Roques, Alain
AU – Skrzypczyńska, Malgorzata
PY – 2010/12/06
SP – 127
EP – 238
T1 – Seed-infesting chalcids of the genus Megastigmus Dalman, 1820 (Hymenoptera: Torymidae) native and introduced to the West Palearctic region: Taxonomy, host specificity and distribution
VL – January 20
DO – 10.1080/713834669
JO – Journal of Natural History
ER –
vendredi 2 février 2024
On trouve parfois des coquilles de cet intrigant escargot (4mm) dans des taupinières. Cecilioides acicula est une espèce fouisseuse rarement observée en surface. Lucien a eu le flair de trouver dans son jardin un individu vivant, en retournant une grosse pierre de meulière. Ne cherchez pas à croiser son regard, l’aiguillette commune est aveugle. La vue ne lui serait pas utile dans les profondeurs du sol.
Mais que cherche-t-il dans le sol ?
Ce mollusque nécrophage se nourrit de moisissures à la surface de vieux ossements. La concentration de coquilles dans des fouilles archéologiques peut indiquer l’emplacement de sépultures dont les ossements ont été totalement dégradés. Cecilioides acicula serait apparu en France à l’époque gallo-romaine. En revanche, en raison de son caractère fouisseur, sa présence dans le sol ne donne aucune indication stratigraphique.
Retrouvez une autre espèce nécrophage :
Le Zombie à pattes bleues
Source :
Mourir autour de la naissance à Avtricvm au IIe et IIIe siècles – Archéo 18, ville de Chartres
jeudi 1er février 2024
Qu’a de spécial cet escargot ?
La réponse demain !
mercredi 31 janvier 2024
Je ne connaissais pas le chemin de halage à Triel-sur-Seine. J’ai testé, c’est pittoresque. On longe une immense carrière. Le site est protégé par un portail solidement cadenassé. Mais il manque deux barreaux… Et surtout il n’y a pas de clôture !
Sur la berge du bras des Morteaux, je trouve au sommet d’une branche d’osier ce joli bouquet de feuilles sèches en forme de rose épanouie. C’est la galle de Rabdophaga rosaria, un diptère Cecidomyiidae qui transforme à son bénéfice un bourgeon terminal de saule. Sa larve consomme l’intérieur de la galle et y passe l’hiver bien à l’abri.
Retrouvez une autre galle de Cecidomyiidae :
La galle des fruits de la carotte
Source :
Rhabdophaga rosaria, par Plant Parasites of Europe
mardi 30 janvier 2024
Oh, un demi lapin !
Le reste d’un lapin gît au bord du chemin, un renard en est sans doute la cause. Voilà une bonne aubaine pour observer d’éventuels nécrophages. Je n’ai même pas à chercher un bâton pour retourner cette dépouille. Une grosse larve pose pour le photographe !
Celle-ci est bien typique et je n’ai pas de difficulté à identifier l’espèce Silpha tristis, un coléoptère Silphidae.
Les larves de Silpha se nourrissent de charognes de grands animaux (au moins 300g) laissant aux Nicrophorus les cadavres d’animaux plus petits.
Retrouvez un autre Silpha :
Le Silphe clochette
Un autre nécrophage :
Thanatophilus sinuatus
Source :
Silpha tristis, fiche descriptive dans l’INPN (Hervé Bouyon -2022)
lundi 29 janvier 2024
Près de l’étang du Corra, je soulève l’écorce d’un tronc de pin pourri couché dans l’herbe. Ce curieux animal de 3mm est en train de contourner un escargot minuscule. Il est étonnamment boudiné et possède deux antennes courtes et épaisses. La position des tubercules saillants sur son derrière me permet de le déterminer, il s’agit de Neanura muscorum, un collembole qui se nourrit de champignons du bois mort. C’est une espèce commune présente en Europe, Asie, Amérique du Nord, Inde, Australie. Pour éloigner ses prédateurs, il est capable de sécréter des gouttelettes d’un liquide répulsif à leur approche.
Retrouvez un autre collembole :
Tomocerus minor
Sources :
Le site collembola.org de Frans Janssens
Sécrétion de Neanura muscorum, une vidéo de Philippe Lebeaux
dimanche 28 janvier 2024
J’étais convié en ce dernier samedi de janvier à participer à la visite nature organisée par le Collectif du lac de Créteil. J’ai montré des petites bêtes à toutes celles et tous ceux, novices ou pas, qui semblaient s’y intéresser.
C’est une drôle d’idée de programmer ce rendez-vous annuel en janvier, mais en fait il a fait très beau et les insectes encore engourdis par le froid de la nuit se sont très bien prêtés à mes démonstrations.
Sur le parvis de l’hôtel de ville
Voici ce que j’ai observé dans les jardinières de la place Salvador Allende.
Cyphostethus tristriatus, magnifique punaise de la famille des Acanthosomatidae, pique pour se nourrir les baies des genévriers. Depuis 2000, on la trouve aussi dans les thuyas et les cyprès des jardins.
Les bambous nains hébergent parfois des pucerons d’origine asiatique. C’est le cas de celui-ci. Takecallis arundicolens est reconnaissable à ses nervures soulignées de noir et à la cauda noire au bout de son abdomen. C’est la deuxième observation de cette espèce dans la base de données naturalistes d’Ile-de-France, GéoNat’IdF.
La rosée a déposé des gouttelettes sur les feuilles des Stachys. Avec d’autres photographes, je me suis amusé à observer leur effet de loupe sur les poils hydrophobes de ces feuilles.
Au bord du lac, dans un if
Le groupe s’est ébranlé en direction du lac. Un if m’a permis de montrer les insectes qui hivernent parmi ses aiguilles.
Rhaphigaster nebulosa doit son nom de punaise nébuleuse aux petits nuages noirs qui ornent la partie membraneuse de ses ailes. Cette espèce très commune est polyphage, elle se nourrit de nombreuses espèces d’arbres et d’arbustes. L’hiver, on peut la rencontrer cachée sous les écorces décollées, dans le lierre ou dans les conifères.
Viridicerus ustulatus est une cicadelle inféodée aux peupliers, elle passe l’hiver dans les ifs. Elle est peu souvent observée.
Zyginella pulchra, hôte régulier des conifères en hiver, vit aux beaux jours dans les érables. Cette petite cicadelle fait partie de la sous-famille des Typhlocybinae. Je l’identifie au point noir situé à l’apex de l’aile.
Retrouvez les portraits de ces insectes :
Cyphostethus tristriatus
Takecallis arundicolens
Rhaphigaster nebulosa
Viridicerus ustulatus
Zyginella pulchra
samedi 27 janvier 2024
Je découvre cette magnifique punaise en soulevant une écorce d’eucalyptus. Comme elle ressemble à Rhyparochromus vulgaris, elle pourrait faire partie de la famille des Rhyparochromidae. Je cerne le genre en explorant les photos des membres de cette famille dans les galeries sur internet : c’est un Xanthochilus, autrefois considéré comme un sous-genre de Rhyparochromus.
La vue de profil montre un rostre très long, atteignant les hanches des pattes postérieures, c’est donc Xanthochilus saturnius, une espèce typiquement méditerranéenne, également présente sur la côte ouest des Etats-Unis depuis 2006.
Les plantes hôtes de cette espèce sont des Lamiaceae, notamment les Stachys, et des Scrophulariaceae, comme les Verbascum.
Retrouvez un autre Rhyparochromidae :
Beosus maritimus
vendredi 26 janvier 2024
J’inspecte les branchages d’un vieux pyracantha au bord de l’étang du Corra. La chasse est maigre, juste un moucheron. Celui-ci est d’assez belle taille et la nervation alaire me semble particulière. Allez, je me lance, pour une fois je vais essayer d’identifier un moucheron.
J’arrive jusqu’au genre Mycomya, dans la famille des Mycetophilidae. Il existe 44 espèces dans ce genre en France et la clé de détermination que j’ai trouvée est trop ardue pour moi, elle me permet seulement d’éliminer quelques espèces. J’en resterai donc au genre. Son gros abdomen me fait penser que c’est une femelle.
Les larves des Mycomya consomment des champignons, notamment ceux qui poussent sur le bois.
Les spécialistes, pour les déterminer, comparent l’anatomie des pièces génitales et font des analyses de leur ADN. Il est assez facile de se procurer des adultes en collectant des champignons ou du bois pourri et en les plaçant dans des boîtes d’élevage.
Retrouvez un autre moucheron :
Sphaeromias pictus
jeudi 25 janvier 2024
Connaissez-vous les Anthaxia ? Ces coléoptères de la famille des Buprestidae sont souvent brillamment colorés. Leurs larves creusent des galeries dans le bois de nombreuses espèces d’arbres ou d’arbustes. Certaines espèces sont cependant inféodées à des plantes basses, comme les panicauts, les astragales, les férules. On peut observer les adultes en été sur diverses fleurs où ils viennent butiner.
Une quarantaine d’espèces pour ce genre sont répertoriées en France. La grande majorité d’entre elles sont méditerranéennes. Je vous propose d’en découvrir quelques unes.
Les larves du Bupreste hongrois creusent le bois mort des chênes. C’est un insecte de grande taille (jusqu’à 15mm), la femelle au thorax contrasté est facile à reconnaître.
On peut voir Anthaxia confusa butiner les Asteraceae à fleurs jaunes, notamment les Crepis. Cette espèce est inféodée aux cyprès et aux genévriers.
Anthaxia fulgurans est associé à des arbres et arbustes principalement de la famille des Rosaceae.
Anthaxia ignipennis est citée pour les chênes et les prunus. Chez cette espèce, le mâle et aussi coloré que la femelle.
En Ile-de-France, ce sont d’autres espèces que l’on peut rencontrer : Anthaxia manca (la célèbre Anthaxie driver), Anthaxia candans, Anthaxia semicuprea, Anthaxia mendizabali, Anthaxia nitidula, Anthaxia godeti,
Retrouvez un autre coléoptère brillamment coloré :
Rynchites bacchus
Sources :
Anthaxia from Western Palearctic and Middle East Region
Anthaxia hungarica, fiche descriptive dans l’INPN (H. Bouyon -2018)
Mollandin de Boissy R. Notes biologiques sur quelques Buprestides [Col.]. In: Bulletin de la Société entomologique de France, volume 8 (8),1903. pp. 151-152.
Anthaxia fulgurans, fiche dscriptive dans l’INPN (H. Bouyon – 2018)
Anthaxia ignipennis, fiche descriptives dans l’INPN (H. Bouyon – 2018)
Coléoptères Buprestides, par André Théry
mercredi 24 janvier 2024
Je scrute un tapis de lierre terrestre (Glechoma hederacea) et je trouve une feuille présentant une mine. Eclairée en contre-jour, la feuille laisse deviner le trajet de l’insecte mineur. Le couloir est d’abord étroit sous l’épiderme supérieur, il s’élargit en tache puis devient moins visible. La larve s’est enfoncée plus profondément dans l’épaisseur de la feuille.
L’insecte finit son voyage nourricier sous l’épiderme de la face inférieure. Je reconnais à ces détails la trace d’un diptère Agromyzidae, Phytomyza glechomae, qui est justement inféodé à cette plante. Normalement la larve se nymphose à l’extérieur de la feuille, ici la pupe est restée en partie dans la mine. Je place la feuille dans un bocal aéré dans ma véranda. Peut-être aurai-je la surprise de voir l’adulte au printemps ?
Retrouvez une autre mine de Phytomyza :
La mineuse du scolopendre
Source :
Phytomyza glechomae, par Plant Parasites of Europe
mardi 23 janvier 2024
L’histoire commence par un œuf pondu par un tout petit papillon de nuit de la famille des Nepticulidae sur le dessus d’une feuille de ronce. On distingue ce qui reste de sa coquille, à droite sur la photo ci-dessus. Une minuscule chenille en sort, ronge l’épiderme et creuse une galerie. Celle-ci dessine un serpentin blanc sur la feuille. A mesure que la chenille grandit, la mine s’élargit. Les taches noires que l’on voit dans la mine par transparence sous l’épiderme sont ses excréments (les spécialistes disent le frass).
A la fin de son parcours la chenille se nymphose puis le papillon émerge. Ci-dessous sur cette foliole de ronce deux mines se sont croisées. J’imagine que la chenille qui venait de la gauche a cédé le passage. La traversée de la nervure médiane par l’une d’elle, à l’évidence, n’a pas été un problème. Comme la ligne de frass occupe au moins la moitié de la largeur de la mine, il s’agit de l’espèce Stigmella aurella
Stigmella aurella mine les feuilles de certaines Rosaceae, comme les ronces, les fraisiers, les benoîtes et les aigremoines.
Retrouvez un autre Stigmella :
Stigmella aceris
Source :
Stigmella aurella, dans Plant parasites of Europe
lundi 22 janvier 2024
Alerte, les rochers sont vivants !
Lorsque je m’approche, ça grouille ! Des dizaines de petites bêtes furtives courent et sautent se réfugier dans des fissures puis reviennent se chauffer au soleil et se fondre dans le décor lorsque l’intrus est parti. Celle-ci est passée en trombe sous mon objectif dans une mémorable partie de cache-cache, me laissant la gloire d’une photo un peu floue mais suffisante pour déterminer l’espèce. Il s’agit de Machilinus rupestris, l’unique représentant en France de la famille des Meinertellidae dans l’ordre des Archeognatha. Si leurs cousins de l’autre famille, celle des Machilidae, semblent fuir la lumière, cette espèce est active le jour sur la rocaille en plein soleil.
Je n’ai pas trouvé d’informations sur le mode de vie de Machilinus rupestris. Cet insecte est généralement observé sur des rochers, il se nourrit probablement de mousses et de lichens, et peut-être d’autres matières organiques.
La Drôme semble constituer la limite septentrionale de cette espèce méditerranéenne. Les dates d’observations sur GBIF montrent que Machilinus rupestris peut être observé toute l’année.
Retrouvez un autre Archeognatha :
Lespismachilis y-signata
Source :
Machilinus rupestris, dans GBIF
dimanche 21 janvier 2024
Voici pour attendre les beaux jours, le portrait d’une bien jolie mouche estivale.
Ferdinadea cuprea est assurément l’un de nos plus beaux syrphes. Celui-ci, vu dans la forêt du Cranou au mois d’août, butinait des centaurées dans une allée ensoleillée bordée de fougères.
Pour reconnaître cette espèce, il faut observer la face entièrement jaune ainsi que l’arista noire sur l’antenne.
Les larves de Ferdinandea cuprea se nourrissent de matières végétales en décomposition, notamment dans les cavités des vieux arbres.
Retrouvez un autre syrphe forestier de même écologie :
Callicera aurata
Sources :
Ferdinandea cuprea, fiche descriptive dans l’INPN (Thomas Lebard -2021)
Syrphes de Belgique et des Pays-Bas, par André Schulten
samedi 20 janvier 2024
Cette coccinelle tombe dans mon bac d’une branche basse de sapin de Douglas. Je n’ai encore jamais vu de coccinelle de cette couleur ! Sur un conifère, je m’attendais plutôt à Harmonia quadripunctata ou à Anatis ocellata. Je détermine la belle inconnue en m’aidant de la clé des coccinelles du Nord Pas-de-Calais (voir ci-dessous dans les sources).
Aphidecta obliterata fréquente surtout les pins et les épicéas. Cette espèce a été introduite en Amérique du Nord pour réguler les populations d’un puceron lanigère d’origine européenne, Adelges piceae, qui, loin de ses prédateurs naturels, ravageait outre-Atlantique les sapins.
Retrouvez un autre insecte des conifères :
Le Petit Cycliste à pattes vertes
Sources :
Aphidecta obliterata, fiche descriptive dans l’INPN (Hervé Bouyon – 2020)
Clé d’identification des coccinelles du Nord – Pas-de-Calais – Bruno Derolez, Nicolas Orczyk, Sophie Declercq
vendredi 19 janvier 2024
Ces feuilles de ronce ont une allure inhabituelle. Chaque tache blanche est en fait l’œuvre d’une chenille qui a creusé sa galerie dans l’épaisseur de la feuille. La clé des mines sur les feuilles de Rubus (voir dans les sources) me permet d’arriver à Coptotriche marginea, un microlépidoptère de la famille des Tischeriidae. Les chenilles hivernent dans leurs mines et les premiers papillons apparaissent en avril.
Le toit des mines est déchiré, des mésanges sans doute sont passées par là.
Je soumets ma détermination sur British leafminers, un groupe facebook anglais spécialisé que je viens de rejoindre. Ma proposition est validée, ils doivent avoir les mêmes chez eux. Vérification faite sur GBIF, cette espèce européenne est également présente en Grande-Bretagne.
Retrouvez une autre mineuse de feuilles :
Macrosaccus robiniella
Sources :
Rubus, clé dichotomique pour les mineuses, dans Plant Parasites of Europe
Coptotriche marginea, dans microlepidoptera.nl
jeudi 18 janvier 2024
Je passe le filet un peu au hasard dans les herbes sèches d’un coteau calcaire. Je récupère ainsi Mocydia crocea, une bien jolie cicadelle et cette mouche à la tête ornée.
Le bord externe des ailes ombré me met sur sur la piste de Pherbellia cinerella, de la famille des Sciomyzidae. C’est une espèce typique de ce genre de milieu ouvert bien exposé, elle y chasse les escargots que ses larves parasitent. On peut la voir toute l’année.
Retrouvez une autre Sciomyzidae parasite d’escargots terrestres :
Salticella fasciata
mercredi 17 janvier 2024
Un vieux hêtre a perdu une grosse branche. La partie exposée à la pluie se couvre de mousses, ici des Hypnum cupressiforme. Et partout sur l’écorce fructifient ces petits champignons dont la rondeur et la couleur me rappellent les daldinies fréquentes sur le bois mort de frêne.
A l’évidence, c’est une autre espèce. Souvent trouvé sur le hêtre, Hypoxylon fragiforme forme de petites boules brunes verruqueuses qui noircissent en vieillissant. Le nom d’espèce de ce champignon évoque sa ressemblance avec des fraises.
J’en ai coupé un en deux. La couche fertile en périphérie n’a pas la même structure que la partie interne.
Retrouvez un autre champignon qui pousse sur le bois mort :
Le Schizophylle commun
mardi 16 janvier 2024
Je bats quelques herbes jaunies dans un petit talus près de la Seine. La pêche est bonne : Rhyzobius litura, petite coccinelle brune et velue, Geocoris erythrocephalus et Geocoris megacephalus, deux compères de la famille des Geocoridae, et puis cette punaise mal fagotée aux ailes trop courtes pour son long abdomen. C’est une forme brachyptère d’un Ischnodemus (famille des Blissidae). Deux espèces très semblables sont candidates : Ischnodemus sabuleti et Ischnodemus quadratus. Pour les départager, il convient de prendre les mesures. La longueur des Ischnodemus sabuleti serait comprise entre 4,4 et 6mm, et celle des Ischnodemus quadratus s’établirait entre 3,25 et 4,6mm. Mon individu mesure 4,8mm de long, je le baptise donc Ishnodemus sabuleti d’autant que l’espèce serait plus fréquente au nord que l’autre et vivrait plus près de l’eau. Mais bien sûr, il y a localement des exceptions. Des essais en laboratoire d’entomologie ont démontré que ces prétendues espèces s’accouplaient entre elles très volontiers. D’ailleurs s’agit-il vraiment d’espèces distinctes ? C’est un bon sujet pour mettre de l’ambiance dans une soirée entre spécialistes.
Ischnodemus sabuleti semble être majoritairement associée aux plantes des marais comme les Phragmites, les Phalaris et les Glyceria.
Retrouvez un autre insecte des roselières :
Anthocomus rufus
Source :
Lygaeidae volume 1 de Jean Péricart
lundi 15 janvier 2024
La chasse aux Typhlocybinae fait des émules !
Voulez-vous encore une Zygina, ces petites cicadelles Typhlocybinae marquées de rouge ? Celle-ci n’évoque-t-elle pas fortement Zygina tithide, une espèce rare ? Elle a été trouvée par mon ami Lucien en battant des ronces à Neuilly-sur-Marne. Il l’a repéré à son dessin particulier parmi une centaine d’autres Zygina plus communes observées dans la journée.
J’ai trouvé la même au parc du peuple de l’herbe, parmi plusieurs Zygina eburnea !
C’est une femelle, comme l’atteste cette vue ventrale : on peut voir l’ovipositeur au bout de son abdomen.
Une bonne bille de clown !
J’ai demandé à mon contact italien spécialiste de ces petites bêtes s’il confirmait Zygina tithide. Sa réponse est arrivée, ce n’est pas Zygina tithide mais une femelle Zygina eburnea, dans un habitus inhabituel. Il se trouve que cette variation chromatique pour cette espèce n’a jamais été illustrée dans la littérature scientifique. Pour combler ce manque, j’envoie donc mon individu en Italie à Francesco qui prépare une publication sur ce genre.
Retrouvez une autre Zygina :
Zygina griseombra
Source :
Homoptères Typhlocybidae, de H. Ribaut – Faune de France 31
La chasse aux Typhlocybinae fait des émules !
Voulez-vous encore une Zygina, ces petites cicadelles Typhlocybinae marquées de rouge ? Celle-ci n’évoque-t-elle pas fortement Zygina tithide, une espèce rare ? Elle a été trouvée par mon ami Lucien en battant des ronces à Neuilly-sur-Marne. Il l’a repéré à son dessin particulier parmi une centaine d’autres Zygina plus communes observées dans la journée.
J’ai trouvé la même au parc du peuple de l’herbe, parmi plusieurs Zygina eburnea !
C’est une femelle, comme l’atteste cette vue ventrale : on peut voir l’ovipositeur au bout de son abdomen.
Une bonne bille de clown !
J’ai demandé à mon contact italien spécialiste de ces petites bêtes s’il confirmait Zygina tithide. Sa réponse est arrivée, ce n’est pas Zygina tithide mais une femelle Zygina eburnea, dans un habitus inhabituel. Il se trouve que cette variation chromatique pour cette espèce n’a jamais été illustrée dans la littérature scientifique. Pour combler ce manque, j’envoie donc mon individu en Italie à Francesco qui prépare une publication sur ce genre.
Retrouvez une autre Zygina :
Zygina griseombra
Source :
Homoptères Typhlocybidae, de H. Ribaut – Faune de France 31
dimanche 14 janvier 2024
Dans un élan de rangement, je déménage quelques fourbis échoués dans des endroits improbables. Que celui ou celle qui n’a jamais entassé me jette la première pile !
Je tombe donc par hasard sur L’Autre, journal satirique éphémère et gratuit de l’association Dallas, auquel j’avais eu l’honneur de collaborer en 2020. Il avait été distribué à Cergy-Pontoise à l’occasion d’une mémorable exposition de dessins de presse. Je ne résiste pas à l’envie de partager ici ma prose dont le thème est toujours autant d’actualité. Elle avait été publiée en son temps dans l’excellent blog Nature en ville à Cergy-Pontoise.
Pigeon vole, cheval au galop, écrevisse à la nage, bouge tes fesses et va ranger ta chambre !
Notre belle langue fourmille d’expressions fleuries pour illustrer le besoin impérieux de mouvement du monde vivant. Ainsi la vache se meut dans son pré, et la raie glisse au fond des mers.
Même les plantes rivalisent d’ingéniosité pour se déplacer : marcottes, boutures naturelles, graines ailées ou flottantes, ou digérées par les animaux. Ainsi va le grand bal de notre biodiversité familière.
Et tout le monde est content, jusqu’au jour où paraît l’Autre, qu’on ne connaît pas et qui n’est pas de chez nous, l’infâme bestiole qui incarne nos peurs ancestrales et nos fantasmes morbides.
Qui n’a entendu parler de cette araignée velue et affreusement venimeuse surgie d’un carton de bananes ? Il paraît que dans sa jungle natale, elle terrasse une grenouille taureau rien qu’en la regardant ! Et puis le silure venu d’au delà des Carpates que les amateurs de pêche sportive ont introduit un peu partout dans nos fleuves et nos plans d’eau, n’a-t-il pas une fois au bois de Boulogne gobé la baballe tombée à l’eau et le caniche avec ? Et ces hordes de loups venus de l’étranger : des croqueurs de moutons assoiffés de sang !
Examinons calmement les faits.
Les araignées exotiques introduites fortuitement ont bien peu de chances de s’établir sous notre climat (sauf exception). En revanche, c’est bien d’un cargo bananier en provenance d’Amérique du Sud que nous est arrivé il y a cent ans le Galinsoga, charmante adventice de nos potagers.
Le silure ne met pas de caniches à son menu, ou alors les trop maigres et il recrache poliment la laisse. Il débarrasse nos villes des pigeons en surpoids venus se désaltérer au bord du fleuve, et engloutit d’énormes quantités de ces écrevisses américaines échappées d’élevages qui tapissent le fond de nos étangs. Un animal utile à bien des égards !
L’absence du loup en France, de 1937 à 1992, n’est en réalité qu’une minuscule parenthèse dans le destin de cette espèce bien de chez nous.
Souvenons-nous, le propre de la nature, c’est le mouvement, vouloir la figer, c’est la tuer.
samedi 13 janvier 2024
Le ruisseau des Payrols charrie une eau tellement chargée que son lit est encroûté de calcaire. Dans son cours supérieur, avec la pente plus prononcée, se forme une succession de vasques naturelles cascadant plaisamment les unes dans les autres. Ses rives sont ombragées par des chênes aux troncs garnis d’imposants manchons de mousses. Je crois reconnaître Exsertotheca crispa, et Aleniella complanata. Mais là sur cette branche, ces rameaux vert sombre sont d’une autre espèce.
Cette vue rapprochée montre des feuilles courtes imbriquées en écailles qui me rappellent Porella platyphylla. Mais il s’agit ici d’une autre hépatique à feuilles, aux rameaux plus irréguliers, Porella arboris-vitae.
Les petits lobes de feuilles et les amphigastres sont dentés, ce qui est une des caractéristiques de Porella arboris-vitae.
Chaud devant !
La fiche de cette espèce dans le site British Bryological Society indique que le critère infaillible pour la reconnaître passe par le bout de la langue. Un tout petit fragment de cette hépatique mâché entre les incisives développe rapidement une très forte âcreté, et brûle comme du piment. Voilà qui pique ma curiosité, je dois absolument y goûter. Il m’a fallu dix bonnes minutes pour récupérer la sensibilité de ma langue !
Retrouvez d’autres hépatiques à feuilles dans cet article :
Les hépatiques
vendredi 12 janvier 2024
J’ai invité quelques connaissances, membres de l’Association des Naturalistes Parisiens, à partager avec moi une matinée de prospection hivernale au parc du peuple de l’herbe. Sous un soleil radieux, nous scrutons la rambarde du grand ponton le long de la Seine en crue à la recherche d’insectes et d’araignées. Michel trouve une jolie chrysomèle des milieux humides, Phyllotreta ochripes. Un peu plus loin en fauchant une touffe d’orties, je découvre un charançon inféodé à cette plante, Parethelcus pollinarius. Deux nouvelles espèces pour l’inventaire du parc, le contrat est rempli ! Avant de nous quitter, Michel me confie la photo d’une punaise Miridae dont la détermination lui résiste.
La folle histoire de la Miridae mystère !
A vrai dire, sa punaise au look étonnant me met également en échec, cette Miridae est une extra-terrestre ! Interrogé, Lucien me donne la piste d’une sous-famille plausible, celle des Phylinae.
Je passe alors en revue plusieurs galeries de photos et je repère le genre Camptotylus dont les membres présentent cette macule noire sur les ailes. Je déniche sur internet une providentielle clé des Camptotylus (voir ci-dessous dans la première source) qui m’amène avec certitude à l’espèce Camptotylus linae.
Michel me précise qu’il a trouvé la Miridae mystère en juillet 2023 dans une ballote noire, sur le quai de la gare de Chamarande, dans l’Essonne. Là, les choses se compliquent, Camptotylus linae est une espèce orientale inféodée aux tamaris ! L’observation la plus occidentale serait un individu trouvé en Turquie en 2019. Mais quid du tamaris ?
Je navigue virtuellement avec l’application Street View dans le secteur de la gare de Chamarande. Dans le jardin d’un pavillon tout près du quai, devinez ce que je trouve : un tamaris !
Cette observation serait une première pour cette espèce en Europe. Je note dans mon agenda d’aller impérativement secouer au mois de juillet prochain un certain nombre de tamaris de mon quartier !
Retrouvez une autre Miridae des tamaris :
Tuponia hippophaes
Chamarande, ce nom me disait quelque chose, j’y suis déjà allé : une sacrée visite !
Au Domaine départemental de Chamarande
Sources :
Fedor V. Konstantinov « Review of the genus Camptotylus Fieber, 1860 (Heteroptera: Miridae) with description of two new species, » American Museum Novitates 2008(3606), 1-23, (9 April 2008).
Camptotylus linae – iNaturalist
jeudi 11 janvier 2024
Un coup de vent a renversé un grand saule mort, j’en profite pour inspecter les hautes branches maintenant accessibles et soulever quelques lambeaux d’écorce décollée. J’isole délicatement un petit coléoptère endormi, de 4mm. Dans ma manœuvre, une gouttelette d’eau l’a collé sur le dos au flacon d’observation que j’ai préparé pour lui. La disposition des taches blanches à l’avant de la tête et sur les élytres correspond à l’espèce Ptinus sexpunctatus, un membre de la famille des Ptinidae.
Le scutellum est blanc également. Ces taches correspondent en fait à des zones recouvertes de poils transformés en écailles blanches. Au repos, il range ses antennes ventralement.
Ptinus sexpunctatus se nourrirait de divers déchets dans les nids abandonnés d’hyménoptères (abeilles sauvages, guêpes, fourmis).
Retrouvez un autre Ptinus :
Ptinus bidens
Sources :
Clé d’dentification des Ptinus, par Coleonet
Ptinus sexpunctatus, par Arthropodafotos
mercredi 10 janvier 2024
Sous le regard suspicieux d’un cygne, je balaie à grands coups de filet à papillons la cariçaie qui borde l’étang de la Galiotte. Je récupère une coccinelle orange et velue, Coccidula rufa, que j’avais trouvée à cet endroit il y a quelques mois et cette curieuse araignée de 3mm.
Son profil m’évoque la famille des Linyphiidae. C’est en effet dans cette famille que je trouve Microlinyphia impigra, une spécialiste des marécages. Pour capturer ses proies, cette araignée tisse une toile horizontale dans les laîches ou les roseaux.
Cette espèce n’est pas commune parce que son milieu de vie n’est pas très répandu, mais elle n’est pas rare non plus.
Retrouvez une autre Linyphiidae :
Neriene peltata
mardi 9 janvier 2024
Cette coccinelle est facile à reconnaître : 2 à 3 mm seulement, toute poilue avec 4 taches orange en virgule sur les élytres, c’est Nephus quadrimaculatus. Elle affectionne particulièrement les vieux murs couverts de lierre, et c’est dans cet environnement que je l’ai trouvée. Elle semble assez commune mais passe facilement inaperçue en raison de sa taille.
Cette espèce consomme des cochenilles et d’autres petites proies.
Retrouvez une autre petite coccinelle noire à quatre taches orange :
Platynaspis luteorubra
Source :
Nephus quadrimaculatus, par UK Beetles
lundi 8 janvier 2024
L’île de la Dérivation à Carrières-sous-Poissy possède une très bel alignement de vieux platanes. Je décolle quelques morceaux d’une écorce crevassée, à la recherche d’hypothétiques Carabidae.
Lovée dans une fissure cette chose baveuse et contrastée m’interpelle. Ne dirait-on pas un ver plathelminthe invasif ? Averti de la toxicité de ces vers, je déplace celui-ci prudemment en m’aidant d’une brindille.
Il s’étire sur la feuille de lierre que je lui ai proposé. J’estime sa longueur à environ 7cm.
Il s’agit de l’espèce Caenoplana variegata, originaire d’Australie et prédateur d’arthropodes. Ce sont surtout des cloportes, des mille-pattes et des araignées qui sont à son menu. Sa répartition en France est pour l’essentiel méditerranéenne et atlantique.
Contrairement à d’autres plathelminthes invasifs, celui-ci ne consomme pas de vers de terre. En France, on ne lui connaît pas de reproduction sexuée, il se multiplie par scissiparité : le corps se coupe en plusieurs morceaux qui donnent chacun un nouvel individu. On ne lui connaît chez nous ni parasite ni prédateur. Même les poules n’en veulent pas.
Je ne l’ai pas détruit. Longtemps après l’extinction de la race humaine, les plathelminthes seront peut-être les nouveaux maîtres du Monde. Je fais le pari qu’au terme de quelques dizaines de millions d’années d’évolution, ces êtres auront acquis quelque forme d’intelligence supérieure. Ils auront alors à cœur de préserver notre planète, dans l’harmonie et la bienveillance.
Que faire si vous rencontrez un ver plathelminthe invasif ?
Faites comme moi, envoyez votre photo au chercheur Jean-Lou Justine (voir ci-dessous) pour faire avancer la connaissance sur la répartition et l’écologie de ces espèces.
Source :
Blog: Plathelminthes terrestres invasifs, de Jean-Lou Justine
Retrouvez une autre espèce invasive trouvée en bord de Seine :
Acanalonia conica
Pour comprendre où se situe cette espèce dans la classification du vivant, tapez le nom de l’espèce dans :
L’arbre de vie
dimanche 7 janvier 2024
Je monte l’escalier de sortie du parking souterrain de l’hôtel de ville et mon œil se pose sur une araignée que je ne connais pas. Elle non plus d’ailleurs.
Pour une fois, je n’ai pas pris mon appareil photo, alors je pose mon cabas et lui tire le portrait avec mon téléphone portable. Une recherche rapide me permet d’identifier Steatoda nobilis. Cette espèce originaire de Madère et des Canaries s’est établie ça et là en Europe et en Amérique, au gré de transports de fruits exotiques. Mes photos faites, je me fraie un passage dans la foule du marché. Les cartons de bananes et de mangues sont à quelques pas de l’escalier !
Seratoda nobilis est d’une taille impressionnante mais elle est bien inoffensive. Timide, elle se cache ordinairement au fond d’une fissure et n’est pas du tout agressive. Celle-ci, curieusement à découvert, devait être transie de froid. J’y suis retourné bien sûr, avec un meilleur équipement. La belle avait disparue.
Retrouvez une autre Steatoda :
Steatoda triangulosa
samedi 6 janvier 2024
Le tour de l’étang du Corra est une agréable promenade. J’y vais en semaine, il y a moins de monde. Un petit escalier m’invite à me rapprocher de la berge. Je bats quelques roseaux et récupère la belle Marpissa nivoyi, une araignée sauteuse qui a une particularité étonnante, elle est très agile en marche arrière !
Cette petite punaise m’intrigue, elle ressemble fort à Chilacis typhae, une classique des roselières, mais certains détails semblent différents. J’examine quelques autres individus et me rends à l’évidence : c’est une autre espèce. Dans la famille de Chilacis typhae, les Artheneidae, je trouve Holcocranum saturejae qui correspond tout à fait. Le critère à observer, ce sont les quatre carènes blanches sur le pronotum, que n’a pas Chilacis typhae. Le dessin sur la tête diffère aussi. Cette espèce semble nettement plus rare, en tout cas elle est très peu souvent observée.
En même temps !
Holcocranum saturejae est une espèce méditerranéenne, mais étonnamment elle est présente aussi en Hongrie et en Allemagne, ainsi qu’en Afrique du sud et aux Etats-Unis. Elle se nourrit des graines de saules tombées à terre, mais aussi de celles des massettes (Typha sp.) bien que ces plantes soient botaniquement très éloignées.
A quelques mètres, je trouve cet attendrissant juvénile qui pourrait bien être de la même espèce.
Pris d’un doute, je vérifie toutes mes photos de Chilacis typhae. Et je découvre parmi elles un Holcocraum saturejae, photographié en septembre 2021 au parc du peuple de l’herbe !
Cette espèce vient donc d’être nouvelle pour l’Ile-de-France, mais rétroactivement depuis 2021 !
Retrouvez une autre punaise des roselières :
Stenodema calcarata
Source :
Hémiptères Lygaeidae volume 1 de Jean Péricart – Faune de France 84A
vendredi 5 janvier 2024
Je récolte les derniers pieds de mouton de la saison en forêt de Rambouillet. En chemin, je glisse mon bac de battage au plus près d’une touffe de graminées au bord de la route forestière et je secoue. Bonne pioche ! Une araignée au look inédit pour moi m’observe du fond du bac. La répartition des couleurs sur le corps et sur les pattes permet de la déterminer facilement : c’est un mâle Cercidia prominens.
En vue plongeante, la mise au point sur les pédipalpes montre l’épine caractéristique de l’espèce.
Cercidia prominens est une araignée de petite taille (5mm). Elle est assez commune dans les landes, les lisières de forêts et les prairies calcaires. La femelle adulte passe l’hiver et le mâle peut être vu jusqu’en janvier. Cette espèce construit sa toile tout près du sol. Elle se laisse tomber à la moindre alerte, aussi est-elle difficile à observer.
Retrouvez une autre Araneidae bien colorée :
Singa nitidula
jeudi 4 janvier 2024
Au bord de la Seine, les aulnes sont à leur aise et fructifient abondamment. Je secoue trois branches pour voir si un habitant s’y cache. Mon bac est rempli des graines tombées des cônes de cet arbre ! Une petite punaise les bouscule et se signale à mon attention. Je la place sur une feuille tombée à terre pour la photographier. Elle a une allure bien à elle et on ne peut confondre cette espèce qui justement vit sur les aulnes et hiverne parmi les cônes.
Oxycarenus modestus est très présente en Europe de nord. Les mentions en Ile-de-France sont fort peu nombreuses, ce qui ne signifie pas qu’elle est rare.
Retrouvez un autre membre de la famille des Oxycarenidae :
Metopoplax ditomoides
Un autre Oxycarenus :
Oxycarenus pallens
Source :
Oxycarenus modestus, par British Bugs
mercredi 3 janvier 2024
Le début de l’année est propice aux bonnes résolutions, alors c’est décidé, en 2024 je vous montre des plantes. Voici donc le Cakilier (Cakile maritima). Spécialiste des hauts de plage, cette plante pionnière pousse aussi bien dans le sable que dans les galets, souvent comme ci-dessus parmi les laisses de mer. Inutile de vous préciser qu’elle supporte les sols salés et les embruns. Cette Brassicaceae a une saveur piquante comme la roquette ou la moutarde. Elle est comestible, plutôt comme condiment que comme légume. Son amertume n’en fait pas un mets de choix.
Aux fleurs mauves disposées en longues grappes lâches succèdent des fruits courts qui permettent de reconnaître aisément la plante.
Cakile maritima est une plante commune, on peut la trouver en France sur tout le littoral atlantique et méditerranéen.
Retrouvez une autre Brassicaceae :
La drave printannière
Source :
Cakile maritima, par DORIS
mardi 2 janvier 2024
J’ai nettoyé l’objet de la photo mystère. Cette pierre était presque complètement couverte de mousses. Au premier plan, sa face enterrée, plus rose, n’a pas été verdie par des algues. A l’évidence, c’est du gypse, cristallisé sous la forme d’une rose des sables.
La butte de l’Hautil toute proche est connue pour son sous-sol gypseux très instable. En effet ce minéral finit par se dissoudre dans les eaux d’infiltration. En raison des nombreux fontis et des risques d’effondrement, une partie de la forêt est même interdite aux promeneurs.
Cette rose des sables est-elle d’origine locale ? Le gypse du Bassin parisien se présente en bancs compacts, plus ou moins mêlés de marnes. On peut y trouver de beaux cristaux, en forme de fers de lance, mais ils n’ont pas du tout cet aspect. Bien qu’on puisse trouver des roses des sables dans certains gisements du sud de la France, je pense que cette pierre a été rapportée d’un désert par un touriste. Elle ressemble beaucoup aux concrétions que l’on peut trouver dans le Sahara, par exemple.
Mais alors, si c’est bien du gypse, pourquoi ne s’est-il pas dissous ainsi exposé aux intempéries ? Et si c’était de la barytine, dont les cristaux présentent un peu la même forme ? Pour les départager, il faut mesurer la densité. Je rassemble pour cela trois saladiers, deux casseroles, une balance de ménage et deux ingénieurs. J’obtiens fièrement le chiffre approximatif de 2.6. Sachant que le gypse a une densité de 2.3 et la barytine 4.5, la balance penche nettement vers le gypse. La pierre est donc arrivée récemment sur les lieux. Si elle pouvait parler, elle aurait sans doute une drôle d’histoire à raconter !
Retrouvez un reportage sur un site géologique du Bassin parisien :
En balade dans la Réserve Naturelle Régionale du site géologique de Limay
En savoir plus sur le gypse du Bassin parisien :
Le gypse de Cormeilles-en-Parisis, Fintan Corcoran – Musée du plâtre
lundi 1er janvier 2024
Fidèles lecteurs, je vous souhaite une très bonne année !
En cherchant des mousses au parc du peuple de l’herbe, j’ai trouvé un trésor ! Est-ce un heureux présage pour la nouvelle année ?
Le voyez-vous ? Je vous le montrerai demain.
dimanche 31 décembre 2023
Rien de tel qu’une fricassée de champignons des bois fraichement cueillis pour accompagner le chapon ! Nous voilà donc partis en expédition en forêt de Rambouillet. Sous les chênes et les pins en mélange, et parmi les fougères et les herbes fanées, nos trouvons de beaux spécimens de pieds-de-mouton et un bon panier de chanterelles. Je vous présente ici le pied-de-mouton, Hydnum repandum pour les mycologues.
Pour multiplier les surfaces fertiles sous un chapeau de champignon, la nature a inventé les lames pour les champignons à lamelles, et les pores pour les bolets. Les picots serrés sous le chapeau des Hydnum sont une troisième voie pour ce même objectif, produire un maximum de spores sur un espace réduit.
De retour à la maison, je rase mes pieds-de-mouton. Le fait de supprimer les picots avant la cuisson permet de ne pas les retrouver éparpillés dans la poêle. Les très gros spécimens sont parfois amers, c’est pourquoi je les ébouillante avec de les faire dorer. Cela ôte l’amertume sans altérer leur parfum fruité ni leur texture agréable.
Retrouvez un autre champignon comestible :
Le cèpe des pins
samedi 30 décembre 2023
Je passe mon filet dans une touffe d’orties pour montrer à des amis Eupteryx urticae, une jolie cicadelle que l’on trouve sur cette plante. C’est un tout autre insecte que je capture, un petit charançon de 3mm ! Son thorax est anguleux et ses fémurs portent une grosse dent. Il s’agit de Parethelcus pollinarius, un coléoptère Curculionidae inféodé aux orties. Ses larves minent la base des tiges de sa plante hôte.
Retrouvez un autre insecte des orties :
Le grand puceron de l’ortie
Source :
Parethelcus pollinarius, par UK Beetles
vendredi 29 décembre 2023
En battant la végétation au pied d’un tilleul, je récupère cette mouche endormie. Aussi épineuse, avec un large cuilleron blanc sous l’aile : je vais la chercher dans la famille des Tachinidae !
Le genre Voria est reconnaissable à la pilosité de la face : près de l’œil, à l’avant, un seul poil pointe vers le bas (si j’ai bien compris !). Après c’est facile : il n’existe qu’une espèce en France dans ce genre, c’est Voria ruralis. Les yeux non velus et la présence de fortes soies dressées sur le scutellum confirment la détermination.
Cette espèce banale produit plusieurs générations dans l’année et parasite des chenilles, le plus souvent celles d’une noctuelle très commune, Autographa gamma.
Retrouvez un autre Tachinidae :
Peleteria iavana
Sources :
Genre Voria, dans Tachinidae Resources
Manual of Neartic Diptera, dans Tachinidae Resources
Voria ruralis, dans Tachinid Recording Scheme
Mon sujet dans le forum insecte.org
jeudi 28 décembre 2023
La Seine en crue a inondé la roselière et lèche le grand ponton construit sur sa berge. La rambarde en bois devient une arche de Noé, j’y observe de nombreuses espèces d’araignées et d’insectes. Cette chrysomèle noire et jaune est un Phyllotreta et celui-ci avec ses pattes antérieures et médianes jaunes est identifiable, il s’agit de Phyllotreta ochripes.
Cette espèce vit sur les Brassicaceae des milieux humides, notamment sur les Rorripa. Elle est assez commune.
Retrouvez une autre Chrysomelidae des zones humides :
La casside verte
mercredi 27 décembre 2023
En allant ramasser un petit panier de chanterelles, je tombe sur cette mouche qui prend un bain de soleil sur le tronc d’un hêtre. Elle ressemble fort à la scatophage du fumier, Scathophaga stercoraria, cette belle blonde très commune que l’on voit en nombre sur les bouses et les crottins. Mais ce n’est pas cette espèce car les antennes ne sont pas noires.
Je me plonge dans les clés de déterminations pour mettre un nom sur ma découverte. Heureusement, j’ai sur mes photos de quoi vérifier l’arista plumeuse sur le troisième article de l’antenne et un certain nombre de détails de la nervation des ailes. J’arrive à Scathophaga suilla, une des dix espèces du genre présentes en France selon l’INPN. On ne connaît à peu près rien de sa biologie mais il est très probable qu’elle se comporte comme Scathophaga stercoria, l’adulte étant prédateur d’autres insectes et la larve coprophage.
Retrouvez une autre mouche étonnante trouvée en forêt :
Coenomyia ferruginea
Sources :
Diptères (Brachycères), de E. Séguy
Scathophagidae, Stuart Ball
Scathophaga suilla, dans British Scathophagidae
mardi 26 décembre 2023
Quels sont les articles publiés en 2023 qui ont eu le plus de visites ? Je vous propose de découvrir le palmarès et de retrouver les sujets correspondants en cliquant sur les liens :
Catégorie entomologie
Cette année, c’est un article de synthèse qui a remporté la palme : Les coccinelles à points blancs. Il permet d’identifier les différentes espèces de coccinelles à points blancs que l’on peut observer en Ile-de-France.
Catégorie bryologie
Brachythecium rutabulum est une bien jolie mousse déguisée en guirlande lumineuse de Noël !
Catégorie botanique
Clivia miniata fait mon bonheur chaque printemps depuis plus de 40 ans !
Catégorie reportage
Mon inventaire éclair 2023. Chaque année, un week-end de prospection entre naturalistes passionnés est organisé par l’ARB Ile-de-France. Ces Inventaires éclairs sont devenus incontournables !
Catégorie mycologie
Cordyceps gracilis, un champignon parasite de chenilles !
Quels nouveaux trésors me réserve l’année 2024 ?
Retrouvez la synthèse de l’an dernier :
Les succès de 2022
lundi 25 décembre 2023
Des araignées ont tissé ces guirlandes de Noël à perte de vue dans cette jachère et même au-dessus des labours. Il faut que je découvre quel est l’artiste. Alors je plonge mon filet dans la végétation.
Je remonte cette sympathique Lycosidae, une Pardosa reconnaissable à ses longues pattes épineuses. Les Pardosa ne tissent pas de toiles de chasse mais elles peuvent produire des fils de déplacement qu’elles utilisent en se laissant porter par le vent. Ici, ce sont des milliers de fils de déplacement qui brillent dans le soleil couchant.
Pour en avoir le cœur net, je choisis un de ces fils et je le suis. Surprise, il traverse le chemin ! A son extrémité fixée sur une herbe, je découvre une araignée de 1,5mm qui a établi là une toile de chasse rudimentaire et désordonnée. Il s’agit d’un membre du genre Tenuiphantes mais comme je ne la prélève pas, l’espèce restera indéterminée. J’apprends que les Lyniphiidae, dont font partie les Tenuiphantes, sont coutumières de telles concentrations. Je trouve fascinant qu’une œuvre aussi gigantesque soit le fait d’aussi petits animaux !
Le soleil va bientôt se coucher, il me faut poursuivre mon chemin. Chacun de mes pas brise sans doute une dizaine de ces fils.
Retrouvez une autre Linyphiidae :
Neriene peltata
dimanche 24 décembre 2023
Jolie comme une boule de Noël !
Derrière la porte effondrée d’une vieille grange nous découvrons cette magnifique araignée. Je reconnais Steatoda triangulosa au motif très particulier de son abdomen, en triangles emboités.
On peut rencontrer Steatoda triangulosa en Europe du sud dans des endroits chauds et secs, généralement cachée sous des pierres. Mais cette espèce a depuis fort longtemps investi nos maisons et dépendances. Synanthrope, elle est largement cosmopolite. C’est une espèce commune en France.
J’en ai un couple dans ma véranda. J’aperçois parfois ces araignées discrètes quand je déplace les citronniers en pot.
Retrouvez une autre Theridiidae :
Paidiscura pallens
Source :
L’identification des espèces d’araignées à toile irrégulière de la région PACA, par Françoise Drouard et Anne Bounias-Delacour
samedi 23 décembre 2023
Le chemin forestier qui descend vers la rivière est gorgé d’eau. Je passe un coup de filet rasant dans les touffes d’un jonc très court et je récupère cette toute petite punaise de 3mm.
Ce Cymidae est Cymus claviculus, on le reconnaît notamment à sa petite taille, à sa teinte claire et au dessin particulier de son scutellum. Il vit sur les joncs et les laîches, dont il pique les graines. On le trouve assez souvent sur le jonc des crapauds. Les adultes hivernent dans la litière ou sous une écorce décollée.
Retrouvez un autre Cymus :
Cymus melanocephalus
Sources :
Cymus claviculus, par British Bugs
Inventaire analytique des Lygéidés de la Manche, par Alain Livory
vendredi 22 décembre 2023
C’est le moment de vérifier l’étanchéité de mes bottes. Cette grosse touffe de rubaniers à moitié immergés recèle peut-être des trésors. Dans mon filet, je découvre ce petit Carabidae aux reflets d’or ! Les gros yeux écartés et le large miroir sur le dessus des élytres ne permettent aucun doute : c’est un Notiophilus.
Là, il est en train de s’évader de mon bocaloscope !
Ses élytres sont marqués de deux fossettes. Deux de chaque côté, cela fait les quatre points de Notiophilus quadripunctatus. La comparaison des largeurs des interstries confirme l’identification.
Cette espèce est souvent trouvée aux abords des marais, mais elle fréquente aussi d’autres milieux. Son régime alimentaire est constitué de petits insectes et de collemboles.
Retrouvez un autre Carabidae :
Badister bullatus
Source :
Coléoptères carabiques première partie, par R. Jeannel
jeudi 21 décembre 2023
Les Cicadellidae comptent 22 000 espèces dans le Monde, et plus de 5000 appartiennent à la sous-famille des Typhlocybinae. Ce sont des cicadelles fluettes et souvent joliment ornées. En France, cette sous-famille serait riche de 300 espèces environ.
Les Typhlocybinae se distinguent des autres sous-familles de cicadelles par la nervation alaire. Sur l’aile antérieure, les nervures transverses ne sont présentes que dans la partie apicale.
Elles sont souvent inféodées à un groupe de plantes ou même parfois à une seule espèce. Par exemple, Alebra albostriella est polyphage sur les arbres caduques, Eupterycyba jucunda n’est présente que sur les aulnes et Zygina rubrovittata vit uniquement sur les callunes.
Voici quelques espèces rencontrées en période hivernale, passant la mauvaise saison à l’abri dans des ronciers, des arbustes persistants ou des conifères. Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir et sur les liens ci-dessous pour retrouver leurs portraits :
Frutioidea bisignata, Lindbergina aurovittata, Zygina angusta
Zygina schneideri, Zygina eburnea, Zygina flammigera
Zygina lunaris, Zygina nivea, Zyginella pulchra
Voici la vidéo de ma présentation aux 15èmes Rencontres naturalistes d’Ile-de-France :
Sur la vidéo, c’est à 04:43:20 : https://www.arb-idf.fr/rencontres-naturalistes-dile-de-france-2023/
et mon diaporama :
Le petit monde des Typhlocybinae
mercredi 20 décembre 2023
Les pieds dans la vase, je bats quelques plantes de la berge d’un étang en forêt de Sainte-Apolline. Je recueille cet insecte ailé, sans doute un homoptère de la famille des Psyllidae. Pas facile les psylles ! A tout hasard, je prends une photo.
Il me faut de longues et patientes recherches pour repérer son sosie sur internet. Ce pourrait donc être Aphalara maculipennis. La clé anglaise citée dans les sources de cet article me permet de confirmer son identité.
Aphalara maculipennis est une espèce inconnue en France mais elle a été observée en Belgique et aux Pays-Bas. Ses larves vivent protégées dans des galles formées de paquets serrés de feuilles crispées au sommet de tiges de renouées. Bigre, il faudra que j’y retourne !
Retrouvez un autre psylle :
Le psylle du cytise
Sources :
HOMOPTERA PSYLLOIDEA By lan D. Hodkinson & lan M. White
Observation de Aphalara maculipennis dans Naturebasen
mardi 19 décembre 2023
Derrière la Maison des insectes dans le parc du peuple de l’herbe, une petite dépression parfois en eau est garnie d’une belle végétation de carex. Je passe mon filet dans le talus herbeux, pour voir. Je remonte un beau spécimen de Tettigometra virescens, déjà rencontré là il y a quelques années ainsi que cette punaise inconnue. Je la trouve chez les Rhyparochromidae, il s’agit de Acompus pallipes que l’on distingue des espèces voisines par son scutellum entièrement mat. Les fémurs en grande partie noirs sont la signature de la forme orientalis.
Cette espèce peu commune vit dans des milieux secs, pierreux ou sableux. Elle se nourrirait sur des Valerianella, comme la mâche cultivée.
Retrouvez un autre Rhyparochromidae :
Hyalochilus ovatulus
Sources :
Hémiptères Lygaeidae – Jean Péricart, volume 2
Hétéroptères nouveaux ou remarquables pour la faune de Belgique
par J.-Y. BAUGNEE, M. DETHIER, J. CONSTANT, J. BRUERS, ·G. VISKENS & H. BRUGE (2000)
lundi 18 décembre 2023
Les élytres ne cachent que les premiers segments de l’abdomen de ce coléoptère : c’est un staphylin. La famille des Staphylinidae compte en France au moins 2000 espèces, cela fait beaucoup de chances de se tromper lorsqu’on tente une détermination ! Mais celui-ci avec ses couleurs vives me facilite la tache et j’arrive jusqu’au genre Paederus. Deux espèces communes me paraissent possibles : Paederus riparius et Paederus littoralis. Celui-ci pourrait être Paederus littoralis en raison de son thorax court et arrondi.
Et cet autre, observé au bord de la Seine, avec son thorax plus allongé, pourrait être Paederus riparius. Mais il me faudrait voir la couleur des mandibules…
Les adultes comme les larves des Paederus se nourrissent de petites proies qu’ils chassent dans la végétation.
Plusieurs espèces de Paederus tropicaux sont très toxiques et provoquent de graves inflammations de la peau en cas de contact. Dans le doute, je m’abstiens de manipuler les Paederus indigènes.
Retrouvez un autre staphylin :
Tachynus subterraneus